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​La maison CRC brûle et Azali regarde ailleurs

Le parti présidentiel brûle et le chef de l’Etat regarde ailleurs. Ainsi pourrait-on caricaturer la crise que traverse aujourd’hui la CRC et qui risque de s’aggraver encore les mois à venir. L’on s’étonne que le président Azali n’ait rien fait jusqu’ici pour calmer le jeu. A croire que cette situation l’arrange.
Compte-t-il sur ces convulsions internes pour jauger la fidélité de ses troupes et procéder ensuite à un «nettoyage» de sa formation politique ? L’avenir nous le dira. En tout cas, le parti présidentiel aurait pu se passer de ces querelles intestines qui surviennent paradoxalement à la veille d’un moment politique majeur, à savoir le bilan des 42 ans de l’indépendance nationale. Alors que la CRC a plus que jamais que besoin d’unité et de cohésion pour aborder ces échéances cruciales en rangs serrés, la voilà en miettes et incapable de parler d’une seule voix. Il y a fort à parier qu’elle se fissurera encore davantage, voire disparaître complètement si le président hésite encore à sonner la fin de la récréation.
Cette grave crise qui mine la CRC a commencé dans le Bambao, qui compte la coordination régionale la plus importante du parti. Pour prendre le leadership politique de cette région, le ministre des Finances, Said Ali Cheyhane, semble être prêt à tout ou presque. C’est ainsi qu’il a opéré un «putsch» contre le bureau de la coordination en y installant de nouveaux responsables malléables à souhait et acquis à sa cause. Sous le prétexte que le mandat de ce bureau a expiré, il a, en effet, convoqué une réunion d’urgence à Moindzaza Djoumbé, sans en informer au préalable toutes les cellules locales, puis orchestré l’élection d’un nouveau bureau.

Les cadres qui ont eu le culot de dénoncer ce passage en force sont accusés de «rébellion» et de nourrir on ne sait quelle haine contre «l’enfant de M’vouni».
Le meeting organisé à M’dé en juillet dernier et qui avait réuni le gratin de la classe politique nationale entrait dans le cadre de ce plan d’adoubement de Said Ali Cheyhane comme «patron» incontesté de la région. Un meeting dont lui-même avait du mal à justifier l’intérêt devant les responsables de la CRC.

Il faut dire que dans sa quête forcenée du leadership régional de Bambao, le ministre des Finances bénéficie d’un soutien sans faille, celui de Mohamed Issimaila. Un soutien d’autant plus surprenant qu’Issimaila dispose d’assez d’arguments et peut faire valoir un parcours politique plus étoffé que Cheyhane pour s’imposer comme le leader naturel de cette région. Pour certains, il s’agirait d’un calcul politique de haute voltige. Le conseiller diplomatique du chef de l’Etat, convaincu de la force de frappe actuelle de la CRC dans le Bambao, est entrain de souffler sur les braises pour affaiblir le parti présidentiel et pouvoir ensuite se positionner le moment venu.
Il faut dire que vengeur, Mohamed Issiamila n’a jamais pardonné à Azali d’avoir, lors des législatives de 2004, provoqué sa défaite. En effet, la CRC avait alors apporté un soutien clair et net à son concurrent Said Ali Kémal. Serait-il entrain de prendre sa revanche sur un parti qui ne l’a jamais porté dans son cœur ? On est en droit de se poser la question. Dans son projet de sabotage de la CRC, Issimaila peut, en tout cas, compter sur le Directeur administratif et financier (Daf) du ministère des Finances, un ancien Front démocratique (Fd) qui lui sert, selon certains, de taupe.
La récente sortie médiatique du turbulent député de Hambou, Ali Mhadji, contre les instances de la CRC n’est que la suite logique de cette pagaille qui secoue la CRC et dont le chef de l’Etat semble manifestement se soucier comme de l’an quarante.

Certes, il est ultra-minoritaire au sein du parti, certes aussi, la coordination de Hambou l’a désavoué dans un récent communiqué publié à Moroni, il n’en reste pas moins que Mhadji peut réussir à fédérer autour de lui les cadres de la CRC laissés pour compte et qui se plaignent à longueur de journée d’être «oubliés» par Beit-salam. Idi Boina, débarqué comme un malpropre de son poste de secrétaire général du ministère des Finances, ne s’est pas ainsi fait prier pour le rejoindre dans cette croisade contre les barons de la formation.
Ce n’est un secret pour personne : à la CRC, tout part à vau-l’eau. Les cadres se détestent cordialement. On a donc vu le ministre des Finances orchestrer, au cours du meeting de M’dé cité en haut, une scène d’humiliation contre ses ennemis intérieurs. Le vice-président de l’assemblée nationale, Maoulana Charif, le directeur de l’Onicor, Mzé Ali  Azhar Ahmed, le gouverneur de la BCC, Younoussa Ben Imani, le secrétaire général de la vice-présidence chargée des Transports, Salim Dahalani, et la conseillère du chef de l’Etat, Maissara Ahamada, ont ainsi été interdits de tribune. Rien que ça. Les affidés de Cheyhane se sont empressés d’exécuter la consigne de leur patron à la lettre et sans hésitation. L’on se demande comment Azali peut-il laisser la CRC/Bambao s’enliser dans cette guerre des égos sans rien faire.
Aujourd’hui, les centres de gravité du pouvoir sont éclatés : entre le puissant SGG, Hamadi Idaroussi, qui compte dans ses rangs Maoulana Charif, et l’argentier du gouvernement, Said Ali Cheyhane, qui a, lui, le soutien de Mohamed Chatur, les cadres et militants de la CRC doivent prendre position. Le pouvoir n’a jamais paru aussi délité. Derrière cette guerre de tranchées, se joue la succession d’Azali. Une succession qui, quoi qu’on en dise, est bel et bien ouverte et qui risque d’être violente, voire sanglante.  L’erreur du chef de l’Etat est de croire qu’il peut tenir indéfiniment sur cette ligne d’indifférence sans aucune conséquence politique.
Nakidine Hassane

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3 commentaires sur ​La maison CRC brûle et Azali regarde ailleurs

  1. Une chose est certaine voir meme sûre , ce n’est pas le parti soit disant politique crc qui a pris le pouvoir aux Comores , Azali á du tromper ces pauvres gens pour enfin s’acquérir du pouvoir , et le rendre à sa famille et ses amis .
    Aucun poste stratégique où juteux est éloigné d’un proche d’ Azali . C’est scandaleux! C’est un combat pour que les miettes , les restes soient ramassées par eux même.

  2. ce sont tous des enfoirés ces politiques,ils ne servent à rien .La population comorienne souffre et ils ont aucun souci que de piller les caisses de l’Etat et en mettent dans leurs poches.Regarder les,des gros ventres et grosses voitures mais ils vont finir par manger leur caca au nom d’ALLAH.CRC ou autres partis politiques tous pourris.Aujourd’hui le népotisme est de retour,le clientélisme.Qu’ils s’entretuent entre eux ces connards et que des gens nouveaux puissent prendre le volant du pays.

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