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​Ce qu’on ne dit pas: Pourquoi Mayotte est en pleine ébullition politique et sociale ?

Signée le 12 septembre dernier, au quai d’Orsay, par les ministres affaires étrangères comoriens et français, la feuille de route France-Comores a mis le feu aux étoupes. Les comoriens et les comoriennes de Mayotte se mettent « subitement » à se dévorer comme des loups affamés tout en ignorant qu’on leur joue l’arlésienne.  Cette feuille de route et le fameux Haut Conseil Paritaire ne sont que des rituels qui précèdent chaque AG de l’ONU pour éviter tout quiproquo entre deux pays censés rester amis. On change tout simplement l’intitulé pour des intérêts d’Etats non avoués. Les raisons seraient ailleurs mais, d’une droiture incontournable.
La situation géopolitique des iles du sud-ouest de l’océan indien entre dans une phase qui échappe à la logique de paternalisme qui prévalait dans les années 1970. A cette époque, la France régnait en maitre absolu de la sous-région, ce qui n’est plus le cas dans un contexte de mondialisation sans complaisance. Les rapports de force basés sur les concepts de souveraineté et d’Etats dans les regroupements régionaux et internationaux impliquent, forcement, des visions et des stratégies d’équilibres diplomatiques, d’intégrations économiques et d’autres formes d’influences politiques qui passent outre la fidélité à une quelconque causalité historique. Ce ne sont donc pas les déclarations d’amour intempestifs et à outrance qui peuvent influer sur la politique française, ce sont les intérêts et le repositionnement qui vont peser sur la prise des décisions. 

Les temps ont changé. Ces temps où les politiques de Mayotte pouvaient compter sur la littéralité pour s’attirer les quotités de la fierté coloniale. Des nouvelles générations politiques veulent faire de la France une puissance moderne et respectueuse, ce qui engage une certaine manifestation de conscience sur les enjeux des relations internationales irrépréhensibles.  Les édits de haine, de violence et de fausse victimisation par les élus mahorais contribuent pour beaucoup à la désocialisation de cette ile comorienne occupée à qui la politique française rend la vulgarité et l’indignité. Sentant venir le vent, voilà que reviennent les méthodes de soulèvement populaire des années 70 où insulter, lapider, agresser, fustiger et chasser « du » comorien était un acte militant, de bravoure et d’héroïsme. Cette panique à bord d’une ile que la presse française du moment parle de prise en tenaille entre la loi française et le droit international traduit, évidemment, les inquiétudes d’une population désabusée. 

La feuille de route est, en réalité, un prétexte d’appréhension dans le sens où elle ne vise pas à apporter des solutions à la circulation des biens et des personnes dans l’archipel des Comores. Il n’en était pas question de supprimer le visa Balladur comme il se devait, il deviendrait gratuit. C’est comme si le problème était de payer alors qu’il s’agissait de le supprimer. On oublie que l’avoir gratuit, c’est faire sa promotion, autant demander aux passeurs de baisser les frais de transport des kwasa-kwasa pendant qu’on y est. 

Se rendant compte qu’on ne peut pas empêcher les comoriens de circuler entre leurs iles, même au prix de sang, la France voudrait alors contrôler les mouvements d’où le terme « maitriser l’immigration » que le gouvernement comorien devrait, en toute logique, rejeter résolument. Le renforcement d’un consulat à Anjouan, c’est pour contrôler la frontière, une autre mesure que le ministre comorien des affaires étrangère devrait réfuter avec conviction. Eu égard au droit international, il n’y a point de frontière commune entre Anjouan et Mayotte. Cette feuille de route n’est donc qu’une forme nouvelle de capitulation comme le président Azali a la fâcheuse habitude de le faire. La population de Mayotte n’avait donc pas de raisons objectives de s’opposer à ce machin de feuille, dans le sens où cela va de la position de la France. 

Il y a, cependant, dans la réaction des élus mahorais quelque chose d’important à prendre en compte dans l’évolution du conflit entre la France et les Comores. C’est l’implication des représentants de l’ile occupée dans les négociations devenues incontournables. Il ne faudrait pas, non plus, perdre de vue qu’il s’agit des négociations entre Etats mais, que cela n’empêche pas la participation des acteurs directement concernés, ce qui est d’ailleurs tout à fait souhaitable. A ce titre, les règles des pourparlers permettent que la délégation française compte, dans sa composition, des mahorais séparatistes comme la délégation comorienne peut se composer, en toute souveraineté, avec des mahorais unionistes. 

Les élus de Mayotte ont compris que rien n’est définitif dans les solutions imposées par la France dans le règlement du conflit qui l’oppose à l’Union des Comores.  On ne peut que saluer cette prise de conscience de haute importance. Mais, le fait de rééditer l’explosion de la haine est une manipulation à la fois absurde, irresponsable et porteuse de violence aveugle.  Tout indique que la France et les Comores finiront par construire une dynamique commune autour des intérêts réciproques y compris la question mahoraise. Il reste à reconnaitre à Mayotte une attention toute particulière en faisant d’elle une actrice à part entière. Mais, ce droit de participer à la décision revient également aux citoyens dont les intérêts réels résident dans la capacité à construire des échanges à la fois économiques, culturels, sportifs et sociaux, ce qui peut, aussi, relever des initiatives citoyennes.

Dini Nassur 

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2 commentaires sur ​Ce qu’on ne dit pas: Pourquoi Mayotte est en pleine ébullition politique et sociale ?

  1. Moralement la France aura du mal à céder l’île de Mayotte aux autorités comoriennes.
    La France n’a aucun intérêt économique pour maintenir cette île dans le giron de la République. Cependant, d’une façon éthique et une reconnaissance affichée, le pays des droits de l’homme décidé de garder l’île de Mayotte pour satisfaire sa population. En effet, la France avait récupéré cette vieille île de l’Archipel
    des Comores pour deux raisons majeures :

    D’abord, il fut Un moment où le canal de mozambique était la route principale du commerce. Plusieurs bateaux y traversaient. Pour assurer la sécurité de tous les bateaux, la France avait besoin d’un endroit sûr pour contrôler le trafic maritime. Mayotte fut le lieu le plus adapté.

    Ensuite, une partie des esclaves se trouvait à Mayotte pour travailler dans les champs à Cannes sucre. Cette île avait permis à la France d’engorgement beaucoup d’argent. Mais, deux événements ont mis la France dans une situation compliquée.
    Premier événement, il s’agit de l’ouverture du canal de Suez. Celui ci, à réduit sensiblement le trafic maritime. Le canal de mozambique est donc, quasiment fermé.
    Deuxième, la culture des cannes à sucre se déplaçait vers l’île de la réunion. C’est ainsi que la France n’a pas besoin comme avant l’archipel des Comores notamment Mayotte. Aujourd’hui la République garde cette île pour la forme et éviter de les humiliés en les cédant aux autorités comoriennes.

    Bref, bien que l’île se trouve toujours dans le giron France, mais ce pays aurait voulu céder l’île aux autorités comoriennes.

    • Tu brilles par ta débilité. Le comorien ment tout le temps, m’ont des scénarios imaginaires et se crois intelligent et crédible! Lol vous ne bernerez que les autres comoriens et pas les Mahorais. Ici on vous prends pareil que des petits oiseaux sans cervelles.

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