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​De Beit Salama à Beit Mashaka, le sens d’un changement fortuit          

Osons le dire, notre cher pays est sur une tangente dangereusement glissante. De l’homme qu’on croyait être expérimenté pour édifier une gouvernance normale, on se rend compte, de jour en jour, qu’on a affaire avec un revanchard invétéré, à un apprenti dictateur insatiable et pire, nous avons un président prématurément sénile, voué aux forces de l’obscurantisme anachronique et au bon vouloir de l’aventurisme mal digéré.

Rien de ce qu’il promet pour l’intérêt du pays n’est en vue si ce ne sont les vieux groupes électrogènes servant de poudre aux yeux des masses. Le Chef de l’Etat s’investit dans une démarche de repli de l’histoire qui le situe, iniquement, dans le cirque des vieux manitous qui ont fait de leurs pays des havres de doléances, de trafic du progrès et de desseins burlesques.  Il a choisi la facilité de gouverner par la lame de la dictature, par le hâble du populisme et par l’orgueil de faire à sa tête.

Non content de reconduire sa politique de l’immergent de ses premières années de bouillabaisse, le chef de la CRC réussit, avec le concours de ses laudateurs, à instaurer une dynamique de tourné-pelouse et il en fait une gloire. Mettre des milliers des jeunes au chômage parce qu’ils n’ont pas voté pour lui. Placer tous les siens dans les postes clefs du pays, parce que c’est son pouvoir. Fermer des radios et enfermer des journalistes, parce qu’ils ne sont pas à sa dévotion. Détruire des mosquées, parce la prière qu’on y fait n’est pas à son contrôle. Réprimer et emprisonner des croyants, parce qu’ils n’ont pas respecté son appel de muezzin. Mettre à mort la Cour Constitutionnelle, parce qu’elle a annulé un décret anticonstitutionnel. Dissoudre la commission anticorruption, parce qu’elle risque de l’accuser. Remettre un repris de justice à la tête de la CENI, parce qu’il a besoin de lui pour de basses besognes à venir. Écraser les gouverneurs, parce qu’ils ne sont pas à ses ordres. Hypothéquer notre diplomatie, pour faire allégeance à une puissance étrangère en mal d’hégémonie. Abaisser notre armée à une milice de mœurs, parce qu’il veut en faire sa chasse gardée. Humilier notre Justice républicaine en la réduisant à un peloton d’inquisition. Jouer avec l’unité nationale, parce qu’il veut réitérer son propre fonds de commerce.

C’est ainsi que notre Beit Salama est devenue, en peu de temps, son Beit Mashaka no ridje riwone, et toujours dans son orgueil extraordinaire.  À ce déferlement de folies, celui qui s’est autoproclamé Imam nous conduit tout droit au mur, à moins que ce sursaut national attendu lui rappelle, à temps, qu’il n’a pas été réélu pour instaurer une république bananière à basse couture.

Dini Nassur

 

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