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​L’attitude déshonorante de Me Fahami doit interpeller toute notre classe politique

Les propos de Me Fahami devant un organe de presse étranger ont choqué tous ceux qui ont encore une once d’amour et de fierté du pays. Il avait d’abord déclaré avoir démissionné pour soutenir le Qatar. Aujourd’hui, il déclare : « les ministres Juwa ont été démissionnés pour leur soutien à la cause du Qatar et leur opposition à la décision injustifiée du Président Azali de rompre les relations avec ce pays ». On voit que Fahami continue à s’empêtrer dans des arguties pour se justifier. De mon avis, le mal est fait. Et ni lui ni le pays n’en sort honoré !
Rappelons tout simplement qu’une telle posture ne fait que tristement relever un des problèmes qui empêchent le progrès de l’administration comorienne. Nos politiques souffrent, en effet, d’un manque de culture politique et administrative. Ils exercent le pouvoir dans l’amateurisme, souvent avec opportunisme, donc sans cap ni conviction. Ils n’ont toujours pas compris que l’exercice du pouvoir cherche à servir le peuple, à améliorer les conditions d’existence des populations et à défendre l’image et la souveraineté du pays à l’intérieur comme à l’extérieur.

Ceci suppose une certaine éthique de conduite, qu’on soit dans l’exercice ou dans l’opposition.  Cette conduite renvoi à l’exigence d’honnêteté, de vérité, de solidarité et de loyauté vis-à-vis de son pays. Dans l’exercice du pouvoir, le principe de solidarité gouvernementale s’impose aux membres de l’exécutif. Une phrase culte illustre bien cette règle, qui a été prononcée par l’ancien Ministre français de l’intérieur Mr Chevènement : « un Ministre ça démissionne ou ça ferme la gueule ». Alors Ministre, Fahami était sensé exécuter la politique du gouvernement auquel il appartenait ou présenter sa démission. Ce qui aurait été à son honneur et constitué une leçon de moralité.

Or, il s’est accroché à son poste, ce qui suppose qu’il approuvait la décision du chef de l’Etat de rompre avec le Qatar, à moins que les appétits enivrant du pouvoir l’empêchaient d’être lucide. En démocratie, la critique constructive et la contradiction dans le débat sont des vertus. C’est à dire, le choix de ne pas approuver la politique qui est conduite et la possibilité d’émettre des propositions en vue de rendre cette politique meilleure. C’est un acquis démocratique que rien ne peut remettre en cause. C’est une chose donc.

Mais c’en est une autre que de respecter les principes de loyauté et de patriotisme à l’égard de son pays, qu’on soit en dehors de l’exercice du pouvoir ou dans l’opposition.  Un ancien Premier Ministre disait dans une déclaration devant les journalistes lors d’un déplacement à l’étranger : « on ne critique pas son pays à l’étranger qu’on soit dans l’exercice du pouvoir ou non.. ». Il est clair qu’en procédant ainsi, Fahami paraît ne rien incarner en matière de sens de l’Etat ni de loyauté envers son pays. Pis, ses déclarations sonnent comme quelqu’un qui est amer d’avoir été écarté du miel du pouvoir. A travers ce triste scénario face au monde entier,  nous sommes amenés à comprendre que Fahami n’agit que pour ses propres intérêts, donc par pur opportunisme. 

Mais, serait- il le seul dans ce cas parmi nos hommes politiques ? En réalité, c’est toute notre classe politique, majorité gouvernementale comme opposition, qui est interpellée.  Celle-ci doit finir par comprendre que l’amour de la patrie, la défense de l’intérêt suprême de la Nation, le sens de l’Etat et la probité devant les deniers publics sont des principes de base qui doivent caractériser ce que nous appelons « un Homme d’Etat » exerçant dans un Etat de droit. Espérons que l’émergence « promise » fera émerger de nouveaux politiques qui auront la qualité d’Hommes d’Etat, qui entreront par la grande porte dans l’histoire en faisant entrer leur pays dans l’Histoire.
MAT

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