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​Mohamed Said Fazul, le Gouverneur néant

Opinion libre:

Arrivé au pouvoir la première fois en 2000 par usurpation puis une deuxième fois en 2002 par brigandage; Mohamed Said Fazul a fêté le 23 mai 2017 le premier anniversaire depuis qu’il est redevenu Gouverneur de l’île Mohéli, cette fois ci par imposture, le 23 mai 2016. Un anniversaire célébré dans un quasi deuil à Bonovo, siège des institutions insulaires, où règne désordre et débandade; et dans une indifférence totale par une population mohélienne lassée par l’oisiveté et l’insignifiance de son gouverneur et ses acolytes.

Surnommé «Tsi baliliwa ppiya (on me bloque de toute part)» parce que c’est le seul argument qu’il avance depuis des années pour justifier son inaction. Un argument consistant à faire porter la responsabilité de ses échecs à l’exécutif national qui, selon lui, ne lui donnerait pas les moyens pour réaliser son programme, Mohamed Said Fazul croit encore que nous sommes au temps de la République Fédérale Islamique des Comores, à l’époque où Azali, Boléro et Bianrifi, pour des raisons politiques et politiciennes, lui ouvraient les vannes. 
Il s’imagine encore et toujours Président de l’île autonome de Mwali parce que son entendement ne lui permet de comprendre que la Constitution du 23 décembre 2001 a été révisée en 2009 et que les coups de pouce budgétaires et autres compétences jadis attribuées aux Présidents des îles leur ont été retirées depuis. Il est incapable de comprendre que dans autonomie il y a autosuffisance, ce qui signifie qu’en sa qualité de chef d’un pouvoir insulaire et autonome c’est à lui que revient la charge d’élaborer le budget de son île. Il ne peut pas comprendre non plus que dans toute élaboration de budget il y a deux principales colonnes: recettes et dépenses. À Mohéli, Fazul ne veut que dépenser, il n’a étudié aucun moyen de faire rentrer de l’argent pour les comptes publiques.
Face à cette réalité, et en l’absence de toute vision pour l’île, de tout projet, notre Gouverneur, qui s’est toujours pris pour dribbleur politique, « tel un Maradona au football » disait, en marge de la pré campagne de 2016, un de ses adversaires, se trouve cette fois-ci coincé, sans nulle issue pour s’engouffrer, il ne lui reste qu’à gesticuler .
C’est ainsi que le 23 mai 2016, Fazul réunit son cercle de fidèles (le peu qu’il lui reste) et les prétendants (il en manque jamais) pour exposer ses prétendues réalisations durant cette première année de mandat. C’est un bilan creux parce qu’à Mwali personne n’est dupe pour comprendre que rien n’est fait et ne sera fait avec «démi-sel» (sobriquet affectif que lui attribue Said Hamada, son ami d’enfance, dans un article paru 2010 sur le site internet www.moheli2010.com) à la tête de l’exécutif insulaire. 
Durant la campagne des gubernatoriales Fazul avait promis monts et merveilles mais n’a tenu aucune de ses promesses. On n’oublie pas par exemple que le 10 avril 2016 il avait juré de redonner, dès le lendemain de son élection, «les champs Legrand» aux habitants de Wanani. Il ignorait ainsi c’est que le droit. Promesse non tenue.
En 2016 Fazul avait reçu le soutien de la diaspora mohélienne de Mayotte dans quasi unanimité (des cadres aux ouvriers en passant par les clandestins). Celle-ci était venue avec de gros moyens, notamment financiers (près de 40 000 000 de nos francs, environ 80 000 €) et un projet bien ficelé basé sur la coopération décentralisée et qui aurait permi aux Mohéliens de disposer de débouchés importants en matière économique, sociale, sanitaire et culturelle. Mais de cet ambitieux projet, Mohamed Said Fazul n’en fait qu’une bouchée à cause de ses carences intellectuelles et ses tactiques politique de basse court. 
La cause principale de ce divorce (à cet effet une délégation de cette diaspora viendra à Mwali dès le 23 juin) étant son entêtement à vouloir maintenir sa «grosse tête» pensante Attoumane Assane Maoulana (son conseilller spécial chargé de la diaspora et de la coopération décentralisée) comme seul interlocuteur tout en sachant que ce dernier est persona non grata en territoire français à cause de ses nombreux trafics et autres magouilles en tous genres. 
C’est d’ailleurs ce même Maoulana qui, au non du gouvernorat de Mwali, et moyennant des rétributions financières importantes, monte à longueur de semaines des dossiers de demandes de visas pour des délégations constitués de grand-comoriens désirant s’installer en France. Du fait de ces magouilles à répetition, l’image de Mwali auprès des autorités consulaires françaises est ternie à jamais. Même le Gouverneur lui-même a du mal à obtenir un visa pour la France. Pourtant, il aurait bien aimé, à l’instar de ses collègues d’Anjouan et de Ngazidja, aller lui aussi se pavaner à Paris. Mais voilà qu’à trop vouloir jouer le malin à plus intelligent que soi, on finit par se griller soi même.
Comme vous le voyez, Mohéli est «mal barrée» pour les quatre prochaines années encore et est malheureusement obligée de se contenter des seules petites portions de routes en béton et encore inachevées (marché de Fomboni et aérogare de Bandar Essalam). Des travaux réalisés grâce au bénévolat des femmes mohéliennes et aux dons octroyés par les commerçants, certes avec l’accompagnement de la première épouse, que Fazul s’octroie comme maigre bilan d’assainissement.
Sur le plan politique, le seul collaborateur compétent du Gouverneur, en la personne de Docteur Abdou Djabir (Commissaire chargé notamment des finances) vient de jeter l’éponge. Le motif: l’incompétence criante de son chef. Mais le pire est à venir puisque bientôt un nouveau gouvernement sera nommé au niveau de l’Union et puisqu’aucun transfuge de Fazul n’en fera parti, les affaires vont davantage se compliquer à Bonovo et bientôt virer aux règlements de compte. En effet, Mohamed Said Fazul doit prochainement, en vertu de l’article 37 de la Constitution de l’Union, nommer un conseiller à la Cour Constitutionnelle en remplacement de Monsieur Ahamada Malida; mais les prétendants étant tellement nombreux (Said Dhoifir Bounou, Bianrifi Tarmidhi, Salim Djabir, Charif Abdallah Ben Mohadji, Abdou Moustakim, Mohibaca Baco, etc.), il ne peut qu’y avoir de mécontents et par conséquent du désordre dans le désordre. Il paraîtrait que même Maoulana Attoumane Assane (kadji nuhu uri chiréwo mwambapvi, ndlr) en fait parti.
Comme si cela ne suffisait pas voilà qu’un gros scandale vient d’être mis au jour. Fazul serait pris en flagrant délit de fraude d’électricité (comme on dit à la mohélienne). En effet, le 11 mai dernier des agents de la Ma-mwé, mandatés par la nouvelle direction régionale, auraient découvert un compteur installé en fraude au second domicile du Gouverneur à Boingoma. Celui-ci aurait été installé à la demande de son excellence par l’ancien directeur Hamada Madi dit Rico. Ce compteur affichait au moment de son démantèlement une consommation de l’ordre de plus 1 900 000 fc. Mais l’affaire fut vite étouffée par les autorités de l’Union qui voulaient éviter à Fazul une humiliation; d’où les appels, ces derniers jours, du clan Fazul, à un soutien à l’exécutif de l’Union.

En somme, en élisant Mohamed Said Fazul à sa tête, Mohéli a raté le coche et va certainement mettre énormément du temps à se révéler. Sans méchanceté aucune Fazul n’a jamais mérité de gouverner cette île de l’excellence. Il est peut-être proche des gens mais cela ne suffit pas à faire lui un bon politicien. Le bon politicien étant celui qui, non seulement est proche du peuple, le comprend, mais cest également celui qui est apte à trouver des solution pour le bien-être de ce peuple. Or Fazul a déjà beaucoup de mal à trouver des solutions pour lui-même. 
L’opposant de Bonovo

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