Cent dix neuf journalistes tués dans l’exercice de leur profession depuis le début de l’année. C’est le bilan le plus lourd établi par l’Institut international de la presse (IPI) depuis qu’il a commencé ce recensement, en 1997. Rendu public mercredi soir 21 novembre, ce chiffre dépasse le précédent record, atteint en 2009 (avec 110 tués).
Pour expliquer ce lourd bilan, l’Institut pointe le conflit en Syrie, qui a fait 36 morts parmi les journalistes. Certains sont morts sous le feu des bombes, comme l’Américaine Marie Colvin et les Français Remy Ochlik et Gilles Jacquier. D’autres sont décédés des suites de tortures, comme le Syrien Hisham Moussalli, rédacteur pour la Syrian General Organisation of Radio and TV, tué après deux mois de détention dans les geôles du régime ; la date officielle de son décès a été déterminée au 15 octobre par l’association des journalistes syriens. Le cameraman progouvernemental Hatem Abu Yehya a lui été tué le 10 août alors que des rebelles tentaient de l’enlever.
La Somalie vient en deuxième position sur la liste des pays les plus dangereux de la planète pour les journalistes : 16 d’entre eux ont péri dans des attaques ciblées et la justice ne poursuit pas les auteurs de ces crimes. L’IPI explique que « perpétuer cette culture de l’impunité encourage de nouvelles attaques ».
« UNE CYNIQUE VAGUE D’IMPUNITÉ »
En Amérique, le pays le plus dangereux est, selon l’IPI, le Mexique (7 tués). La guerre des gangs qui fait rage dans les milieux de la drogue n’épargne pas ceux qui mettent le nez dans les affaires des narco-trafiquants. Adrián Silva Moreno a par exemple été tué par balles le 16 novembre alors qu’il était en reportage pour le journal Puntual. Il avait découvert un entrepôt rempli d’essence volée. C’est le 55e journaliste tué dans ce pays depuis 2006, année où le gouvernement a déclaré la guerre aux cartels.
Suivent le Pakistan, les Philippines et le Nigeria, avec 5 morts dans chacun de ses pays, devant l’Érythrée (4 tués, dont trois qui croupissaient en prison depuis plus de dix ans).
« Le meurtre de journalistes est la forme la plus ultime, inhumaine et effrayante de censure », s’alarme le sous-directeur de l’IPI, Anthony Mills. Et d’ajouter : « Si nous n’arrivons pas à renverser cette cynique vague d’impunité, ces meurtres continueront. »
Le 23 novembre commémore le massacre d’Ampatuan aux Philippines, où 32 journalistes avaient été tués par le fils d’un gouverneur local et ses partisans en 2009. Cette date a été choisie comme étant le jour international pour mettre fin à l’impunité. L’immunité dont jouissent certain meurtriers est, selon l’IPI, » le cœur du problème dans les efforts pour mettre fin aux attaques contre les journalistes . »
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