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Ainsi va la justice aux Comores !

Le samedi 2 février 2019 est un jour sombre pour la lutte contre la corruption aux Comores. C’est un jour de deuil pour les rares Comoriens qui érigent l’intégrité en vertu cardinale pour tout être humain et à plus forte raison pour tout responsable politique. Ces idéalistes ont du raser les murs lorsque des centaines de personnes ont envahi le palais de justice de Moroni, prêtes à en découdre avec les forces de l’ordre en cas de mise en détention de Mohamed Ali Soilihi. Le spectacle affligeant offert au monde aujourd’hui par l’ancien Vice-Président chargé de l’Economie et des Finances et ses partisans confirme qu’aux Comores un homme suspecté de vol de chèvre a plus de « chance » de se retrouver en prison qu’un ministre accusé de détournements de plusieurs dizaines de millions de francs.

L’indigent suspecté de vol de chèvre affronte SEUL la rigueur de la justice. L’ancien ministre accusé de détournements de plusieurs dizaines de millions de francs peut compter sur la solidarité des habitants de son village, de sa région voire sur la mobilisation des militants et sympathisants de son parti. Curieuse conception de l’égalité devant la loi ! Les avocats de Mohamed Ali Soilihi pourront toujours fanfaronner mais les vrais héros de ce samedi 2 février ce sont ces centaines de militants et sympathisants surexcités de l’UPDC. Le « Mzé » sait que c’est grâce à eux qu’il n’a pas passé sa première nuit à Dawedjou. Le « Mzé » n’a rien innové dans ce système de défense bien comorien construit autour de ce postulat populiste : « un homme qui a le soutien du « peuple » ne peut qu’être naturellement innocent ». Mouigni Baraka Saïd Soilih, douanier de son état, était poursuivi pour détournements de deniers publics. Ces poursuites judiciaires menaçaient sa candidature pour le poste de Gouverneur. Son collègue douanier, l’actuel ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoud, envahit le palais de justice de Moroni à la tête de ses troupes Orange. Le dossier fut classé et Mouigni Baraka put concourir pour Mrodjou. Les juges ont du mobiliser des trésors d’imagination pour gagner le jeu de cache-cache contre les militants de Juwa et enfermer Sambi, accusé de détournement de centaines de millions de francs, à Voidjou sans provoquer d’émeutes. Demain, lorsque Assoumani Azali aura à s’expliquer devant les juges sur les 40 millions d’euros qu’il aurait volés lors de sa première mandature, des hordes fanatisées envahiront le quartier de Mangani pour clamer l’innocence de leur imam, même si l’intéressé n’a jamais démenti ces accusations ni poursuivi pour diffamation Thierry Vircoulon. Le pauvre voleur de chèvre écopera de 3 ans de prison ferme …faute de militants pour envahir le palais de justice, à moins que son père n’achète sa liberté auprès des juges moyennant quelques centaines de milliers de francs. Triste conception de l’égalité devant la loi! Les juges comoriens prêtent serment sur le Coran mais ne craignent pas Dieu. Leurs sentences sont marquées du sceau de la corruption. Les procès prennent, parfois, les allures d’une vente aux enchères. C’est le plus offrant qui remporte la mise. Ainsi va la justice dans le pays depuis 1978. Un 2ème mal gangrène cette drôle de justice, surtout depuis 2006 : son instrumentalisation par le pouvoir exécutif. Les Présidents Sambi, Ikililou et Azali se sont servis de la justice pour humilier, éliminer des adversaires politiques. Bref, aucun espoir de procès équitable pour ceux qui ne mettent pas la main à la poche ou qui manifestent la moindre opposition au président de la République.

Je n’ai pas les moyens de prouver ni l’innocence ni la culpabilité de Mohamed Ali Soilihi, ni celles des autres hommes politiques comoriens non plus. Et ce ne sont pas les sentences des magistrats comoriens qui me convaincront ni dans un sens ni dans un autre. Nos responsables politiques n’ont pas réussi en près de 45 ans d’indépendance à poser les bases du développement des Comores. Par contre, ils font preuve d’une très grande expertise lorsqu’il s’agit de tirer le meilleur parti des beaux principes de présomption d’innocence et de prescription des faits. Quelle meilleure alliée pour un responsable politique comorien qu’une justice lente, corrompue et inefficace! A moins d’être dans le viseur du Chef de l’Etat!
Hadji Anouar, Montélimar (France)
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5 commentaires sur Ainsi va la justice aux Comores !

  1. C’est un euphémisme, un non sens de dire la justice aux Comores, car aux Comores il n’y a pas de justice, en effet la justice, normalement se trouve dans un état de droit,et même un prétendu état de droit à encore des efforts a faire en matière de justice. Vous qui rédigé l’article vous savez pertinemment que la justice n’existe pas dans une dictature. Alors pourquoi nous parler de justice aux Comores ? Il faut parler plutôt d absence de justice et e droit aux Comores, voilà qui serait honnête et sérieux.

  2. arrêtez un peut vos blabla si vraiment ont veut faire quelque chose pour nôtre pays contre le corruption ont commencé par Azali est ses bandes des voleurs les politiciens comorien sont tous des voleurs

  3. Analyse pathétique et bidon , si vraiment là ou tu vis la justice réagirait de la sorte , j’en suis certain que tu croupirait en prison . Est ce que tu comprend au moins la notion de « présomption d’innocence » , les termes « coupable « , « preuves »? Tu fais honte de ton article , on dirait tu vis à la jungle . Ce peuple est venu témoigner sa sympathie envers Mamadou non de ce qu’on lui accuse mais de l’archenement bidon d’Azali et ses comiques qui ont peur de la popularité de Mamadou à 100% de remporter ces prochaines éléctions si jamais se déroulent dans la légalité et sécurisées . 8 mois d’accusations et sans aucunes preuves , si ce n’est que la même chanson « detournement des fonds de la citoyenneté économique », le peuple en a marre des aneries d’azali . Et cette démonstration n’est que le début ,Azali regne dans la terreur et il perrira dans la terreur inchallah et les Comores retrouvera sa paix. Pour quoi il a peur de prendre congé ou démissionner à sa fonction , il se croit tout permis à faire , pauvre cancre de président , l’histoire te jugera . Il quittera Bête Salam mort ou vif inchallah. Vive Mamadou , vive Sambi , vive tous ces candidats à vocations de faire retourner dans sa tombe le mort-vivant de président.

  4. Votre s’efforce d’être objectif et impartial. Vous semblez convaincu de la culpabilité de ces présumés coupables. Dans votre article, aucune mention n’est faite sur nos magistrats corrompus et à la solde du pouvoir. Pourquoi ces magistrats ne dénoncent pas ce système vermoulu. Ils sont sous les ordres de l’exécutif pour préserver leur carrière tout simplement. Dans un système judiciaire aussi pourri et gangrené, la seule alternative du peuple est de s’indigner et de se soulever. Le cas des gilets jaunes est un exemple parfait d’exasperation du peuple et qui a envie de justice. On s’en fout de la forme que cela prendra. Il faut arrêter de raisonner comme si nous avions des institutions opérationnelles. Votre logique à l’occidentale ne sera valable que si la justice sera rétablie dans le sens noble du terme.

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