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Allocution de Mougni Baraka, à l’occasion du Nouvel an 2020

Présentation des vœux 2020
Discours du Président du CNT Mouigni Baraka Said Soilihi à l’occasion des vœux de l’année 2020.
Chers comoriens,
Chères sœurs, chers frères,
Chers amis (ies) des Comores,
Je suis particulièrement heureux de m’adresser à chacune et chacun d’entre vous à la veille de l’année 2020, qui s’annonce décisive pour notre pays.
L’année 2019 a été difficile pour beaucoup de nos concitoyens, je pense notamment à ceux qui nous ont quittés et aux blessés ou handicapés à vie.
Je pense également à nos concitoyens qui croupissent dans les geôles pour des raisons politiques et sans oublier ceux qui étaient contraints à l’exil.
Cette année 2019 qui s’achève a vu notre démocratie mise à mal par de nombreuses décisions du pouvoir en place notamment les mascarades électorales du 24 mars et 21 avril 2019 et les arrestations arbitraires qui sont devenues monnaie-courante après ce hold-up électoral.
Pas plus longtemps qu’hier plusieurs militants du mouvement Ndzoiani en Marche sont convoqués à la gendarmerie. D’autres sont harcelés et pourchassés en ce moment. Nous en alertons la communauté internationale sur les graves conséquences pour la paix et la sérénité du pays. Cela doit cesser !
Nous déplorons aussi les contrôles systématiques qui sont opérés à l’endroit des citoyens et des usagers de la route, créant ainsi un climat de terreur au sein de la population.
Malgré ces manœuvres dictatoriales, les forces vives comoriennes de l’intérieur comme de l’extérieur (diaspora) ont engagé un combat républicain partout où elles se trouvent pour libérer notre pays de ce régime illégitime.
Je décerne une mention particulière à la jeunesse et à la femme Comorienne pour la mobilisation dont ils font preuve pour triompher la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays. Merci à eux.
Enfin, je voudrais rappeler ici que les Comores ont une hospitalité légendaire mondialement connue. C’est pourquoi nous avons le devoir de soutenir les étrangers vivant dans notre pays et leur permettre d’exercer leur religion en toute quiétude conformément à la constitution de notre pays.
Trouvez ici nos meilleurs vœux de bonheur pour l’année 2020 de vos frères et sœurs comoriens.
A la communauté internationale présente dans notre pays et celle établie à l’étranger, à nos pays amis et partenaires économiques, je vous adresse mes vœux de bonheur pour l’année 2020 et vous renouvelle toute ma confiance en votre capacité d’accompagner les Comores à retrouver la paix civile et politique, gages d’un véritable développement du pays.
Aux militants de tout horizon engagés pour la restauration d’un Etat de droit et la démocratie aux Comores, plus particulièrement celles et ceux installés à l’étranger, je vous exprime particulièrement ma sympathie, ma fraternité et ma fierté de puiser à travers vos manifestations l’expression, la force et la détermination de mon engagement pour un lendemain et un avenir meilleur pour les Comores. Vous me réconfortez à l’idée que les Comores peuvent comptez sur vous pour un avenir meilleur où personne ne sera en prison, ni assassinée, ni blessée ni fuyante à l’étranger en raison de ses pensées politiques ou religieuses.
A toutes les nouvelles forces engagées dans ce combat, je salue la naissance du mouvement des femmes comoriennes, la création du mouvement des jeunes patriotes Agoi à Ngazidja, le mouvement Ndzoini En Marche, et le mouvement des femmes à Moili.
Je félicite le dynamisme et l’engagement des mouvements Appel de Paris, Appel de Marseille, Appel de Lyon, le mouvement « Daula ya haki », le mouvement de Nice, de la Réunion, de Genève, les comoriens du Sénégal et toute la société civile de France et ailleurs, tous engagés contre le régime illégitime et dictatorial du Colonel Azali Assoumani.
Je m’engage auprès de vous tous de ne plus jamais transiger à l’idée de défendre les valeurs universelles de droit de l’homme, de tolérance religieuse, de liberté individuelle et collective, de démocratie et d’humanisme
Chers sœurs et frères;
L’année qui s’ouvre en effet est celle de nombreux défis structurels et conjoncturels et nous construisons là une bonne part de notre avenir.
D’abord, la cohésion nationale est le premier défi à relever et ce n’est pas seulement la tâche d’un parti politique, d’un chef religieux, leaders d’opinions et d’un président du CNT. C’est le travail de chacun d’entre nous. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez apporter pour votre pays, au-delà de votre quotidien, de votre vie, de ses difficultés, vous appartenez à un collectif plus fort et plus grand : la nation comorienne composée de quatre île dont la cohésion et la stabilité n’ont aucun prix. Certains parmi vous y ont versé leur sang et donné leur santé. Par solidarité, nous devons ensemble en cette année 2020 relever ce premier grand défi.
L’année 2019 fut celle des débats nécessaires en notre sein, de la contestation utile, des désaccords légitimes mais elle ne doit se terminer sur des divisions irréconciliables qui minent notre combat commun pour la cohésion nationale. Je souhaite plus de concorde et moins de discorde, je souhaite miser sur votre intelligence car vous avez cela en vous. Je souhaite miser sur votre force pour convaincre l’ensemble de nos compatriotes que notre désir commun d’un avenir meilleur pour les Comores est largement partagé et soutenu.
Le deuxième défi c’est la sauvegarde de nos institutions et l’Etat de droit. Plus jamais ce qui s’est passé le 30 juillet 2018, le 24 mars 2019 et le 21 avril ne doit se reproduire dans notre pays. Le pacte social et républicain qui garantissaient à chaque comorien le pouvoir de concourir aux suffrages universels directs, ont été rompus par un seul homme avec l’aide de ses partisans civils et militaires. Cette rupture a conduit le pays à la situation politique actuelle et va se reproduire lors des prochaines mascarades législatives et municipales qui s’organisent dans l’illégalité et l’opacité totale, sans l’opposition et au mépris des comoriens.
Je salue toutes les forces politiques et civiles regroupées au sein du CNT, de l’union de l’opposition, le FUDA, le M17, Ndzoini en Marche, le CCED et la société civile qui se sont abstenus de participer à la prochaine mascarade des législatives organisée par les partisans d’Azali Assoumani.
C’est la raisons pour laquelle j’appelle au devoir de chacun pour veiller et garantir qu’un autre hold-up électoral législatif ne vienne se rajouter aux trois précédents hold-up référendaire et présidentiels et des gouverneurs, en refusant de cautionner une mascarade partisane qui n’est ni légale ni transparente.
Ce serait fatal pour le pays si ce pouvoir venait à nommer des députés pour aller siéger à l’hémicycle sans légitimité populaire. Notre pays aura tout à perdre et je prends à témoin ici la communauté internationale sur les graves conséquences politiques de ces élections s’elles devaient avoir lieu dans ces conditions.
La République monarchique actuelle où le Président décide tout est inacceptable et Il nous revient non seulement de la refuser mais aussi de réfléchir à une meilleure consolidation de notre démocratie et nos institutions de manière à rendre impossible leur démolition à l’avenir. L’armée qui fut pendant très longtemps la seule institution stable du pays doit retrouver ses lettres de noblesse telles qu’elles sont définies par la constitution « non partisan, non religieux et garant des institutions de la République ».
Le troisième défi est évidemment celui du développement économique et social.
L’année 2019 a été une régression pour notre pays, non seulement sur le plan politique mais aussi sur le plan économique.
Beaucoup d’indicateurs macro-économiques sont au rouge nonobstant les mensonges relatés ici et là par le Gouvernement du Colonel Azali Asoumani pour illusionner nos compatriotes.
Partant de cette analyse, le changement que nous appelons de nos vœux pour l’année 2020 et au-delà, doit rétablir une justice fiscale afin de permettre aux entreprises qui sont les relais indispensables à l’emploi de se créer et se développer. Ainsi, nous sommes persuadés que le pays pourrait bénéficier d’un gisement d’emplois pour les jeunes et moins jeunes qui veulent travailler dans le secteur privé.
Au niveau des emplois du secteur public, tout le monde a compris que ce secteur ne peut accueillir tous les emplois du pays. En revanche, les jeunes ayant le sens du service public doivent trouver leur place en son sein sans discrimination ni favoritisme à l’embauche. Les recrutements devraient se faire en toute transparence sans violation du principe d’égalité de chance. Plus aucun emploi public ne devrait être attribué en dehors du circuit normal prévu par la loi et les textes règlementaires.
Mes chers sœurs et frères,
Vous avez compris que les défis à relever sont nombreux mais je voudrais à juste titre dire un mot sur notre diplomatie récente. Notre pays a toujours eu une diplomatie qui promeut l’amitié, la paix et le respect à l’autodétermination des peuples. Après l’indépendance l’Algérie a accueilli beaucoup d’étudiants comoriens dans une période où les choix politiques internes exigeaient la rupture des accords avec la France avec comme première conséquence la suspension par l’Etat français des bourses attribuées aux étudiants comoriens. Le choix de l’Algérie de soutenir en première ligne l’indépendance du jeune Etat comorien était sans réserve. Ce même Etat soutient aujourd’hui l’autodétermination du peuple de Sahara occidental revendiqué et appuyé par la résolution 3458 de l’ONU qui demande à décoloniser le peuple Sahraoui et à organiser un référendum d’autodétermination de ce peuple. Notre histoire douloureuse avec la France s’agissant du contentieux désagréable avec la France sur Mayotte est la parfaite illustration que notre pays doit s’abstenir de soutenir une grande puissance régionale ou internationale qui annexe ou occupe un petit pays. C’est la raison pour laquelle, le CNT que je préside s’est désolidarisé de la diplomatie du Colonel Azali pour demander à notre autre pays ami le Maroc de respecter la résolution de l’ONU à l’autodétermination du peuple Sahraoui.
Pour arriver à relever tous ces défis qui sont loin d’être exhaustifs, il faut que le peuple ait la possibilité de choisir ses dirigeants de manière transparente et démocratique. C’est le sens de l’engagement des candidats aux dernières élections présidentielles du 24 mars 2019 et des gouverneurs du 21 avril, qui se sont regroupés au sein du Conseil National de Transition (CNT). Nous avons lancé une résistance contre le hold-up électoral et demandé le retour à un Etat de droit et au rétablissement des institutions démolies par ce régime. Car force est de constater que dans la mesure où il n’y pas eu élection présidentielle légale avant le 30 juillet 2019, la même la constitution censée avoir été adoptée le 30 juillet 2018 devient caduque. Et donc, le pays se retrouve aujourd’hui sans constitution, sans Président et sans institutions légales depuis le 1er août 2019 jusqu’à maintenant.
C’est pourquoi nous encourageons l’engagement des jeunes et femmes leaders, le mouvement Ndzoini En marche, les femmes de Mohéli, les femmes de Ngazidja, le mouvement Agoi de Ngazidja, la diaspora, le CCED, les Appels de France (Paris, Lyon, Marseille, Nice, Genève), le comité d’organisation du Madjliss de Marseille à sa tête Mze Militaire, les étudiants comoriens du Sénégal, les leaders d’opinions des réseaux sociaux, le peuple comorien, tous ceux qui se sont engagés dans la résistance pour la démocratie et un Etat de droit aux Comores.
Nous encourageons l’Appel des étudiants comoriens du Sénégal à un rassemblement le 07 février à Dakar pour faire le bilan et dégager les orientations futures de la lutte.
Après plus 40 semaines de résistance, je renouvelle mon appel à la communauté internationale, à l’Union africaine, à la SADC et aux autres pays amis, pour une médiation en vue de l’organisation d’une conférence internationale pour la paix et la transition aux Comores.
Vive le peuple comorien
Vive les Comores
Je vous remercie.
Fait à Moroni le 31 décembre 2019
Pour le CNT, Mouigni Baraka Said Soilihi

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2 commentaires sur Allocution de Mougni Baraka, à l’occasion du Nouvel an 2020

  1. Bonne année merci mr le président Moegni mais tu as déjà gouverné le pays les résultats étaient très salés donc laissait la place aux autres pour voir leurs expériences

  2. Bonjour monsieur le Président
    C’est votre rêve et vous l’êtes, President du CNT
    alors quoi de neuf?
    Le contrôle routier c’est de la dictature. Bravo!!!
    Alors que faire?
    Il faudra revoir la définition du dictature.

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