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Animée mais sur ses gardes, Bamako parle "de la guerre et du foot"

24 janvier 2013

Animée mais sur ses gardes, Bamako parle « de la guerre et du foot »

Des Maliens regardent un match de foot de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le 24 janvier 2013 à Bamako ©AFP

BAMAKO (AFP) – (AFP)

Attentifs au
« pied gauche » du footballeur international malien
Seydou Keïta, une quarantaine d’hommes se serrent sous
un acacia, face à une télé posée sur le
comptoir d’une échoppe de Bamako.Le temps du match
Ghana-Mali (1-0), la ville a un peu cessé de
« parler de la guerre ».

« Tellement on aime le football, on continue de faire des
petits grains (causeries) devant les télés en
pleine rue », pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN),
confie Mohamed Traoré, aide-commerçant de 42 ans,
dans le quartier Djikoroni Para.

« A Bamako, il y a le calme.Tout le monde peut faire ses
affaires.Mais on ne fait plus de grands rassemblements.Et
la nuit, on ne sort pas.On ne parle que de la guerre et du
foot, guerre et foot », répète M. Traoré,
deux semaines après le début de l’intervention
française au Mali contre les islamistes armés.

Une fois la partie perdue, la plupart des hommes se
lèvent et s’en vont.

Quelques heures auparavant, juché sur une moto chinoise
ornée d’une photo de l’attaquant argentin du Barça
Lionel Messi, Drissa Coulibaly tuait le temps devant
l’Assemblée nationale, fermée en ce jour férié.

« A cause de l’état d’urgence, on n’a pas
fêté le Maouloud (marquant la naissance du
prophète Mahomet) au stade, mais chez nous.Il y a pas
eu de prêches publics.Seulement des
bénédictions à l’intérieur des
mosquées et de bons plats à la maison, alloko
poulet haricots ou couscous viande de chèvre… »,
précise cet ex-étudiant en comptabilité de 25
ans, désoeuvré.

Les Bamakois, dit-il, sont « un peu contents, un peu
inquiets » depuis le début de l’intervention des
militaires français, puis africains.Lui-même ira
chercher le soir même la casquette au couleurs de la
France qu’il a « fait arranger chez le tailleur ».

« Malgré la crise du
Nord, Bamako est impeccable », lance-t-il. »Il n’y a
pas de tensions.D’ailleurs hier soir encore, je buvais le
thé avec mes amis arabes et touareg, Ousmane Cherif et
Hassan Moussa, parce que nous, on sait très bien que
tout le monde n’est pas jihadiste ou rebelle ».

Avions « à portée de n’importe quel tir »

Traversant le Pont des martyrs qui enjambe le large fleuve
Niger animé par quelques pirogues, le vieux
mécanicien Luc Dackué, « né avant
l’indépendance de la France » (1960), rentre d’une
visite chez un ami. »Il y a des activités partout,
sans danger ni rien », assure-t-il aussi.Mais, lui
s’emporte dès qu’on lui parle des arabes ou des
Touareg : « ces gens-là sont mauvais.Mon frère
en ce moment fait la guerre à Sévaré »
(630 km au nord-est de Bamako).

Au volant d’une Peugeot qui frôle les étalages de
banabanas (petits commerçants) débordant sur les
rues, Fodé Bah Keïta, chauffeur journalier de 46
ans, commence par dire que « tout le monde parle de la
guerre » mais qu’ »on ne la sent pas ici ».Cependant, depuis peu, à l’entrée des principaux
hôtels, des gardiens scrutent le dessous des
véhicules avec des miroirs, ouvrent les coffres.

Dans une
gargote de la gare routière où ont
afflué ces derniers jours les Maliens du Nord fuyant
bombardements et affrontements, un militaire vient retirer
du courrier envoyé par sa famille depuis Ségou
(250 km au nord-est de Bamako).

« Je suis de la musique des armées », dit
l’adjudant-chef Madani Sissoko, 29 ans, « mais les
activités de la fanfare sont réduites.Certains de
nos éléments sont employés à garder le
siège de la télévision nationale, la caserne
de Kati, l’aéroport. »

La surveillance de l’aéroport préoccupe justement
le capitaine Modibo Traoré, qui reçoit au
siège décati de la direction de l’information des
armées (DIRPA), « parce qu’il y a des zones où
les avions, quand ils amorcent leur descente, sont à la
portée de n’importe quel tir de jihadistes infiltrés ».



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