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Arabie saoudite : la militante Israa Al-Ghomgham risque la peine de mort par décapitation

Aussi terriblement paradoxal que cela puisse paraître, l’ère réformatrice inaugurée à grand renfort de communication par MBS, le désormais célèbre prince héritier saoudien, sera-t-elle à jamais entachée du sang d’un châtiment barbare et moyenâgeux : la décapitation d’Israa al-Ghongham, 29 ans, une fervente militante des droits de l’homme issue de la région de Qatif, une ville côtière orientale à majorité chiite ?

C’est à l’heure où souffle, encore timidement, le vent de la modernité sur la monarchie wahhabite, à travers notamment l’assouplissement de certains codes moraux archaïques et la levée de l’interdiction de conduire infligée aux femmes, qu’une conception obscurantiste des droits de l’homme l’enfonce dans des ténèbres dont elle prétendait vouloir s’extraire…

Interpellée à son domicile, en décembre 2015, avec son mari Moussa Al-Hashem, cette jeune activiste saoudienne, devenue la bête noire du royaume pour son engagement en faveur des libertés individuelles, sa participation active à des manifestations contestataires et ses appels réitérés à libérer les prisonniers politiques, croupit depuis en prison, victime de l’arbitraire le plus absolu. L’assistance d’un avocat lui a été refusée.

Cette dissidente à abattre ne pouvait guère inspirer d’indulgence au procureur public qui, sans sourciller, a récemment requis contre elle, et quatre autre militants, la peine de mort, au risque d’assombrir un peu plus l’image de l’Arabie saoudite et faire passer le tout-puissant prince MBS pour un réformateur d’opérette…

Israa al-Ghongham pourrait ainsi entrer tragiquement dans l’histoire de son pays, en tant que première femme à être décapitée pour son militantisme en faveur des droits fondamentaux, ainsi que l’a rapporté Al-Jazeera.

Alors que le réquisitoire implacable prononcé contre elle a soulevé une houle d’indignation sur les réseaux sociaux et qu’une campagne en ligne appelant les autorités saoudiennes à la clémence se propage par-delà les frontières, Amnesty International a dévoilé une partie des chefs d’inculpation pléthoriques qui l’accablent : violation du décret royal 44/A pour participation à des manifestations, documentation de ces mouvements de contestation sur les réseaux sociaux, soutien moral aux manifestants, utilisation d’une fausse photo de profil sur son compte Facebook et violation de l’article 6 de la loi anti-cybercriminalité en publiant des photos et vidéos de manifestations sur le même réseau…

La sentence doit être prononcée le 28 octobre. Si le tribunal suit la réquisition du procureur public, le sort des cinq militants des droits de l’homme, parmi lesquels figure Israa al-Ghongham, sera tranché par le roi Salman. Il reste à espérer que ce dernier ne tranchera pas dans le vif, en les passant au fil de l’épée ou du sabre…

Mais à la lecture du quotidien britanniqueThe Independent qui observe avec effroi que le roi « ratifie habituellement toutes les peines capitales dans le royaume », on peut légitimement redouter le pire, même si, alors, il ne restera rien de l’image réformatrice de l’Arabie saoudite, hormis une effroyable chimère.

Oumma.com

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