La FCC a tenu le 10 juin 2012 un atelier sur le consommateur et la banque
Hamidou Mhoma, ancien chargé d’affaires entreprises, à la Banque Française Commerciale de l’Océan Indien (BFCOI) à la Réunion, directeur de l’imprimerie Graphica était le principal conférencier. Cliquer ce lien pour télécharger la présentation Hamidou Mhoma présentation atelier 20120611.
Les autres intervenants à l’ouverture étaient:
Said Abdallah Cheikh Soilih, conseiller technique du Vice-président chargé du ministère des finances
Mohamed Soule Islam, commissaire chargé des finances de l’Ile de Ngazidja
Marc Athiel, président de l’Association Professionnelle des Banques et institutions financières décentralisées (APBF)
Attoumane Boina Issa, économiste national au PNUD
Fahami Thabit, président du l’UCCIA (Union des chambres de commerce d’industries et d’agriculture)
Said Abdou Salime, coordinateur national du projet « Assistance pour la mise en œuvre du cadre intégré renforcé »
Le président de la FCC a ouvert la séance par une présentation du thème de l’atelier et de l’objectif de la FCC qui est la baisse des taux d’intérêt, des coûts des services bancaires et de la transparence des transactions et des frais. La FCC milite pour le dialogue, les échanges entre professionnels, l’Etat et la société civile pour trouver des solutions à la cherté et à l’opacité des services bancaires. La FCC peut s’allier aux institutions financières et aux organisations professionnelles pour des actions de lobbying et de sensibilisation sur la sécurité juridique et le respect des décisions de justice. Si la FCC multiplie les ateliers de formation de ses membres c’est pour leur permettre de mieux appréhender les enjeux du mouvement des consommateurs, du rôle qui doit être le leur et de l’impact d’un tel mouvement dans le devenir de notre société. Plus qu’ailleurs, le consommateur comorien a besoin d’être sensibilisé, conscientisé sur ses droits envers les producteurs, commerçants, prestataires de service et l’Etat.
Pour le président de l’APBF, Marc Athiel, les banques pratiquent un taux d’usure de 14% (qui est le plafond fixé par la banque centrale). Il reconnait toutefois que les institutions financières décentralisées peuvent appliquer des taux allant jusqu’a — 25%. C’est aussi le cas des petits prêts de la Banque de Développement des Comores dont M. Athiel est directeur général adjoint. A son avis, ce qui doit importer au consommateur est la réduction du coût du crédit et l’augmentation du délai de remboursement. Mais les banques manquent de ressources à long terme d’où la nécessité d’une aide de la banque centrale puisque les banques de dépôts ne peuvent prêter que sur 2–3 ans, 5 ans maximum et jusqu’à 7 ans pour la BIC. Selon lui, les banques commerciales travaillent dans un environnement hostile dû à une justice incertaine qui rend difficile la gestion des contentieux.
L’APBF va œuvrer pour l’application aux Comores du traité de l’OHADA et pour un meilleur encadrement des Institutions financières décentralisées (Meck et Sanduk) parce qu’aujourd’hui on trouve des IFD qui font de la banque, comme des banques commerciales qui font de la micro-finance.
L’économiste national du PNUD, Attoumane Boina Issa, pense que le consommateur est une notion importante dans l’économie comorienne. En effet, la consommation des ménages est très élevée, presque à un niveau égal au PIB, ce qui est très mauvais pour l’économie. Le consommateur doit être sensibilisé et pris en compte dans toutes les décisions économiques et financières. Aussi bien du côté des milieux économiques et commerciaux que de l’Etat, il y a des pratiques qui peuvent être contestées.
En ce qui concerne les banques, les garanties bancaires sont très élevées et il y a une dérive sur les taux d’usure surtout au niveau des micro-finances.
Fahami Thabit, président de l’UCCIA, nous a parlé des autres alternatives de financement, notamment du crédit-bail mis en place par la banque mondiale par l’intermédiaire du projet AMIE. En tout 2 000 000$ (environ 750 millions de KMF) destinés à financer des projets de jeunes entrepreneurs.
Pour Said Abdallah Cheikh Soilih, conseiller technique du vice-président chargé du ministère des finances, la notion de consommateur est très complexe dans notre société où, selon lui, cohabitent deux économies : une libérale et rationnelle et une autre ostentatoire et inflationniste fondée sur les comportements nés de la tradition coutumière et du grand-mariage. Les banques se couvrent trop, demandent des garanties parfois excessives. Il est important de rapprocher le consommateur et la banque dans l’intérêt des deux parties.
A suivi l’exposé limpide et très instructif de Hamidou Mhoma, sur le thème : « Le consommateur et la banque »
Il a d’abord présenté la banque et son environnement, le métier de banquier et ses risques ainsi que les contraintes de la banque.
Dans un deuxième temps il a abordé la relation banque-consommateurs, les crédits à la consommation, les taux d’intérêts, le taux nominal et le taux effectif global.
Les questions des participants portaient essentiellement sur les pratiques des banques qui abusent et profitent d’une situation d’oligopole, les taux appliqués par les banques sont résolument proches du taux plafond de la banque centrale (14%) quelque soit le prêt et le type de crédit accordé à court terme (2−3 ans).
Said Mmadi d’Ipvembeni s’inquiète des dérives de certaines institutions financières qui vont jusqu’à utiliser les sanctions du ANDA NA MILA, comme empêcher la célébration du grand mariage pour obliger leurs débiteurs à payer leurs dettes. Quelle est la légalité de cette pratique ?
Mais aussi des saisies de véhicules, des fermetures de boutiques sans aucun jugement ni notification préalable.
Beaucoup ont dénoncé l’opacité sur les services bancaires, aucun tarif affiché, des informations incomplètes, difficiles à obtenir même lorsqu’on pose la question aux employés de la banque. Vous voulez connaitre le taux effectif global d’un crédit (c’est-à-dire ce que cela va vous couter au final) ? Bon courage !
Ahmed Ali Amir, rédacteur en chef d’Alwatwan, qui suivait la formation a proposé la publication par la FCC d’un comparatif annuel des tarifs pratiqués par les banques et les institutions financières décentralisées.
Hamidou MHOMA a conclu son exposé par les propositions suivantes :
• Favoriser le dialogue banque/consommateur
• Influer auprès des autorités monétaires pour des mesures sanctionnant les banques si le taux effectif global dépasse le taux d’usure.
• Demander la mise en place d’un fichier auprès de la banque centrale pour les prêts aux particuliers pour éviter le surendettement
• Réfléchir à comment apporter des solutions aux consommateurs surendettés
Tahamida Mze
Source: consommateurkm.
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