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Attentat terroriste dans une mosquée à Québec : six morts

Montréal et Québec) Une attaque terroriste dans une mosquée de Sainte-Foy, à Québec, a fait six morts et huit blessés, dont certains sérieusement, dimanche soir. Deux personnes ont été arrêtées pour meurtre.

La police traite l’attaque contre la mosquée comme un attentat terroriste. Les corps policiers ont activé la Structure de gestion policière contre le terrorisme (SGPCT), un protocole de coordination panquébécois. La Sûreté du Québec dépêchera un centre de commandement sur les lieux de l’attentat, alors que la GRC se chargera du volet enquête avec son Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN).

«On a six décès confirmés, des gens âgés entre 35 et 70 ans. Il y a huit blessés et 39 personnes qui n’ont pas été blessées», a confirmé vers 1h du matin Christine Coulombe, porte-parole de la Sûreté du Québec.

«J’ai réussi à parler à des personnes à l’intérieur. Elles m’ont dit qu’il y a au moins cinq morts et que la personne a réussi à recharger son arme au moins trois fois», avait déclaré plus tôt en soirée le président du Centre culturel islamique de Québec, Mohamed Yangui. 

Plusieurs appels ont été faits au 911 vers 19h55 concernant des coups de feu tirés à la mosquée de Sainte-Foy. 

Une vaste opération policière a été déclenchée et de nombreuses unités d’intervention ont été dépêchées sur place. Deux suspects ont été arrêtés pour meurtre a dit la police.

«Un a été arrêté a proximité des lieux et un autre sur le territoire de la Sûreté du Québec a proximité de l’île d’Orléans. Ils sont détenus et seront rencontrés par des enquêteurs», a confirmé la porte-parole de la SQ.

Selon Le Soleil, l’un d’eux serait âgé de 27 ans, et l’un des deux suspects aurait eu en sa possession une arme AK-47.

«On n’a rien qui nous porte a croire qu’il y ait d’autres suspects, mais on ne prend aucune chance alors on fait les vérifications nécessaires, a déclaré Mme Coulombe, en ajoutant qu’il était trop tôt pour parler du modus operandi et des armes utilisées par le ou les tireurs.  

Les motifs sont également inconnus. La police invite quiconque qui pourrait détenir des informations permettant de faire progresser l’enquête à composer le 1-800-659-4264.

Par ailleurs, le maire Régis Labeaume, des représentants de la SQ ainsi que de la GRC se sont réunis dans un centre de coordination à Québec dont l’emplacement est demeuré secret, en soirée. L’absence du maire durant la soirée  a été vertement critiquée par des citoyens sur les réseaux sociaux et sur place, autour du périmètre de sécurité.

Un point de presse du maire et du premier ministre du Québec Philippe Couillard est prévu à 1h30.

Inquiétude et consternation 

Le président du Centre culturel islamique de Québec, Mohamed Yangui, n’était pas présent au moment de la fusillade. Il était sous le choc lorsqu’il s’est adressé aux journalistes, dimanche soir. 

«À travers cet acte, c’est quoi le message? Qu’est-ce que vous voulez?», a questionné le président. On travaille ici, on paie nos taxes, on contribue positivement à la communauté. C’est incompréhensible!»

La prière du soir se tenait à 19h30, les événements seraient donc survenus vers la fin de la prière. 

Le Centre islamique de Québec est très fréquenté par une soixantaine de personnes. Des témoins racontent que c’est d’autant plus fréquenté le samedi et le dimanche, car les fidèles amènent leurs enfants. 

Plusieurs enfants devaient se trouver dans le sous-sol de l’établissement, dimanche, alors que les hommes prient au rez-de-chaussée et les femmes au deuxième étage.

Large périmètre


Dans le paisible arrondissement de Sainte-Foy, un imposant périmètre policier a été déployé dans la soirée. L’un des accès au site était gardé par un policier muni d’une mitraillette.


Tout au long de la soirée, des Québécois de confession musulmane anxieux arpentaient les alentours du site. Les gens qui se trouvaient à l’intérieur de la mosquée lors de la fusillade ont été retenus pendant plusieurs heures et il était impossible de communiquer avec eux. L’un d’eux a informé La Presse qu’il était impossible de les joindre parce que leur cellulaire était éteint.


Malgré tout, Iad Khattali surveillait frénétiquement son téléphone cellulaire, dans l’espoir d’avoir des nouvelles de ses amis restés dans le centre. 


«On attend toutes les informations, a-t-il dit. Je connais du monde qui sont là. J’espère que ce n’est pas eux qui sont morts.» 


Bilel Zitouni, lui, se rend régulièrement à la mosquée avec son fils. C’est par hasard qu’il n’y était pas allé dimanche soir. 


«La question que je me demande, c’est comment je vais lui répondre quand il va me demander pourquoi des gens sont entrés dans la mosquée où les gens faisaient leur prière et qu’ils ont tué des gens, a-t-il confié. C’est quoi la réponse que je vais lui dire?»


Mohamed Ouezzani, lui, s’était rendu au Centre islamique de Québec pour la prière du soir, à 19h30. Il a quitté les lieux tout de suite après, mais plusieurs sont restés. Le crime a eu lieu quelques minutes à peine après son départ.


«On sentait – et j’espère qu’on va continuer de sentir – une appartenance à Québec, a confié M. Ouezzani. On faisait partie de cette province, de cette ville. On était bien accueillis et on était reconnaissants. C’est notre pays aussi et c’est notre ville. C’est choquant.»


Un autre homme, Abdallah Asafiri, aurait dû se trouver au Centre islamique dimanche soir. S’il n’y était pas, c’est parce que son fils avait emprunté sa voiture. Croisé à l’extérieur du périmètre de sécurité, il attendait depuis deux heures des nouvelles de ses amis. 


«C’est une nouvelle réalité, a observé ce père de famille qui habite Québec depuis plus‎ de 20 ans. Maintenant, les gens se sentent inquiets. On devient une cible.»


La même mosquée avait été la cible de menaces l’été dernier; une tête de porc avait été déposée devant les portes du centre culturel durant le ramadan.


Trois semaines plus tard, une lettre islamophobe intitulée «Qu’est-ce qui est le plus grave: une tête de porc ou un génocide» a été distribuée dans les environs.


«On nous a mis une fois une tête de porc. On a peinturé les murs. On a qualifié ça d’actes isolés. Mais aujourd’hui, on a des morts», a dénoncé le président du centre. 


Moez Balti, qui a perdu un ami dans la fusillade, croit que la police n’a pas pris cette affaire au sérieux.


«Je trouve ça très triste, a dit l’homme. Ce sont des gens qui font tout simplement leur prière.» 


Communauté sous le choc


Jihad, une musulmane qui habite dans un appartement en face de la mosquée, était terrifiée par les événements.


«Je suis choquée, surprise. On ne s’attendait pas à ça. Je viens chaque vendredi. Et tout se fait en paix. On fait la prière et on rentre, en paix, a-t-elle dit avant d’ajouter, en larmes, «ça aurait pu être nous, ça aurait pu être nous». 


Son ami Ahmed parle aussi d’un lieu tranquille. «Les gens sont très discrets, ils font la prière et s’en vont chez eux. Ils ne font pas de bruit. Et ceux qui habitent autour, il y en a qui ne savent même pas qu’il y a une mosquée… Je ne vois pas pourquoi une chose comme ça a été commise.» L’homme a appris par texto qu’un homme qui a jadis été son employeur est au nombre des morts.


Une vigile a déjà été organisée et devrait se tenir lundi, devant le Centre culturel islamique de Québec.


À Montréal


Dans la foulée de l’attaque à Québec, le Service de police de Montréal a augmenté les patrouilles devant ce que le corps policier qualifie de «points sensibles». 


«Dans des cas comme ça, il y a des procédures qui sont mises en place, a expliqué le porte-parole Raphael Bergeron. Nous surveillons tout endroit qui pourrait être sensible en lien avec ce qui est arrivé à Québec. C’est sur que s’il y a une mosquée dans un secteur, les patrouilleurs vont passer plus souvent.» 


Le maire de Montréal Denis Coderre a demandé à ses citoyens de rester calmes et de «démontrer comme il se doit notre soif de tolérance et de respect envers tous».


Réactions politiques


Sur Twitter, les différentes instances politiques n’ont pas tardé à dénoncer ces actes violents.


Le premier ministre du Canada Justin Trudeau a déclaré: «Ce soir, les Canadiens pleurent les victimes de l’attaque lâche dans une mosquée de Québec. Mes pensées sont avec les victimes et leurs familles.» Il a annoncé plus tard en soirée qu’il avait parlé avec le premier ministre du Québec et qu’il recevait des mises à jour par les hauts fonctionnaires. «Nous avons offert toute l’assistance nécessaire», a-t-il informé.


«Le Québec rejette catégoriquement cette violence barbare. Toute notre solidarité aux proches des victimes, des blessés et à leur famille», a pour sa part écrit le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui a annoncé que le «le gouvernement est mobilisé pour assurer la sécurité de la population de Québec». Le premier ministre a également annulé tous les événements prévus à son agenda de lundi.


Le maire de Québec, Régis Labeaume s’est adressé à ses citoyens via son compte Facebook, dimanche soir. 


«Québec est en deuil ce soir, a-t-il écrit. La violence et l’intolérance à l’égard de qui que ce soit, groupes ou individus, est tout simplement injustifiable et inacceptable. Mes premières pensées vont aux familles des victimes et à tous les fidèles de la mosquée de Sainte-Foy. Toute la ville est avec vous et nous serons à vos côtés afin de traverser cette terrible épreuve qui dépasse la raison. Demeurons unis, la solidarité est la meilleure réponse à offrir devant cette tragédie humaine et gratuite.

Souhaitons-nous du courage, nous en aurons besoin dans les jours à venir!»


Le chef de la CAQ François Legault a écrit : «Mes pensées accompagnent la communauté musulmane de Québec. Exprimons notre désarroi face à cette violence insensée». 


«Consternés devant l’horreur qui se déroule à Sainte-Foy. Violence inacceptable et condamnable. Nos pensées avec proches et familles», pouvait-on lire sur le compte du Bloc Québécois. 


Le chef du NPD, Thomas Mulcair a réagi comme suit sur Twitter : «Horreur dans une mosquée à Québec. Tenons nous debout avec nos voisins Musulmans contre la haine.»


De son côté, Rona Ambrose, la leader intérimaire du Parti conservateur a écrit: «Terrible nouvelle. Venons de rentrer de Québec. Prions pour les victimes de ce crime innommable. Responsables doivent affronter la justice.»

Lapresse.ca

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