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Au Salvador, la gauche veut briguer la présidence avec une formule « pur sucre »

La gauche est arrivée au pouvoir au Salvador, en 2009, grâce à une alliance avec des indépendants, comme le président Mauricio Funes, et les centristes de Cambio Democratico (CD). Insatisfait avec l’expérience de centre gauche, le Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN, gauche), l’ancienne guérilla, mise sur une formule « pur sucre » pour l’élection présidentielle de février 2014.

Une concentration organisée par le FMLN au stade Cuscatlan, à San Salvador, dimanche 11 novembre, a lancé les deux candidats du parti : Salvador Sanchez Cerén, le vice-président élu en même temps que Mauricio Funes, briguera la présidence de la République ; Oscar Ortiz sera le candidat à la vice-présidence.

Cette formule tente de réconcilier les deux courants qui divisent le FMLN.

A la tête du Front, prédominent les anciens dirigeants du Parti communiste salvadorien, partisans d’un alignement avec le Venezuela du président Hugo Chavez.

A leur corps défendant, le président Funes a refusé l’adhésion du Salvador à l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), le bloc lancé par Caracas. Le pétrole vénézuélien aide des municipalités gérées par le FMLN, tout en alimentant les caisses du parti.

Oscar Ortiz, maire de Santa Tecla depuis 2000 (réélu quatre fois), incarne le courant réformiste du FMLN, plus proche de l’expérience brésilienne et de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, qui a d’ailleurs contribué à l’élection de Mauricio Funes, marié à la Brésilienne Vanda Pignato, ancienne militante du Parti des travailleurs (PT, gauche).

Pour avoir disputé à l’intérieur du FMLN la candidature à la présidence, en 2003, contre le vieux communiste Schafik Handal, Oscar Ortiz a été ostracisé et a frôlé l’expulsion des rangs du parti. Il s’est replié sur Santa Tecla, située à 14 kilomètres de San Salvador, désormais intégrée dans l’aire métropolitaine de la capitale. Il a fait de sa gestion municipale un exemple d’ouverture et de participation, attirant l’aide internationale pour moderniser le centre ville et en faire un îlot de cohabitation pacifique, alors que le Salvador est devenu le deuxième pays le plus violent au monde (après le Honduras).

Les sondages annoncent le retour de la droite au pouvoir

La candidature d’Oscar Ortiz à la vice-présidence a surpris. Comment expliquer le retournement du FMLN ? Tout simplement parce que les sondages annoncent la victoire à la présidentielle de 2014 du maire de San Salvador, Norman Quijano, candidat d’ARENA (Alliance républicaine nationaliste, droite), l’ennemi historique du FMLN. Selon une étude de l’Université centre-américaine (UCA), foyer d’excellence des jésuites, le meilleur candidat du FMLN pour battre la droite serait Oscar Ortiz, avec 62,8 % de réponses favorables, contre à peine 13,2 % pour Sanchez Cerén.

Salvador Sanchez Cerén, 68 ans, est un digne représentant de la vieille garde du FMLN, incapable de se débarrasser de la langue de bois.

Ancien commandant de la guérilla, il a combattu dans les Forces populaires de libération (FPL), mais il a la confiance des anciens dirigeants du PC.

Curieusement, Oscar Ortiz, 51 ans, provient aussi des FPL, sauf que sa trajectoire politique après les accords de paix de 1992 l’a éloigné des dogmatiques du FMLN.

« L’ouverture » du FMLN en direction du maire de Santa Tecla suffira-t-elle à renverser la tendance de l’opinion et à lui assurer la victoire à la présidentielle ? Rien n’est moins sûr. Le FMLN devra se montrer sans doute capable de reconduire les alliances de centre gauche forgées par Mauricio Funes, qui avait bénéficié, lui, de l’usure et de la division de la droite.

Les centristes de CD et les dissidents du FMLN, regroupés dans le mouvement Nuevo Pais (Nouveau pays), ne seront pas de trop à l’heure de contrecarrer la mauvaise image du champion du parti, Sanchez Cerén. « Personne nous pardonnera si nous permettons que la droite revienne au pouvoir », a dit Oscar Ortiz lors d’un récent débat sur les perspectives de la gauche.



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