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Azali ASSOUMANI, disciple ou simple valet des Salman d’Arabie Saoudite?

Opinion libre: Aujourd’hui, la gestion politique des Comores ne laissent personne indifférent, que l’on soit pro gouvernement ou pas. La mainmise de l’Arabie saoudite sur les Comores en général et sur l’actuel président, Azali ASSOUMANI en particulier, est de plus en plus évident, pour ne pas dire malsain. A travers cet article, nous allons voir clairement que de deux choses l’une, soit Azali ASSOUMANI est un disciple de la famille royale saoudienne, soit il en est le simple valet.

22 janvier 2015 : Le coup d’Etat « institutionnel royal »
Il faut savoir que le roi Salmane, a bousculé l’ordre dynastique en vigueur en Arabie Saoudite. En effet, jusque-là se sont les fils du roi Abdelaziz, fondateur du royaume qui se succèdent sur le trône. Alors que son frère Moukrine est le prince héritier, il procède à des nominations clés qui marquent l’entrée des princes de «deuxième génération». Mohammed Ben Nayef (55 ans) est désigné vice-prince héritier et ministre de l’Intérieur tandis que l’un de ses jeunes fils, Mohammed Ben Salmane, 29 ans, devient ministre de la Défense. Trois mois plus tard, l’éviction de Moukrine est effective. Les deux Mohammed deviennent prince héritier et vice-prince héritier. Une décision qui provoque la stupeur au sein de la famille royale qui voit les prétendants des diverses branches écartés du pouvoir avec la constitution d’un gouvernement composé à 90 % de jeunes technocrates.

26 mars 2015 : La guerre au Yémen est déclarée
Fraîchement nommé vice-prince héritier par son père, mais aussi vice-Premier ministre, ministre de la Défense et président du Conseil économique et de développement d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salman lance une opération militaire au Yémen.

3 janvier 2016 : L’Arabie Saoudite rompt ses relations avec l’Iran
Après des années de rivalités et de tensions entre les deux puissances régionales qui s’affrontent par alliés interposés en Syrie, Irak et plus récemment au Yémen, l’escalade est brutale. Elle est provoquée par l’Arabie Saoudite qui exécute 47 opposants accusés de terrorisme. Parmi eux, Nimr al-Nimr, le dignitaire chiite, une figure de la contestation contre le pouvoir de Riyad. Aussitôt, des protestations violentes sont déclenchées en Iran. Les manifestants mettent le feu à l’ambassade saoudienne à Téhéran et au consulat à Mashhad. Le lendemain, Riyad annonce la rupture des relations diplomatiques avec Téhéran.

15 janviers 2016 : Les Comores rompent leurs relations avec l’Iran
Ikililou DHOININE, président en exercice à cette date, adopte la même position que l’Arabie Saoudite, avec le renvoie de l’ambassadeur Iranien et la fermeture de l’ambassade d’Iran aux Comores.

25 avril 2016 : Un projet pour l’Arabie Saoudite de demain est lancé
C’est avec son projet «vision 2030» que Mohammed Ben Salmane part à la conquête du royaume. Mégalomaniaque, le plan de réformes approuvé par le Conseil des ministres est destiné à diversifier l’économie saoudienne, trop dépendante du pétrole. Il a été élaboré par les experts d’une des plus grandes sociétés de consultants américaines et sa promotion fait l’objet d’une campagne de relations publiques mondiale. Il prévoit la vente de 5 % du capital de l’Aramco, première compagnie pétrolière au monde, pour alimenter un futur fonds souverain saoudien de plus de 2 000 milliards de dollars. Le plan comporte un volet d’ouverture sociale et économique du royaume.

Le 16 mai 2016 : Azali ASSOUMANI est élu nouveau président des Comores
Le 16 mai 2016, le Conseil Constitutionnel des Comores valide l’élection de Mr Azali ASSOUMANI en tant que nouveau président. Ainsi, le 17 mai 2016, l’ambassadeur d’Arabie Saoudite se rend au domicile d’Azali ASSOUMANI pour le féliciter.

26 mai 2016 : Un projet pour les Comores de demain est lancé
Comme le prince saoudien, Mohammed Ben Salman, Azali ASSOUMANI promet une émergence des Comores à horizon 2030. L’idée de faire entrer le pays dans l’émergence, Azali Assoumani l’a annoncé depuis le 26 mai 2016 lors de son investiture à cette nouvelle mandature de cinq ans à la tête de l’union des Comores.

Mars 2017 : Les Comores rentrent en guerre contre le Yémen
Moins d’un an après son élection, Azali ASSOUMANI décide de faire envoyer des « soldats » que certains appelleront mercenaires Comoriens au front de la guerre qui oppose l’Arabie Saoudite et le Yémen. Par ailleurs l’Arabie Saoudite accuse l’Iran de soutenir le Yémen dans cette guerre.
5 juillet 2017 : L’Arabie Saoudite rompt ses relations avec le Qatar
Quelques jours après un sommet à Riyad avec Donald Trump entouré de tous les dirigeants du Golfe, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l’Egypte et Bahreïn rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ils l’accusent de soutenir des groupes «terroristes» et lui reprochent des liens présumés avec l’Iran. La rupture s’accompagne de la suspension des liaisons aériennes et maritimes avec l’émirat. Quant à la seule frontière terrestre entre le Qatar et l’Arabie Saoudite, elle sera fermée.

7 juillet 2017 : Les Comores rompent leurs relations avec le Qatar
Dans la foulé de la décision saoudienne, Azali ASSOUMANI somme l’ambassadeur du Qatar de quitter le territoire Comorien, de fermer l’ambassade ainsi que de cesser toute activité aux Comores.

21 juin 2017 : Le prince héritier Saoudien concurrent est évincé
Le roi Salmane annonce la désignation de son fils Mohammed, 31 ans, comme prince héritier, éliminant de cette position son neveu Mohammed Ben Nayef. Jusqu’à aujourd’hui, Mohammed Ben Nayef, cousin et principal opposant de Mohammed Ben Salman, est toujours assigné à résidence.

4 novembre 2017: Les milliardaires du royaume sont arrêtés
Coup de filet magistral parmi les plus grandes fortunes d’Arabie Saoudite. Des dizaines d’hommes d’affaires, dont des princes de la famille royale et des nababs internationaux, sont enfermés à l’hôtel Ritz-Carlton de Riyad. Nommé à la tête d’un Comité anticorruption créé la veille et chargé de «recenser les délits et abus des biens publics», Mohammed Ben Salmane monte une opération gagnant-gagnant pour lui. En réalité, à travers cette mascarade de lutte contre la corruption, il s’opère une élimination méthodique de possibles opposants.

13 avril 2018 : le coup d’Etat institutionnel d’Azali ASSOUMANI
Azali ASSOUMANI signe un décret qui transfère les pouvoirs de la Cour Constitutionnelle à la Cour Suprême. Il est à noter que les membres de la Cour Constitutionnelle sont élus par les responsables des différentes administrations du pays (le président, les vices présidents, le président de l’Assemblé et les gouverneurs), tandis que les membres de la Cour Constitutionnelle sont nommés par le président.

22 avril 2018 : tentative de coup d’état en Arabie Saoudite
Au lendemain de violentes fusillades au palais du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane dans le district al-Khuzami de Riyad, renforce son pouvoir et élimine de potentiels opposants en incarcérant des accusés coupables d’être à l’origine de cette tentative de coup d’état.

12 mai 2018 : Sambi, principal « opposant » à Azali ASSOUMANI est assigné à résidence.
L’ancien président comorien Ahmed Abdallah Sambi, leader du parti Juwa, critique de l’actuel chef de l’État Azali Assoumani, a été placé en résidence surveillée afin de « préserver » l’ordre public, selon une décision du ministère de l’Intérieur. Aujourd’hui, ses proches s’inquiètent de ne pas avoir de ses nouvelles.

Depuis mai 2018 : succession d’arrestation de potentiels opposants aux Comores
Une vague d’arrestation et d’intimidation s’abat sur l’opposition aux Comores. Ainsi, en marge de la campagne pour le boycott du référendum, plusieurs membres ont été arrêtés ou sont toujours recherchés, comme par exemple Moustoipha Said Cheihk, Mohamed Wadaane, Ibrahim Abdourazak, les députés Tocha et Mhadji ainsi qu’Idi Boina, Ahmed Barwane, l’écrivain Said Ahmed Said Tourqui, Bahassane Said Ahmed (frère de l’ex-vice-président Djaffar Said Ahmed Ahmed), Ahmed Abdou Chakour (porte-parole du parti Juwa). On estime à près d’une trentaine le nombre de personnes détenues par les forces de sécurité.
A moins d’être aveugle et d’une mauvaise foi sans limite, nous constatons qu’Azali ASSOUMANI répète les mêmes méthodes que les Saoudiens, à savoir :
– Le coup d’état institutionnel
– Persécution de l’opposition avec des arguments plus ou moins douteux
o Accusation de terrorisme
o Accusation de corruption
o Accusation de tentative de coup d’Etat

6 août 2018 : la Cour Suprême valide les résultats du référendum du 30 juillet 2018
Les résultats définitifs du référendum constitutionnel du 30 juillet dernier ont été proclamés lundi 6 août par la Cour suprême désormais en charge des pouvoirs de la Cour constitutionnelle. Cette nouvelle Constitution concoctée par Azali ASSOUMANI et son camp, lui autorise à briguer un nouveau mandat.

Enfin, nous ne pouvons terminer cet article sans évoquer le fait que cette purge politique n’est pas uniquement destinée aux seuls politiciens, mais aussi aux journalistes. C’est ainsi que les Comores perdent 5 place au classement mondial de Reporters sans frontières. En outre, classé à la 49e place en 2018, contre la 44e place en 2017, Azali ASSOUMANI s’est donné pour objectif de rattraper l’Arabie Saoudite, classée elle à la 169e place sur un total de 180.

L’avenir semble bien sombre et incertain aux Comores, surtout dans le cadre de futures élections présidentielles prévues en 2019 (selon le planning d’Azali ASSOUMANI), probablement sans la communauté internationale. Le président en exercice n’a que faire de la communauté internationale, et semble se préparer à une véritable bataille. En outre, selon des informations non vérifiées et qui circulent sur la toile, il semble qu’il y ait une désertion de soldats au sein de l’AND, compensée par une future présence militaire saoudienne sur le territoire des Comores. Azali ASSOUMANI justifiera cette présence militaire des Saoudiens par une formation dispensée à l’AND. Il en sera rien, ce sera le moyen d’Azali ASSOUMANI de se passer d’observateurs internationaux dans le cadre du projet vol électoral. L’avenir nous le dira.
Au travers des éléments exposés tout au long de cet article, chacun se fera son idée quant à l’indépendance du pays, aux intentions du colonel Azali ASSOUMANI et à l’avenir des Comores. Ce qui est certain, c’est que plus que jamais, les Comores ont besoin de l’intelligence, de l’amour et de l’audace de ses enfants, où qu’ils soient.

Bendjadid AHAMED

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