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Azali mérite t-il de prolonger son règne ?

Opinion libre:
Allez poser cette question aux tenants de l’auto-proclamation! La réponse est claire. Azali construit les Comores et il a besoin de temps pour conduire celles-ci à l’émergence à l’horizon de 2030. Sauf qu’en démocratie, les choses ne se passent pas de cette façon; on ne peut être juge et partie. La CRC est donc coupable d’usurpation du pouvoir d’appréciation de l’action du gouvernement. Ce dernier est un droit absolu dont l’exercice revient aux comoriens.

Bientôt à mi-mandat, on peut se permettre une analyse de l’action du gouvernement d’Azali. Et très sincèrement, sans esprit politicien aucun, je ne me permettrais pas d’exiger un bilan d’Azali. On sait très bien que la fourniture de l’électricité sur la base des démarches anciennement lancées, la pose de la première première ou l’inauguration de quelques chantiers initiés par ses prédécesseurs ne peuvent être exhibés comme les signes d’un bilan prometteur susceptible de conduire les Comores à l’émergence.
Il y a là une grosse escroquerie intellectuelle digne de la CRC et érigée en méthode de gouvernement. Si l’on met de côté la propagande gouvernementale savamment orchestrée par l’ORTC et une campagne d’affichage tous azimuts, force est de reconnaître que la réalité de terrain est autre, sans nul doute beaucoup plus décevante.
Nul besoin de ressasser la pauvreté persistante, la faillite du système de soins et de l’éducation nationale, le chômage de masse, l’absence de structures économiques, le manque de création de richesses, la corruption et la mauvaise gouvernance.
Les comoriens ne sont pas dupes! Ils ne s’attendaient pas à un conte de fée, à des changements soudains, à des miracles pour leur chanter le contraire du calvaire à longueur de journées, d’antenne et de discours, et dieu sait oh combien ils en sont gavés sous ce régime.

Ce que les comoriens attendaient, bien loin des promesses de campagnes sur lesquelles Azali a dores et déjà échoué, c’est un cap, avec des signaux cohérents… Et c’est là qu’Azali ne rassure pas et le second mandat pour défendre ou poursuivre un bilan est un non sens.
Comment croire à la chanson de l’émergence sans se poser la question du fameux Plan d’investissement quinquennal? A l’arrivée d’Azali au pouvoir on nous a tant vanté ce dernier! Un plan qui prévoyait 490 milliards d’investissement en 5 ans d’Azali avec un emprunt de l’ordre de 260 milliards… On y voyait l’amateurisme et l’absence de vision du pouvoir Azali pour le pays en matière de lutte contre le sous-développement. Avant qu’Azali nous chante l’émergence, il eut été honnête qu’il fasse le point sur le PIQ. Qui n’a pas entendu parler de Loi de Finances de 2016 présentée comme ambitieuse et historique? Qu’en est le sort? Echec complet!

En réalité, Azali se fourvoie dans une analyse complètement inadaptée à la situation comorienne. La CRC pense que les Comores c’est la Grèce, c’est à dire ayant des structures économiques, mais qui connaissent une crise conjoncturelle par suite de mauvaises pratiques ou de mauvais choix économiques.
De cette confusion grotesque et ridicule naît une analyse de la situation socio-économique de notre pays qui ignore la nécessité de structures de production, de création de richesses susceptibles de faire reculer le chômage endémique de masse et de promouvoir une consommation dans le pays.
Le pouvoir Azali fait le pari dangereux, stérile et inapproprié de l’exclusivité du levier fiscal comme seule réponse au problème comorien. Mais comment dans un pays au PIB dérisoire, avec un fort taux de chômage, sans une consommation dynamique et une pauvreté criarde, le levier fiscal peut-il avoir sa pleine expression au point de contribuer à bâtir efficacement le pays? C’est sans doute une gageure pour des gens en panne de solutions.

Azali est donc loin de prendre à bras le corps le problème comorien et les indices qu’il nous envoie sont loin de rassurer… Alors on se demande d’où vient cette idée qu’il a besoin de temps… pour faire quoi?

Ahmed BOURHANE

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