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Boléro, fait il autant peur ? « On n’élit pas un chef d’Etat pour en faire un otage, un obligé un inféodé, une marionnette »

Abdérémane Abdallah Ahmed (député et président de la Commission des Affaires étrangères) et Hamadi Ahamada (ambassadeur)

Boléro, fait il autant peur ?

Abdérémane Abdallah Ahmed (député et président de la Commission des Affaires étrangères) et Hamadi Ahamada (ambassadeur)

Ne serait ce que parce que la nomination de Boléro au poste de Directeur de Cabinet du chef de l’Etat, chargé de la défense a mis à nu les raisons obscures de l engagement politique de certaines, la médiocrité du débat politique, l’archarnement à occulter la réalité et à fermer les yeux sur l’état désespérant du pays, le président ikililou a eu raison de faire ce choix.

Veritablement, rien de toute cette polémique ne semble raisonnable. On traite Boléro d’ennemi venu de l autre camp, de candidat battu aux élections présientielles, d’adversaire résolu du régime Sambi. Sa nomination serait illégitime et rien ne pourrait la justifier.

Le président aurait, selon les adversaires de la nomination, tout simplement placé le renard dans le poulailler, mis le feu à la maison. Un tel argumentaire est pitoyable et décidément de bas étage. Il est hémiplégique et métaphysique. Il n’est pas politique. Il oublie les comoriens et l’intérêt général. Il articipe de la politique du ventre. Il tourne le dos à la stabilité du pays toujours à rechercher et nécessaire effort de chaque jour our améliorer l’image internationale pays.

Contester publiquement la décision du Chef de l’Etat, lui lancer des ultimatums quand on appartient à sa majorité, c’est le désavouer publiquement, c’est porter atteinte à son autorité, c’est l’affaiblir devant l’opinion nationale et les partenaires étrangers, c’est tenter de faire croire qu’il n’a aucune autonomie, qu’il est sous tutelle. Pareil comportement ne rend service ni à l homme, ni ua chef qu’il est ni au pays qui attend de lui des décisions courageuses et souvent difficiles. Quand on appartient à une majorité politique, on reste loyal à son chef. Les débats et les états d’âme se gerent en interne mais non pas sur la place publique. On affiche devant le pays un visage d’unité, de cohésion et de rassemblement.

Mais, au-delàdu rejet d’un Boléro qui incarne, on ne peut pas le nier, la compétence et le professionnalisme, qui transpire la représentativité et l’autorité, qui sait être loyalet exigeant, c’est bel et bien le changement qui inquiète. C’est le sentiment qu’une autre orientation politique est possible, que le président peut placer au cœur du pouvoir de nouvelles équipes, expérimentées et rompues à la gestion publique, pour l’oxygéner, lui donner une voix et une image, lui imposer un rythme, de l audace et du mouvement. On conteste boléro violemment pour espérer casser ce qui se murmure comme un début de bouleversement dans l’écosystème du pouvoir. Un Boléro, c’est inadmissible mais supportable. Plusieurs Boléro, c’est fanchement la guerre.

Les contestataires ont peur de la rupture d’avec les courtisans, les cleptomanes, les prédateurs, les vendeurs de rêves, les brasseurs de vent, les parasites, la moisissure, le clan des héritiers, qui bouchent comme toujours la tuyauterie de tout pouvoir, empéchant son irrigation par un sang oxygéné, utile pour sa survie. Ils préfèrent l’anémie et l’asphyxie du pouvoir pourvu qu’ils en gardent le cadavre.

Ce qui est recherché, en vérité, dans le refus de toute nomination en dehors de la mouvance présidentielle, c’est la pérennité de l’Etat patrimonial.

Un Eta qui est le patrimoine de quelques uns, qui échappe au contrôle du peuple, qui nourrit et enrichit des cercles bien choisis, usant et abusant de la chose publique, sans crainte et sans soucis.

Alors, on rejette violemment l’ouverture possible vers la compétence, la recherche d l’expertise et le lifting nécessaire dans le cœur du pouvoir.

D’aucuns voudraient que l’on reste entre soi, entre copains de compagne électorale pour gérer le pays comme si, en un an et demi, ils étaient incapable de comprendre qu’un souffle nouveau est nécessaire, qu’une dynamique nouvelle s’impose.

En réalité, le temps de l’élection n’est pas le tempsde la gourvenance. Deux temps différents, deux moments distints. Chacun avec ses propres spécificités, ses propres exigences. Ses méthodes et ses moyens. Deux moments, par nature complétementaires ais, par pragmatisme contradictoires.

Ceux qui ont oublié cette véritable implacable, l’ont payé très cher. Le pouvoir s’est dilué, s’est évaporé et s’en allé avant terme. Aucune des méthodes pour gagner l’élection, n’est valable pour réunir la gouvernance, pour l’entourer de stabilité, pour le pérenniser jusqu’à son terme, pour lui donner une image acceptable par les partenaires.

On n’élit pas un chef d’Etat pour en faire un otage, un obligé un inféodé, une marionnette. L’élu assume seul son pouvoir, ses décisions, ses choix, dans la solitude du pouvoir. Certes, il s’entoure de conseils divers,d’avis multiples et souvent contradictoires, mais il est seul à décider face à sa conscience, fort du serment qu’il a prêté seul, devant Dieu et devant le peuple. Le président Ikililou a voulu être un relais mains non pas un robot. Il est libre de choisir ses collaborateurs. Il lui est loisible de changer de cap, s’il le souhaite, de se trouver des aliés parce que c’est le rytme de la politique.

Si le clan qui a fait campagne et gagner peut gouverner seul, tant mieux . Mais, tel n’est jamais le cas même s’il peut avoir les ressorts nécessaires. Il manquera toujours le ferment de la cohésion sociale, du consencus national global autour des choix politiques et de l action de la gouvernance. Si la majorité présendentielle pouvait gouverner seule, cela saurait et verrait.

Dans tout pays, tout gourvernant cherche la plus large adhésion nationale possible, surtout dans les Etats fragiles, étouffés par tant de défis et tant de déficits, dépourvus du souffle nécessaire pour exister. Pour notre pays, se frayer un chemin dans la mondialisation, tenir ses engagements internationaux, s’affirmer dans la compétition régionale, s’engager dans la satisfaction, des besoins les plus immédiats et les plus élémentaires de la population devient si difficile qu’iln’a pas le droit de se priver de toute énrgie, de toute bonne volonté. Au serice du pays, surtout en période de crise, tous les patriotes ont leur place. Dans cette diversité et dans cette complémentarité, chacun apportera son savoir et son savoir-faire, dans la lyauté au chef de l’Etat.

Ambassadeur Ahamada HAMADI

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