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Brésil: Bolsonaro élu, l’extrême droite au pouvoir

Jair Bolsonaro l’a emporté face à son adversaire de gauche, avec plus de 55% des voix, dimanche.

Cette campagne a coupé en deux le plus grand pays latino-américain. La jeune démocratie brésilienne a basculé lundi dans une grande inconnue avec son premier président d’extrême droite plus de 30 ans après la fin de la dictature. Jair Bolsonaro, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2019, a reçu dimanche un mandat clair avec plus de 55% des voix, devant le candidat de gauche Fernando Haddad (45%).

Une fois installé dans le palais du Planalto à Brasilia, l’ancien capitaine aura fort à faire, après la campagne qu’il a menée au lance-flammes, pour recoller les morceaux d’un pays qui s’est fracturé profondément. Le nouveau président brésilien a souhaité dimanche après sa victoire un Brésil qui soit « une grande Nation, pour nous tous ».

JairBolsonaro va succéder, pour quatre ans, au conservateur Michel Temer, qui se retire sur un taux d’impopularité historique et va lui laisser un pays mal en point et en plein doute. Le député Bolsonaro, qui n’a fait voter que deux lois en 27 ans dans l’hémicycle et n’était guère connu que pour ses gesticulations guerrières, arrive à la tête d’un pays de 208 millions d’habitants sans aucune expérience du pouvoir, comme ses futurs ministres.
Les minorités inquiètes

La liste est longue des Brésiliens qui ont de quoi être inquiets de l’avenir après les déclarations agressives du candidat Bolsonaro qui avait dit vouloir gouverner « pour la majorité, pas pour la minorité ». Dans sa ligne de mire, pêle-mêle: les Noirs, les femmes, les membres de la communauté LGBT, mais aussi les militants de gauche, les Indiens, les membres du mouvement paysan des sans-terre (MST) et d’ONG, les défenseurs de l’environnement et les journalistes.

Les plus optimistes pensent que cet admirateur de la dictature militaire (1964-85) abandonnera sa rhétorique de campagne à l’épreuve du pouvoir. Mais d’autres le voient gouverner d’une manière bien plus idéologique que pragmatique, faisant prendre un virage vertigineux au Brésil. « Il ne faut toutefois pas perdre de vue que le Brésil a une des démocraties les plus solides d’Amérique latine », note Leandro Gabiati, directeur du cabinet de consultants Dominium, à Brasila. Le pays sera également sous surveillance de la communauté internationale.

La direction que prendra la 8e économie mondiale est inconnue, sous la baguette d’un président qui avoue sa totale incompétence en la matière. Avec l’économiste Paulo Guedes, son plus proche conseiller de campagne et probable futur ministre, il « devra remettre l’économie en mouvement le plus rapidement possible, car il n’aura une marge que de six mois, ou un an », explique toutefois Leandro Gabiati.
Le dilemme du Parlement

JairBolsonaro aura-t-il les moyens de mettre en oeuvre sa politique? C’est une autre grande inconnue. « Il sera face au Congrès le plus fragmenté de l’Histoire », relève Gaspard Estrada, spécialiste de l’Amérique latine à Sciences Po. Le futur président « sera tenté de prendre des mesures très dures, sans passer par le Parlement », où il aura beaucoup de mal à former une majorité. « Il sera confronté à des exigences très vite », dit Gaspard Estrada, qui « craint des dérapages dès le début de son mandat ».

Jair Bolsonaro a dit par exemple qu’il déclarerait « terroristes » les militants du MST, mais on peut redouter également « une multiplication d’actes violents avec la permission, par omission, du gouvernement Bolsonaro ». Pendant la campagne, le candidat n’a jamais condamné les violences (dont au moins un meurtre) contre des militants de gauche, se disant « non responsable » des actes de ses sympathisants. Beaucoup craignent que la victoire, combinée au discours belliqueux de leur leader, qu’ils appellent « Le Mythe », ne décomplexe et déchaîne les franges les plus extrémistes et primaires de son électorat.
« Bonne chance »

« Les Brésiliens viennent de sanctionner la corruption généralisée et la terrifiante criminalité qui ont prospéré sous les gouvernements d’extrême-gauche… » a tweeté Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National dans la matinée de lundi. Elle a souhaité bonne chance au nouveau président, « qui devra redresser la situation économique, sécuritaire et démocratique très compromise du Brésil ».

Lexpress.fr

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