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Centrafrique : pouvoir et rebelles réunis pour négocier, Bozizé refuse de partir

8 janvier 2013

Centrafrique : pouvoir et rebelles réunis pour négocier, Bozizé refuse de partir

Le président centrafricain François Bozizé à Bangui le 8 janvier 2013 ©AFP

LIBREVILLE (AFP) – (AFP)

Le
président centrafricain François Bozizé a
clairement affirmé mardi qu’il ne négocierait pas
son départ, réclamé par la rébellion
dont une délégation se trouve à Libreville
pour des pourparlers avec le pouvoir et
l’opposition, sous l’égide des pays d’Afrique centrale.

« Je n’ai pas à négocier (mon départ),
est-ce que la rébellion représente le peuple
centrafricain ? Je n’ai pas à négocier une
fonction de chef d’Etat », a-t-il déclaré en
réponse à une question lui demandant s’il
était prêt à satisfaire les exigences de la rébellion.

« Pourquoi déchiqueter la Constitution ?
Détruire les institutions de la République, c’est
grave dans un monde où nous défendons la
démocratie.Seuls les hors-la-loi, les
mercenaires-terroristes peuvent demander cela », a-t-il poursuivi.

Il a
également fustigé « l’opposition
démocratique » qu’il a accusée de collaborer
avec les terroristes.

« J’ai perdu une bataille mais pas la guerre », a enfin
lancé le président centrafricain.

Ces déclarations tranchantes, qui augurent mal d’une
issue positive à la profonde crise qui secoue la
Centrafrique, interviennent le jour où s’est tenue
à Libreville une réunion du conseil des ministres
de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique
Centrale (CEEAC) préparatoire aux pourparlers entre le
pouvoir de Bangui très fragilisé et une
rébellion qui tient la majeure partie du pays.

Dans un bref communiqué, la CEEAC évoque « la
complexité de la tâche » qui lui est
assignée, sans préciser le calendrier des
négociations à venir pour tenter de sortir la
Centrafrique, Etat membre de la sous-région, d’un
profond conflit politico-militaire.

Une délégation des rebelles, dirigée par le
chef de la coalition Séléka, Michel
Djotodia, est arrivée la première lundi soir
à Libreville, après une escale à N’Djamena.Le Seleka réclame le départ du président
François Bozizé.

« On ne peut pas faire la guerre sans la paix et vice
versa.On est là, on va discuter, on va se comprendre.Après tout, nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes
des frères », a-t-il déclaré à l’AFP
à N’Djamena, avant de poursuivre : « Ce n’est pas moi
qui vais faire partir Bozizé, il y a une coalition et
il y a aussi l’opposition démocratique qui est là
(…) on va se retrouver et on verra ce qu’il y a lieu de faire. »

Les
délégations du gouvernement et de l’opposition
avaient quitté Bangui mardi matin pour Libreville.L’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga les
accompagne en tant qu’observateur, ainsi que d’autres
membres de la société civile.

La société civile espère le
triomphe du sentiment patriotique

« Nous espérons que, pour une rare fois, le sentiment
patriotique va dépasser toutes les autres
considérations », a déclaré à l’AFP
l’un des délégués de la société
civile, Clotaire Rodonne Siribi, du Comité de suivi des
recommandations du dialogue politique inclusif.

Lundi, le chef de la délégation du pouvoir, Jean
Willybero-Sako, s’était déclaré
« serein », estimant que les concessions du
président Bozizé, qui a proposé un
gouvernement d’union nationale et assuré qu’il ne se
représenterait pas à la prochaine
présidentielle, « avaient débloqué
beaucoup de choses ».

« Nous ne pouvons pas nous limiter uniquement au programme
DDR » (désarmement, démobilisation,
réinsertion des combattants – programme
décidé par des accords de paix en 2008 mais jamais
vraiment appliqué), a déclaré Me Nicolas
Tiangaye, le chef de délégation de l’opposition.

François Bozizé,
sur la sellette depuis la déroute de l’armée
régulière face aux rebelles du Séléka,
devrait se rendre à Libreville dans le courant de la
semaine, si les délégations arrivent à
s’accorder sur une sortie de crise qui semble difficile
à trouver.

Il s’était rendu lundi à Brazzaville, pour
préparer avec le président congolais Denis Sassou
Nguesso, dont il est proche, les pourparlers.

L’un des principaux opposants Jean-Jacques Demafouth,
arrivé mardi soir, estime que Bozizé doit venir
à Libreville : « Il ne peut pas refuser de venir.Il
sera obligé à un moment donné d’être
là.La situation est extrêmement grave »,
a-t-il déclaré à l’AFP.

Les rebelles réclament notamment le respect d’accords de
paix signés entre 2007 et 2011 avec le pouvoir, et
demandent comme condition au dialogue le
« départ » du président Bozizé.



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