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Centre médico-chirurgical de Mbeni : Entre performances certaines et attentes urgentes

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Huit bâtiments, plusieurs services et soixante-deux agents, dont sept fonctionnaires. De 2011 à 2014, une équipe de médecins malgaches avait travaillé au centre avant d’être remplacée par des locaux. «Depuis décembre dernier, Dr Mohamed Youssouf, chirurgien, travaille avec nous. La plupart des patients viennent en majorité pour la chirurgie» . Dans ce centre du nord-est de Ngazidja, tout n’y est pas que paradis, mais les satisfactions ne sont pas rares?

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Elles viennent parfois de très loin pour se faire césariser ici, à Mbéni, «car au centre hospitalier national El-Maarouf, il n’y a pas de courant», raconte Mariama Mbae, originaire de Kandzile, au sud-ouest de Ngazidja, à près d’une centaine de kilomètres de là. Elle accompagne sa soeur. Ce vendredi 23 octobre, au Centre médico-chirurgical du chef-lieu de Hamahame, une dizaine de patients attendent. Ici, depuis un certain temps, les femmes enceintes à la recherche de bonnes conditions d’accouchement se bousculent.

L’hôpital est composé de huit bâtiments et de plusieurs services, dont la chirurgie, l’odontologie, la maternité, le laboratoire et l’imagerie médicale. Il emploie au total soixante-deux agents dont sept fonctionnaires.

De 2011 à 2014, une équipe de médecins malgaches avait travaillé au centre avant d’être remplacée par des locaux. «Depuis décembre dernier, Dr Mohamed Youssouf, chirurgien, travaille avec nous. La plupart des patients viennent en majorité pour la chirurgie» confie le directeur général, Abdourahim Mbae.

Un trou de 350 francs

L’établissement dispose de deux spécialistes dont un chirurgien et un chirurgien-dentiste, plus un généraliste. Equipé de quatorze chambres d’hospitalisation, il réalise en moyenne trente interventions chirurgicales et cent consultations par mois. Le séjour revient à 10.000 fc dans les salles de confort, quelle que soit la durée, contre 500 cent pour les chambres simples. La consultation chez le généraliste s’élève à 50 fc grâce à une convention signée avec le projet Pasco et à 3000 fc chez le spécialiste. Cette convention aurait, cependant, généré un déséquilibre dans les comptes de l’hôpital. «La consultation était de 1000 fc jusqu’ici. Le projet Pasco ne contribue qu’à hauteur de 600 fc, ce qui entraine un trou de 350 fc qui se répercute sur le fonctionnement de l’hôpital», a-t-il ajouté.

Si l’on en croit la gestionnaire, Roukia Abdou Hadji, les recettes mensuelles s’élèveraient à 6 millions de francs. 3,4 sont affectés aux salaires du personnel et le reste au fonctionnement. A ce jour, les employés comptabilisent cinq mois d’arriérés de salaires.

Kamaria Youssouf, originaire de Mwadja ya Hamahame, accompagne son fils malade. Elle est là depuis 7h du matin. Subitement, le médecin interrompt les consultations pour ne s’occuper que des cas les plus urgents. En effet, un accident de la route venait d’avoir lieu quelques minutes plus tôt. Kamaria s’est finalement rabattu sur le médecin spécialiste, quitte à payer plus la consultation.

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20.000 fc, en tout et pour tout

Par ailleurs, le Pasco prend en charge la santé de la reproduction. Toutes les consultations prénatales sont gratuites. L’échographie est actuellement de 2.000 fc contre 5.000 auparavant sans qu’une compensation soit envisagée. «La femme enceinte bénéficie d’une échographie gratuite sur les quatre qu’elle doit faire durant les neuf mois. Et le bilan en laboratoire d’une femme enceinte, qui était de 8500 fc, est à 1500fc», souligne la gestionnaire. Et le patron de l’hôpital de compléter : «Rien n’est compensé et on rencontre des problèmes pour cela. Je me demande s’il ne faut pas arrêter la convention. Elle est bénéfique pour la population, mais la structure ne tient pas».

Maman Anturia vient de Wemani ya Mitsamihuli, à une cinquantaine de kilomètres de là. Sa fille a subi, ce jour-là une césarienne. ‘‘ Nous avons payé en tout et pour tout 20.000 fc», s’est-elle réjouit. Pourquoi venir de si loin? «Nous sommes allés à Moroni. C’est là que nous devions faire l’intervention, mais il n’y avait pas d’électricité. On nous a recommandé Dubai, mais comme nous n’avons pas assez d’argent, nous sommes venus ici», dit-elle. Hernie, prostate, césarienne, tous les types d’interventions sont réalisés ici. Au bloc opératoire, un bâtiment flambant neuf, c’est l’odeur d’eau de javel qui nous accueille à l’entrée. Ici, on ne badine pas avec la propreté.

Du 1er janvier au 22 octobre 2015, il y a eu 154 interventions chirurgicales, soit 50% d’augmentation par rapport aux années précédentes. Le Pasco paie les césariennes et les grossesses extra-utérus.

Dans le bureau du major du bloc opératoire, Soilih Mohamed, des blouses blanches, des documents et des appareils sont entassés ça et là. Son principal souci, c’est la rareté de l’eau.

24 heures sur 24

« Nous puisons l’eau des citernes pour remplir des bidons, ce qui n’est pas l’idéal dans un bloc opératoire. Le chirurgien se lave les mains dans un récipient», déplore-t-il. «Le chirurgien est seul et travaille 24h/24, il n y’a pas d’anesthésiste,  et au besoin, on fait appel à un spécialiste depuis Moroni ; ce qui met en danger les patients surtout ceux qui nécessitent une urgence», a-t-il poursuivi.

D’une propreté impeccable, le bâtiment dispose de deux blocs. Il manque le champ opératoire, le matériel d’anesthésie, un stérilisateur, les pinces. «Si nous avons trois cas d’intervention, nous devons attendre  pour stériliser le matériel pour la seconde intervention. Ce qui nous fait perdre du temps», regrette Soilih Mohamed.  Une partie du matériel du bloc est octroyé par la diaspora à travers l’association médico-technique pour l’aide sanitaire aux Comores. La salle de réanimation dispose de trois lits et une autre salle de réanimation est réservée aux grands brulés.

Des ruptures qui durent

Pour un service qui aide à donner la vie, la maternité peut être considérée comme le parent pauvre du centre médico-chirurgical. Il s’agit d’un vieux bâtiment en délabrement. Une petite salle exigüe équipée d’une table et d’une chaise fait office de salle d’accueil. La salle d’accouchement? Une petite chambre équipée de trois lits disposés côte à côte et qui ne sont séparés d’aucun paravent.

De ce côté si, la propreté est loin d’être la règle. La sage-femme en pleine consultation, Nadjat Abdou, déplore le manque de matériel. «Nous avons trois lits seulement dans la salle d’accouchement alors qu’il nous arrive de recevoir jusqu’à cinq femmes en travail à la fois». Par ailleurs, il n’y pas de table chauffante pour le bébé, pas assez de stérilisation ni de boites d’accouchement. Sans compter les problèmes d’électricité. «Le panneau solaire arrive à éclairer la salle d’accouchement uniquement».

Au laboratoire, on effectue de nombreuses analyses telles que la biochimie, le Nfs, l’urine, le prélèvement vaginal et autres. Parmi les difficultés que rencontre Saandani Mohamed Chakir, technicien de laboratoire, c’est la rupture des réactifs «qui peut durer jusqu’à un mois».

Abouhariat Said Abdallah

et Chaarane Mohamed / Alwatwan

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