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Commémoration Ali Soilhi, ce héros…

Le rassemblement du mouvement des Soilihistes a organisé une cérémonie commémorative lundi dernier au palais du peuple, en la présence de plusieurs autorités et d’une forte foule composée d’anciens commis de l’Etat, de citoyens lambda et de la fille du Mongozi. Rappel qu’Ali Soilihi avait pris le pouvoir le 3 août 1975, au lendemain de la proclamation de l’indépendance unilatérale le 6 juillet précédent.

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C’était un palais du peuple plein comme un œuf, avant-hier, lundi, avec plus de gens que de sièges. « Ceci révèle le sens de la gratitude du peuple comorien », a relevé Charif Maoulana, vice-président à l’assemblée nationale.
Un chant à la gloire du Mongozi a été déclamé. L’émotion était palpable, certains pleuraient. « L’histoire, comme aimait à le dire Ali Soilihi, est seul juge ». Voilà le refrain de la chanson.
Quand l’hymne national du temps d’Ali Soilihi a retenti, toute la salle s’est mise debout avec un petit moment de flottement qui a vu l’ancien président Azali Assoumani et Charif Maoulana se mettre debout, quelques secondes avant de se ressaisir et s’asseoir…
Mouzaoir Abdallah, l’ancien ministre des affaires étrangères, a confié avoir appris la chute d’Ali Soilihi alors qu’il se trouvait en mission aux Etats-Unis.
« Sur la route des USA, je me suis arrêté à Dakar pour une conférence islamique », a-t-il dit. Son ancien collègue, aujourd’hui président de l’Algérie, « qui aimait beaucoup Ali Soilihi », l’a contacté pour le charger de dire à Ali Soilihi ceci : « la France est un grand pays qui a des amitiés solides ; si votre pays continue sur cette lancée, celle-ci est capable de répliquer durement pour se défendre ».
Et Bouteflika de poursuivre : « nous nous sommes battus contre la France durant des années mais à un moment, nous avons été obligés de signer les accords d’Evian ; sans eux, nous n’aurions pas été indépendants », a raconté l’ancien chef de la diplomatie comorienne.
Une fois aux Etats Unis, vingt-quatre heures plus tard, il a appris la chute du Mongozi. Il refusera, par la suite, d’intégrer le gouvernement d’Ahmed Abdallah Abderemane malgré la demande de la France et, plus tard, de Bob Denard.

Au cours de la cérémonie, la fille de Mtsashiwa peu connue ici, a pris la parole. « Alors que je suivais un entrainement militaire à Mrodjou, je vis mon père traverser afin de se rendre à son bureau. A sa vue, les militaires se mirent debout et pas moi. Plus tard à la maison, il me fit le reproche : il me dit, quand je suis dehors, je ne suis pas ton père mais je suis le président ». Elle révéla aussi que son père qui n’avait que 60.000 francs de traitement mensuel, lui donnait 50.000 francs. « Il ne lui restait que 10.000 francs », a-t-elle dit.

D’aucuns, absents de la cérémonie, ne partagent pas l’idée de célébrer la date du 3 août. Bien que reconnaissant qu’il fut l’un des rares dirigeants comoriens à avoir eu un projet de société, il n’en demeure pas moins qu’ils lui reprochent d’avoir introduit les mercenaires dans le pays et a coupé l’élan à l’indépendance. Une autre date eut été préférable, selon eux.
« Commémorer cette date, c’est légitimer un coup d’Etat perpétré par la France. Je reste fidèle à la politique d’Ali Soilihi mais je n’excuse pas le coup d’Etat. Pourquoi pas le 29 mai, jour de son enterrement, le 3 août étant au détriment des Comores », a déclaré Abdou Bakar Boina, leader historique du mouvement de libération nationale des Comores (Molinaco).
Faïza Soulé Youssouf / LGDC

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