Le 25 juin 1977, dès 8h du matin, les rues de Moroni se désertèrent, tout le monde se dirigea vers le palais de justice pour assister à un procès historique d’un certain Soulé Boina Mdroimgu.
En effet, ce procès fut symbolique pour le jeune Etat révolutionnaire d’Ali Solihi, car, pour la première fois dans l’histoire postcoloniale comorienne, un homme, qui se définissait comme un mchwayi(magicien), assassina sauvagement un couple (Ibrahima Mze Hamadi et Moina Foutoum Salim), dont la femme était enceinte. La cause de ce crime ignoble serait de l’argent prêté à Soulé par le couple.
Ce procès, aux allures révolutionnaires (ce procès a été transmis en direct par Radio Comores qui l’avait accompagné des slogans phares de l’Etat révolutionnaire, notamment « ya renda mbi lazima ya zidjuwe », celui qui a commis un crime doit le reconnaître par un châtiment exemplaire), s’acheva par une plaidoirie étonnante de la part de « mhafidhu wahe wilaya »(le gouverneur de l’île), un certain Said Islam. Ce dernier prit la parole en mettant en exergue l’idée selon laquelle « dans le monde, quelqu’un qui a commis un crime de ce genre mérite d’être fusillé et jeté à la mer ». Du coup, Soulé fut conduit au port de Moroni, ligoté sur un poteau, sous un soleil de plomb. Quelques minutes après, trois militaires de la milice «commando Mwasi »( Mwasi est le prénom d’un soldat qui fut tué lors du débarquement d’Ajouan pour déloger l’ancien président Ahmed Abdallah) descendirent d’une voiture Datsun, et ils fusillèrent Soulé. Ensuite, son corps fut emballé et jeté au large de la mer.
Enfin, le soir de la mort de Soulé, le président Ali Soilihi prononça un discours fleuve qui consistait à démystifier la soi-disant magie de Soulé. Au cours de son allocution, il en profita pour galvaniser son régime révolutionnaire et se positionner comme le seul Mongozi wahe siyasa ya ufwakuzi(le Guide de la Révolution).
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