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Crise autour de la plage d’Itsandra-Mdjini et la Nécessité d’une réaction rapide de l’Etat

Union des Associations Itsandra-Mdijini, le 28 Mai 2012
D’Itsandra-Mdijini
B.P. : 2026, Moroni.

Objet : Crise autour de la plage d’Itsandra-Mdjini et la Nécessité d’une réaction rapide de l’Etat

Monsieur le Ministre,

Nous, Union des Associations d’Itsandra-Mdjini, avons l’honneur de porter à votre connaissance, pour toutes décisions utiles, ce qui suit et relatif à une crise naît de l’usage de la plage d’Itsandra-Mdjini.

L’affaire est très sérieuse et mérite une très grande attention. On se demande, face à l’évolution de la situation qui prévaut actuellement si nous sommes en passe de glisser dans une dictature des notables dans notre pays avec la complicité active ou passive de ceux à qui nous avons confié notre destinée collective de peuple.

En effet, notre ville est, depuis presqu’une année, devenue le théâtre d’un conflit larvé qui oppose deux générations, les notables et la jeunesse, avec comme lieu d’affrontement, la plage publique de notre localité.

A ce conflit larvé, est venue se greffer de façon sournoise, une autre dimension qui est l’instrumentalisation religieuse de la problématique de la mixité sur les espaces publiques nationales.

Gérée par l’association culturelle « Twamaya », la plage d’Itsandra-Mdjini est toujours restée un lieu de découvertes, de détente et de loisirs. Elle a toujours été publique, laïque et ouverte à tous, sans discrimination d’âge ou de sexe.

C’est à ce titre que la propreté et l’hygiène de la plage incombent à ladite association qui n’a jamais ménagé ses efforts et son engagement actif pour sa salubrité. Son attraction lui attire de nombreux usagers. D’ailleurs, l’Armée nationale de Développement l’utilise très souvent pour des exercices de culture physique.

Monsieur Mohamed Issimaila

Ministre de l’Education nationale, de la Recherche, de la Culture Des Arts, chargé de la Jeunesse et des Sports

MORONI

Ainsi, pour pérenniser cette salubrité et pallier aux maigres ressources de l’association qui ne bénéficie d’aucun apport financier extérieur, celle-ci a instauré la vente de tickets d’entrée uniquement le dimanche après-midi, jour de grande affluence, pour la modique somme symbolique de cent francs (100 fc.) comoriens.

La recette collectée sert en toute transparence aussi, à soutenir les activités sportives de notre ville, notamment le football et le volley-ball qui sont une passion et une occupation pour une jeunesse largement désœuvrée, désorientée et sans espoir.

Aujourd’hui, cette plage est l’objet d’un conflit grave larvé aux conséquences pouvant être dramatiques pour la paix civile et la cohésion sociale.

L’intervention de la gendarmerie, dimanche 27 mai courant, sans en informer l’association et sans aucune autorisation formelle d’une autorité judiciaire ou administrative identifiable, pour interdire la vente de billets et pour refouler les filles en leur refusant l’entrée à la plage a surpris. Elle pose ainsi des principes qui nous semblent inacceptables alors que pour l’usage de la plage de l’hôtel Itsandra-Beach, on paie deux mille cinq cent francs (2.500 fc.) sans que soit tenu compte du sexe des usagers. Ajoutons que les autres plages de notre pays, à notre connaissance, ne sont interdites à aucune catégorie de notre population.

Il est utile de préciser que les divisions au sein de notre ville, autour de cette question, sont très vives. L’Union des associations s’interroge sur le devenir de la jeunesse et de ce qu’elle adviendra. Nous estimons que l’Etat doit intervenir et assumer pleinement ses responsabilités. Il est garant de la paix civile mais aussi de l’image du pays. Il nous semble alors urgent d’harmoniser la position de l’Etat vis-à-vis de l’usage des espaces publics afin d’éviter des discriminations d’abord territoriales ensuite entre citoyens.

L’Etat ne peut pas laisser gérer sa responsabilité, dans de telles matières, par une notabilité et par des activistes religieux qui privilégient des intérêts non partagés par l’ensemble de la communauté et qui semblent être tournés toujours contre les femmes et la jeunesse.

Cette crise qui apparaît par intermittence, est d’origine idéologique. Ceux qui la soutiennent, la provoquent et l’entretiennent, reviennent à chaque fois à la charge pour imposer un ordre moral rigoriste qui n’est pas consacré par la constitution.

Elle pose d’une manière claire et évidente, la question de la place des femmes et des jeunes dans notre société. Si l’Afghanistan des talibans, la Somalie des Shebabs et la nébuleuse islamiste d’ici et d’ailleurs, sont un modèle d’organisation de notre société comorienne, l’Etat doit le consacrer de manière formelle, l’affirmer et l’assumer. Il n’appartient pas à des groupuscules jihadistes en attente et des notables intéressés qui ont des soutiens et des relais dans l’administration publique et dans la sphère politique d’imposer avec violence et chantage, leur vision de la société.

Notre pays n’a pas besoin d’ajouter à ses difficultés, d’autres problématiques qui l’isoleraient du monde, surtout quand elles relèvent d’une acception erronée et archaïque de notre religion commune de tolérance, d’ouverture et d’humanisme.

On peut affirmer que les investissements pour le développement et le tourisme en particulier ont besoin d’un apport extérieur qui ne peut se contenter d’une société qui fait de l’intolérance, du cloisonnement et de l’exclusion des femmes et des jeunes, un horizon et une espérance.

Il convient d’affirmer avec force que dans cette confrontation, tout est possible aujourd’hui, à Itsandra-Mdjini. Cette plage, la seule dans la région centre qui inclut la capitale, appartient à tout le pays. Elle est fréquentée par des usagers de toutes les localités du pays et des étrangers. Nous refusons alors d’inscrire cette crise à l’intérieur des frontières de notre ville. Tout ce qui peut advenir, aura des conséquences nationales et des répercussions à l’étranger.

C’est pour toutes ces raisons que nous faisons appel à l’Etat, au nom des femmes et de la jeunesse de notre pays, pour qu’une solution soit apportée au plus tôt.

Notre alerte est fondée, il ne faudrait pas que demain soit trop tard.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à notre très haute considération.

Ont signé :

Libellé Association Signature
TWAMAYA
ASIM CLUB
ASIM DSC
SANKOULE CLUB
AFDS
RACINE CLUB
ADCM
ITSANDZONI
BELOUHA
OULANGA

Copie :

Son Excellence Monsieur IkililouDhoinine, Président de l’Union des Comores

Monsieur Mouigni Baraka SaidSoilihi, Gouverneur de l’île de Ngazidja

Monsieur Anliane Ahmed, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice

Monsieur Hamada Abdallah, Ministre de l’Intérieur

Monsieur Ankili Ali, Préfet de la région Itsandra-Hamanvou

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