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Crise diplomatique dans le Golfe: L’opposition comorienne appelle au «dialogue»

Les partis de l’opposition comorienne appellent à «un règlement négocié» de la crise diplomatique qui secoue le monde arabe au lendemain de l’isolement de l’Emirat du Qatar par ses voisins du Golfe.

Le principal opposant au régime en place à Moroni, Mohamed Ali Soilihi, a appelé le chef de l’Etat comorien à ne pas créer un climat de méfiance inutile entre les Comores et l’Emirat du Qatar. Selon lui, le gouvernement comorien devrait plutôt choisir la voie du dialogue pour la recherche d’une issue heureuse à la crise diplomatique qui empoisonne «les pays frères du Golfe», selon ses propres termes.
Il faut rappeler que le Gouvernement comorien a décidé de rompre, jeudi 7 juin, les relations diplomatiques entre l’Union des Comores et l’Emirat du Qatar en s’alignant du côté de l’Arabie Saoudite, «allié de longue date», selon une déclaration officielle. La décision prise par le pouvoir à Moroni divise l’opinion comorienne, la classe politique notamment.
«Les partis de l’opposition regrettent que cette décision d’une portée à la fois historique et symbolique soit prise à la hâte dans un incroyable cafouillage sans la moindre concertation des partis politiques et des responsables des institutions de la République comme cela est d’usage dans une démocratie qui se respecte», souligne un communiqué de presse de l’opposition rendu public ce lundi 12 juin à Moroni.
«Tout en réitérant notre amitié indéfectible avec l’Arabie Saoudite, l’opposition appelle tout le monde au dialogue en vue d’une solution négociée à cette crise qui n’épargne personne», précise encore ce communiqué signé par le chef de fil de l’opposition comorienne, Mohamed Ali Soilihi. Il s’agit de la deuxième personnalité politique comorienne de haut rang à s’exprimer ouvertement contre la rupture des relations avec le Qatar après l’ancien chef de l’Etat (2006-2011), Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, très critique dans une vidéo partagée par des milliers d’internautes.
L’opposition estime que l’heure n’est ni à «la provocation» ni à «des décisions brutales», allusion faite à cette décision du gouvernement comorien de rompre ses relations diplomatiques avec le Qatar. Les critiquent n’en finissent pas aux Comores. Une crise de confiance plane entre les autorités et une bonne partie de l’opinion comorienne qui juge, à tort ou à raison, «une décision irresponsable, prise à la hâte et aux conséquences désastreuses».
Pour le chef de l’opposition, il faut encourager toutes les initiatives qui aboutiraient à un compromis et à un retour à «des relations diplomatiques apaisées et mutuellement fructueuses» entre tous les pays de la région. M. Ali Soilhi se félicite notamment de l’initiative engagée par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) sous l’égide de l’Emir du Koweït, Cheikh Sabbah Al-Ahmad Al-Jabir Al-Sabbah.

«Nous encourageons cette initiative de l’émir du Koweït », a encore précisé Mohamed Ali Soilihi. «Notre pays doit et devrait s’inscrire dans cette logique de recherche d’une solution négociée à cette crise et non à entretenir des raccourcis diplomatiques inutiles», a-t-il ajouté, appelant l’opinion à la vigilance.
Le Qatar avait abrité, en mars 2010, la quatrième grande conférence des Comores (après celles de 1982, 1992 et 2005) sur l’investissement et le développement socio-économique de l’archipel. Les investissements qataris aux Comores ont été estimés à plus de 96 millions de dollars entre 2010 et 2020. 

L’Emirat est propriétaire du plus grand hôtel du pays et de la société Salsabil, considérée comme la première chaîne de production et de commercialisation de l’eau minérale dans l’archipel. Le Qatar a mis 25 millions de dollar pour la construction de la première usine de pêche du pays et avait annoncé son intention de lancer une société agricole à Anjouan, la deuxième île des Comores. L’Emirat finances diverses œuvres de charité sur l’ensemble des îles.
Vendredi 9 juin, une manifestation contre la rupture et en soutien à l’Emirat avait rassemblé environ 300 personnes à Moroni. Le débat «des pro et des anti-rupture» se prolonge et se relaie dans les sphères socio politiques du pays. Les principaux leaders politiques comoriens sont divisés, en lisant et en écoutant leurs déclarations interposées publiées à la presse locale.
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