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« Dans mon pays, les enquêtes ont révélé une faible connaissance… »

Allocution de Son Excellence Madame AZALI Ambari, Première Dame de l’Union des Comores, à l’occasion de la Table Ronde virtuelle sur le thème « Partenariat renforcé et élargi : Levier essentiel pour l’élimination de la fistule obstétricale », placée sous le Haut Patronage et la Présidence de S.E. Lala Malika Issoufou, Première Dame de la République du Niger.

Mardi, 23 mars 2021

– Son Excellence Madame Lala Malika Issoufou, Présidente de notre Table Ronde et Chère Soeur,
– Excellences Mesdames les Premières Dames et Chères Sœurs,
– Honorable assistance, Distingués Invités,

Permettez-moi, tout d’abord, de saisir l’opportunité de cette première assise qui nous réunit quelques jours après la disparition brutale de John MAGUFULI, Ancien Président de la République Unie de Tanzanie, pour renouveler mes condoléances émues ainsi que ma profonde sympathie à notre Chère Sœur, Madame Janeth MAGUFULI ainsi qu’à toute sa famille. Que Dieu le Tout-puissant leur donne la force de surmonter cette douloureuse épreuve.

Permettez-moi, ensuite, de vous féliciter, Chère Sœur, Madame Lalla Malika, pour les bonnes dispositions prises pour assurer la tenue et la réussite de cet évènement.

Permettez-moi, enfin, de remercier le Bureau pays de l’UNFPA, pour son accompagnement dans notre participation, à cette importante Table Ronde.

Le thème qui nous réunit aujourd’hui, «Partenariat renforcé et élargi: Levier essentiel pour l’élimination de la fistule obstétricale» mérite une attention toute particulière, car elle traite d’un sujet extrêmement important qui constitue une menace pour la vie de celles qui sont censées donner la vie.

En effet, à ce jour, la fistule obstétrique continue malheureusement de faire de nombreuses victimes parmi les femmes et les jeunes filles de notre Continent et elle reste encore inconnue d’une grande partie des populations de nos pays.

Il est aussi à souligner que même quand cette pathologie est découverte, elle constitue un sujet tabou pour la patiente, dans la mesure où c’est une affection qui touche l’intimité de la femme ou de la fille, ce qui lui permet de poursuivre insidieusement son œuvre de destruction de la santé des femmes concernées.

Chères Sœurs,
Mesdames et Messieurs,

Comme nous le savons tous, la fistule obstétrique a des conséquences néfastes sur la santé et le bien-être de la femme. En dehors des souffrances physiques qu’elle entraine et notamment les infections et les insuffisances rénales chroniques, elle est également source d’isolement, de stigmatisation, d’humiliation et de rejet constants, non seulement de la part de la communauté mais aussi et tragiquement de la part des époux, du fait de l’hygiène précaire qu’elle engendre.

Or la fistule obstétricale se traite facilement si elle est dépistée et prise en charge précocement. Elle peut aussi être évitable si les mesures nécessaires sont prises pour empêcher notamment les mariages précoces et par conséquent les grossesses à risques.

Dans mon pays, les enquêtes ont révélé une faible connaissance de la fistule obstétricale au sein de la population des femmes de 15-49 ans, puisque seulement 26 % des femmes de 15-49 ans connaissent cette maladie et cette prise de conscience varie selon les caractéristiques sociodémographiques de la femme.

En effet, la proportion de femmes qui connaissent la fistule est passée d’un minimum de 17 % chez les femmes de 15-19 ans à un maximum d’environ 32 % chez celles de 35-49 ans.

Cependant, dans l’ensemble des iles, très peu de femmes déclarent avoir souffert de cette maladie, cette proportion estimée à 1,5 % varie de moins d’un pour cent chez les 15-19 ans à 3 % chez les 40-44 ans.

Il faut également noter que parmi les femmes victimes de fistules, 41,5% rapportent que les symptômes de fistule sont survenues après un accouchement et 10% après une agression sexuelle et le nombre de fistules vaginales s’avèrent plus élevées dans les groupes de femmes analphabètes, de petite taille, et ayant moins de 14 ans au premier rapport sexuel.

C’est dans ce sens que le Gouvernement comorien s’est donné comme priorité d’œuvrer en faveur de la réduction de la mortalité et la morbidité maternelles, à travers le renforcement de capacités des structures de santé, leur réhabilitation et leur équipement.

Il met aussi l’accent sur la formation du personnel qualifié à l’accouchement dont les sages-femmes, l’accès à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité notamment la planification familiale, les soins prénatals, les soins obstétriques et néonatals d’urgence, l’éducation et l’autonomisation des femmes et filles, pour enrichir leurs perspectives de vie et retarder l’âge du mariage et de la première grossesse.

Je voudrais, dans ce sens, saluer ici, l’action menée par l’UNFPA, pour accompagner notre pays dans sa politique de lutte contre la mortalité et la morbidité maternelles dont la fistule obstétricale ainsi que l’appui stratégique, technique et médical qu’il nous apporte, pour nous aider à prévenir ou guérir la fistule.

Mes Chères Sœurs,
Honorable assistance,

La situation qui se présente à nous reste préoccupante car, en dépit des efforts réalisés, la fistule obstétricale persiste encore dans nos régions.

La menace sécuritaire dans le Sahel et la pandémie de la COVID-19 sur l’ensemble du continent imposent une limitation sans précédent des mouvements et des déplacements de populations, en particulier pour les femmes et les filles, et réduit ou empêche sensiblement leur accès aux services de santé maternelle et de la reproduction, or si cette situation perdure, elle risque de compromettre les acquis obtenus ces dernières années, dans la lutte contre la fistule obstétricale.

Ainsi, parallèlement aux actions menées au niveau national, nous devons œuvrer également en faveur du renforcement du partenariat entre nos pays pour une action conjointe, et mobiliser les fonds nécessaires pour une investigation et des études approfondies, pour une bonne connaissance de la pathologie et une parfaite maîtrise du phénomène au niveau continental.

Nous devons également agir ensemble pour promouvoir l’alphabétisation dans nos pays, sensibiliser sur la nécessité de retarder l’âge du premier rapport sexuel et de la première naissance et prévenir la violence sexuelle pour contribuer à l’élimination de la fistule obstétricale.

Il nous faut, enfin, sensibiliser nos dirigeants sur l’impérieuse nécessité d’améliorer l’accès à des soins de santé sexuelle et reproductive de qualité pour mettre fin à la fistule dans notre Continent.

Nous devons apprendre les leçons de la COVID-19 qui a mis en lumière les failles de nos systèmes de santé, pour sensibiliser sur la nécessité de corriger ces failles et permettre aux citoyens de nos pays de bénéficier des soins de santé dont ils ont besoin, dans des structures dignes de ce nom.

La fistule n’est pas une maladie incurable or elle reste une menace pour nos pays, elle favorise la pauvreté en compromettant les chances de jeunes filles de mener une scolarité normale et aux femmes de mener une vie active en toute quiétude.

Alors, unissons-nous pour contrecarrer cette menace et donner une chance aux femmes et aux jeunes filles de préserver leur santé et leur dignité et de contribuer sereinement au développement socio-économique de nos pays.

Je vous remercie.

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