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Décès d’un détenu: Les prisonniers exigent le départ du directeur et du médecin de la prison

Le décès d’un détenu à la maison d’arrêt de Moroni a suscité une vive tension, qui frôlait la révolte. Inquiet de la situation, le procureur de la République, en compagnie du ministre de la Justice, s’est rendu sur les lieux pour essayer de calmer la situation. Sur place, la situation a pu être maitrisée grâce au prédicateur Djibril, qui a trouvé les mots justes pour calmer ses codétenus.
 
Placé en détention provisoire, le 16 mai dernier pour des faits d’agression sexuelle, un détenu d’une trentaine d’année a rendu l’âme, à la maison d’arrêt de Moroni, le lundi11 septembre. Il a été  frappé d’un malaise juste après avoir accompli la prière d’Adhuhr. Même si les causes du décès n’ont pas été établies avec certitude, certains estiment que le malaise en  serait la cause.
Selon le procureur de la République, Hamidou Ali Mohamed, le détenu «s’est réveillé malade et après son malaise, il est allé s’allonger et ne s’est plus jamais réveillé». Inquiets de la tournure des événements, ce dernier, en compagnie du ministre de la justice, s’est rendu sur les lieux pour essayer de calmer la situation. En effet, depuis la mort du regretté, la maison d’arrêt était en proie à une certaine ébullition. Une vive tension y régnait.
 
    Les détenus étaient sur le point de se révolter, heureusement la situation a été maitrisée grâce à l’implication du prédicateur Djibril, qui a su trouver les mots justes pour calmer ses codétenus. 
 

Les rats ne s’y inviteraient pas
Pour autant, le retour au calme ne s’est pas fait sans exigences. Ainsi, ils ont revendiqué une nette amélioration de leurs conditions de vie. Les sanitaires sont dans un état déplorable, la prison est en proie à une surpopulation, ils demandent des soins de qualité et un meilleur régime alimentaire.
«Les détenus ont également exigé le départ du directeur et du médecin de la prison car, selon eux, le décès de leur collègue est survenu suite aux négligences de ces deux hommes. Ils sont convaincus que leur codétenu est décédé car le médecin ne s’est pas déplacé pour lui porter secours».
Si le calme est revenu à la prison, l’avocat du détenu décédé, Me Abdillah M’madi Said, lui,  exige l’ouverture d’une enquête afin de connaitre ce qu’il s’est réellement passé. De son avis, il y a eu négligence, le directeur de la prison était présent quand mon client a fait le malaise, il n’a pas bougé. Le médecin de la prison a été joint à plusieurs reprises et ne s’est pas présenté, si bien que c’est une autre personne qui a constaté le décès. Pour toutes ces raisons, nous voulons que la lumière soit faite. 

Pour  Me Saïd Larifou, le décès de ce jeune homme à la maison d’arrêt n’a rien «de surprenant».  «Il y a une dizaine d’année, j’avais  qualifié cette prison de trou à rat,  avec les années et la dégradation des lieux, je suis convaincu que même les rats ne s’y inviteraient pas».
Me Saïd Larifou estime que  la famille du défunt  devrait engager des poursuites contre l’Etat car «c’est inhumain et dégradant de garder des gens dans ces conditions. Les êtres humains, qui sont gardés là-bas, sont assimilés à des animaux». Il insistera : «le degré d’humanité d’une société se mesure par rapport à l’état de ses prisons».           

Les locataires de la prison ont relevé des conditions connues de tous.
La maison d’arrêt de Moroni a connu «d’illustres» invités qui, par la suite, ont été aux affaires. Personne n’aura pensé à la réhabiliter. Autre élément de taille, depuis quelques temps, il n’y a ni administration ni service pénitencier, ses agents ayant été suspendus pour «corruption» et n’ont toujours pas été remplacés.
Ces prisonniers, qui ne sont rien que des hommes, croupissent de la plus misérable des manières. Autre fait des plus inquiétants, les médecins qui sont appelés en urgence ne se présentent presque jamais ou arrivent après la dégradation de l’état de santé du malade. Encore un autre débat.  

Mariata Moussa/Alwatwan 

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