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Destruction de mosquées : un danger pour le pays

Les mosquées sont les lieux les plus aimés de Dieu sur terre, elles sont les demeures des anges, les lieux de la miséricorde divine et les endroits où se rencontre les serviteurs et les croyants.  La première chose que le prophète Mohamed a fait quand il est arrivé à Médine était de construire sa mosquée de Médine. Tout tourné autour de la mosquée. Selon un hadith, « Les mosquées sont sur terre les maisons de Dieu ». D’après Muslim, le prophète a dit : « Les endroits les plus aimés de Dieu sont les mosquées ». Alors détruire une mosquée, c’est attaquer la maison de Dieu.
 
Pour la deuxième fois depuis le début de l’année 2017, les forces de l’ordre ont détruit à Anjouan  des mosquées appartenant à une minorité religieuse. Ces actes sont des entorses graves et inadmissibles à la législation en vigueur. Des actes graves qui auront des conséquences dramatiques à moyen et long terme sur le vivre-ensemble et la cohésion sociale. Les Comores ont adhérer a plusieurs conventions internationales qui protègent la liberté de culte. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, citée dans le préambule de la constitution comorienne, affirme en son article 17 que : « Toute personne, aussi bien seule qu’en collectivité, a droit à la propriété. ». Le préambule de la constitution comorienne dispose que le peuple comorien, affirme solennellement sa volonté de marquer son attachement aux principes et droits fondamentaux tels qu’ils sont définis par la Charte des Nations Unies, celle de l’Organisation de l’Unité africaine, le Pacte de la Ligue des Etats Arabes, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies et la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, ainsi que les conventions internationales notamment celles relatives aux droits de l’enfant et de la femme. Cette constitution proclame notamment :
    l’égalité de tous en droits et en devoirs sans distinction de sexe, d’origine, de race, de religion ou de croyance ;
    la garantie de la propriété sauf utilité ou nécessité publiques constatées conformément à la loi et sous condition d’une juste indemnisation.
 
Le Groupe de travail sur l’examen périodique universel, créé conformément à la résolution 5/1 du Conseil des droits de l’homme en date du 18 juin 2007, avait tenu sa dix‑huitième session du 27 janvier au 7 février 2014. L’examen concernant les Comores avait eu lieu à la 9e séance, le 31 janvier 2014. La délégation comorienne était dirigée par l’ancien Ministre de la Justice, de la fonction publique, de la réforme administrative, des droits de l’homme et des affaires islamiques et actuelles Président de l’Assemblée de l’Union,  Dr Abdou Ousseni. Au cours de cet examen, le Royaume-Uni avait invité les Comores à prendre des mesures dans les domaines de la liberté de religion et de l’accès à la justice. Cette recommandation fait suite à cette émise toujours par le Royaume Union en mai 2009 lors de l’examen du rapport des Comores en mai 2009. Le Royaume-Uni avait soulevé les préoccupations dont avaient fait part les organisations non gouvernementales concernant « plusieurs restrictions légales en vigueur qui restreignaient le droit des personnes appartenant à des minorités religieuses de pratiquer leur religion librement ». Le Royaume-Uni avait  recommandé de veiller à ce que les personnes appartenant à des minorités religieuses puissent pratiquer librement leur religion. Ces recommandations ont été retenues par le Groupe de travail sur l’Examen périodique universel du  Conseil des droits de l’homme dans son rapport et approuvées par les Comores.
 
Et pourtant l’ancien président de l’Union des Comores, Ikililou Dhoinine, promulgua le 8 janvier 2013 la loi du 24 juin 2008 portant règlementation générale des pratiques religieuses en Union des Comores. La Cour Constitutionnelle qui est garante, selon l’article 36 de la constitution, des droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques a validé cette loi. Dans son arrêt, elle avait jugé conforme la constitution, les principaux articles contestés de cette loi, notamment les articles 1, 2, 4 et 5. A titre de rappel, cette loi dispose qu’en matière des pratiques religieuses, la doctrine Ahli Sunnat wal Djamanna sous couvert du rite (Madhhab) Al Chafyin est la référence religieuse officielle en Union des Comores et dans les mosquées, les Imams sont tenus de s’y conformer. Cette loi interdit ainsi toute campagne et/ou propagande, pratique religieuses ou coutumière non conformes à cette doctrine. La pratique autre que la doctrine officielle porterait atteinte selon cette loi à la cohésion nationale et elle sera sanctionnée par un emprisonnement de cinq mois à un an et d’une amende de 100 000 Fc à 500 000 Fc. Cette loi autorise les pratiques religieuses telles que le Maoulid, le Dhikr, le Haouli, le Hitma, le jeune du 27 radjab, le Tahlil etc…car elles contribueraient à consolider la foi et la cohésion sociale aux Comores. 
 
Au mois de décembre 2013, 19 comoriens musulmans de rite chiite arrêtés pour « subversions, propagation d’enseignement religieux interdit au pays, trouble à l’ordre public et menace à la cohésion sociale » avaient été condamnés. Plusieurs de ces prévenus avaient été condamnés à de la prison ferme, dix mois ferme,  pour celui considéré comme étant le chef de ces chiites et des amendes de de 500 000 Fc   à 2.5 millions de Fc.
 
Depuis les gouvernements successifs ne cessent de prendre des mesures de rétorsion contre les minorités religieuses. Le 11 octobre 2016, en pleine période de fête de «  l’Achoura » pour les chiites, le Ministre de l’intérieur Mohamed  avait signé une note circulaire qui «  interdise l’organisation dans les lieux publics ou prives des festives d’un rite religieux de l’islam autre que le rites chafeite de la doctrine Ahli Sunnat wal Djamanna ».
 
Ces décisions de justice et ces mesures administratives constituent des reculs des libertés publiques et religieuses dans notre pays. Elles foulent au pied les libertés fondamentales garanties  par la Constitution. L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 citée dans le préambule de la constitution comorienne stipule que «toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion seule ou en communauté, tant en public qu’en privé».
 
La richesse de ce pays a toujours été sa tolérance religieuse et le respect des autres religions. Les pratiques religieuses des autres composantes de la population comorienne ont toujours été tolérées. Les comoriens d’origine indienne, musulmans ont toujours pratiqué leur foi avec leurs rites chiites. La minorité chrétienne de ce pays, dont faisait partie feu Me Jean Bernard Toinette a toujours vécu dans tranquillité avec la majorité musulmane de la population comorienne. D’ailleurs à la mort de Me Toinette, ces sont des centaines de comoriens musulmans qui ont participé à sa prière mortuaire à l’église de Moroni et ont accompagné le corps jusqu’à son enterrement au cimetière familial de Mitsamihouli.
 
Les comoriens ne doivent pas tomber dans l’obscurantisme qui dénature notre religion musulmane et l’intolérance qui crée des violences ici et là.

Comores droit 

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