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Détournement de fonds à l’assemblée nationale : Le président passe aux aveux

Le président de l’Assemblée nationale a reconnu le transfert de 76 millions de francs comoriens, versés en deux tranches dans le compte de l’Assemblée nationale domicilié à la Banque centrale des Comores. Cependant, à en croire Abdou Ousseni, seuls les 38 millions ont été utilisés par l’Assemblée nationale. La somme restante a été utilisée par le député Issa Soulé.

L’affaire du détournement de l’argent destiné au pèlerinage des parlementaires continue à faire couler beaucoup d’encre au sein de la représentation nationale.
Certains députés soupçonnent que les arriérés de salaires du personnel contractuel et le non versement des frais de loyer et de carburant des députés sont liés au remboursement de cette manne financière. Hier, le président de l’Assemblée nationale, Abdou Ousseni a accepté de faire ces aveux sur cette affaire louche qui ternit un peu l’image de la République.

Dans son récit de plus de 30 mn, Abdou Ousseni a raconté que le député de Bambao, Issa Soulé, est venu le voir, un jour, pour solliciter le numéro du compte de l’Assemblée nationale pour le transfert d’une importante somme d’argent qu’un ami lui aurait accordé pour le pèlerinage des élus de la Nation.

Le président de l’Assemblée lui a remis le numéro de compte, à l’en croire. Un montant équivalant à 38 millions de francs comoriens aurait atterri dans le compte. Le président a signé le chèque de 38 millions au nom d’Issa Soulé, et l’argent a été, selon toujours Abdou Ousseni, transféré du compte de l’Assemblée à celui d’Issa Soulé, domicilié à la Banque fédérale du commerce (Bfc).

Un deuxième virement de la même somme a été effectué dans le compte de l’Assemblée en provenance de la même personne. Cependant, après les conseils des députés et des doutes d’un probable blanchiment d’argent, le président de l’Assemblée a bloqué l’argent. Les trente-huit millions ont été utilisés dans le compte de budget de fonctionnement de l’institution, avec des preuves à l’appui, à savoir deux voyages à l’étranger de deux groupes de députés, l’un à Maurice et l’autre à Madagascar.

Blanchiment d’argent?

Mais le ministre des Finances a saisi le président du parlement en lui faisant savoir que ce deuxième virement a été une erreur et l’argent devait être restitué. «C’est en ce moment-là qu’il s’est permis sans mon autorisation à entrer dans notre compte et ponctuer notre budget de fonctionnement jusqu’à ce que les 38 millions soient récupérés», dixit Abdou Ousseni. Et pour celui d’Issa Soulé ? «Je ne sais pas, mais ce que je sais aucun député n’est parti au Hedj, puisqu’ils n’ont pas eu les visas», poursuivra-t-il.

Selon la deuxième personnalité de l’Etat, cet argent ne provenait pas du parlement arabe comme certains députés l’ont laissé entendre, mais plutôt d’une Ong caritative basée aux Emirats Arabes unis, dénommée Muhammad Bin Rachid. Et selon des enquêtes menées par l’Assemblée, un marocain qui travaille dans cette Ong et qui a fait ses études en Syrie avec un employé de l’Assemblée nationale connu sous le nom de Miradji pourront donner la source exacte et l’origine de cet argent.

En plus, ce Miradji est devenu le bras droit du député Issa Soulé. «C’est pour cette raison que je doute fort sur un possible blanchiment d’argent», précisera-t-il. Revenant sur la mauvaise gestion dont certains de ses collègues lui rapprochent, Abdou Ousseni a rappelé que depuis les précédentes législatives, le budget de l’Assemblée nationale a été à l’ordre de 1,2 milliard de francs comoriens, dont seuls les 600 millions ont été versés à l’assemblée à raison de 50 millions par mois. Le reste était réservé aux salaires consolidés qui ont été repartis depuis le trésor public.

Mais les 50 millions ont été programmés, dans les précédentes législatives, au fonctionnement de l’institution, sans compter les frais de logement et carburant des députés ainsi que le payement de salaires des contractuels, insérés aux dépenses de 50 millions. Selon lui, les 25 millions, soit la moitié du budget sont utilisés pour le payement des contractuels, plus 125.000 fc (par mois) de loyer et un budget de carburant mensuel pour les parlementaires. «Si accorder des emplois à la jeunesse et permettre à mes collègues députés de bénéficier des frais de logement et carburant c’est ce qu’on appelle mauvaise gestion, je vous laisse deviner et je le reconnais», dira-t-il.

Blocage du budget de fonctionnement depuis avril

Pour lui, si aujourd’hui, le personnel contractuel accuse 3 mois d’arriérés de salaire, les députés comptent, quant à eux, trois mois sans frais de logement et de carburant (avril, mai et juin), cela est dû au blocage du gouvernement qui ne verse pas, depuis le mois d’avril 2018, la subvention mensuelle de 50 millions, laquelle subvention allouée au budget de fonctionnement.

Le président de l’Assemblée informe qu’il fait partie des membres de l’institutions lésés, car depuis quatre mois, il n’a touché aucun rond de ses fonds spéciaux, ses frais de carburant et de logement. Abdou Ousseni indique qu’il a même mis les mains dans sa poche pour payer des crédits d’une valeur de 3,5 millions, effectués pour des déplacements à l’extérieur, en attendant que le gouvernement verse leurs allocations.

Il a souligné que la ponction des 38 millions a été faite entre janvier et mars, avec un versement de 30 millions le mois de janvier, 40 le mois de février et 40 le mois de mars au lieu de 50 millions par mois. Ce qui fait que le ministère a ponctué 40 millions au compte de l’assemblée, or le parlement en a utilisé uniquement 38.

Ali Abdou / Alwatwan

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5 commentaires sur Détournement de fonds à l’assemblée nationale : Le président passe aux aveux

  1. Moi j’aurais honte de dire ce qu’a dit le président de l’assemblée : naif. Un collègue qui le ridiculise de cette façon en utilisant le compte tiré à la banque centrale. Bass. Vous ne méritez pas d’être président de cette institution ; c’est facile d’accuser les collègues lorsque vous même avez manqué de clairvoyance, d’attention, d’esprit. Je pense que vous attendiez votre part.

  2. Plus rien ne surprend sur ces détournements de fond public dans notre pays de merde .
    Continuez à nous mentir , ce qui est sure et certain nous perdu la foi dans ce pays , il y aucune
    perpective d’ avenir , au lieu de nous rendre à l’ hôpital pour nous soigner , nous nous rendons
    à l’ hôpital El-manrouf pour mourir , le destin est tracé d’ avance avant même de franchir le
    portail . Au lieu que nos femmes aillent accouchées pour donner la vie , c’ est devenu pire
    puisque c’ est une allée simple dans notre centre de référence El-manrouf .

  3. Quel retour rapide d’ascenseur .Le président docteur TAISER Abdou Ousseni à l’origine du rapport sur la citoyenneté économique ciblé sur Sambi,le voilà à son tour lui et ses collègues empêtrés dans un scandale financier.Que de zones d’ombres et bientôt on finira par découvrir que l’argent provient de la mafia ou pourquoi pas des milieux islamistes.ça promet pour les jours à venir.

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