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Développement économique du nord de Madagascar: un pont avec Mayotte, une porte ouverte vers l’UE et la COI

Une forte délégation mahoraise était à Diego Suarez pour le dernier week-end de l’année 2012 dans le cadre de la coopération décentralisée, qui lie ces deux territoires depuis 2008. Le co-développement régional s’affirme d’une importance vitale pour la Région DIANA, notamment en raison des progrès de Mayotte, sa partenaire, dans l’intégration européenne

Si le bilan de la coopération inter-régionale DIANA – Mayotte est globalement satisfaisant pour l’année 2012 en raison du nombre et de la qualité des actions menées, le volume des échanges économiques reste loin en dessous du potentiel, mais cette situation devrait évoluer rapidement en raison notamment des avancées que connaît Mayotte avec notamment l’acquisition du statut de Région Ultra-Périphérique de l’Union Européenne qui en fait la porte d’entrée pour la zone de l’Océan Indien.

Un bilan encourageant

Un bilan des actions de coopération régionale menées en 2012 a été présenté le dimanche 30 décembre lors de la « journée partenariale Région DIANA Mayotte » dans la Commune Rurale de Ramena, à laquelle de nombreux élus, officiels et autorités locales des deux territoires ont participé.
Parmi les principales réalisations de cette coopération, on peut citer le chantier école mené pour la réhabilitation d’un bâtiment de l’Université Nord d’Antsiranana destiné au laboratoire de recherche informatique, sous le pilotage de la société OIDF de Mayotte. Sur le plan mobilité formation, une dizaine de jeunes mahorais ont pu suivre une formation touristique et hôtelière, par le biais du Greta Mayotte, au Centre de Formation Touristique et Hôtelière de Nosy Be (CFTHNB). Par ailleurs, en partenariat avec le lycée agricole de Coconi de Mayotte, des stagiaires mahorais ont été envoyés à la ferme de Mahatsara-Sakaramy et à Ambanja.
Aussi, dans le domaine des échanges culturels, sportifs, d’éducation et prévention environnementales, des actions fortes dans la Région DIANA considérée comme étant région pilote, tout comme la région Boeny, ont pu être introduites, avant de les étendre dans d’autres régions malgaches.
Durant les deux jours qui ont précédé cette rencontre, de nombreuses manifestations culturelles et sportives ont été organisées : concours de rollers, de danses de salon, de hip-hop, de waddah (wadrah)… Ces manifestations se sont déroulées devant la Résidence de la Région DIANA, sur la place Kabary et dans la grande salle du Palais de l’ex-Faritany. Les trois premiers de chaque concours ont été primés par la coopération et ont pu bénéficier d’un voyage organisé à Ramena pour la journée du dimanche.
L’ensemble des actions engagées jusqu’à ce jour ont été évaluées à un coût de 240 000 euros dont 77% sur fonds propres du Conseil général.
Des échanges économiques insuffisants
Daniel Zaidanï, Président du Conseil général de Mayotte a exprimé le souhait qu’une intensification des échanges et du développement des complémentarités avec la DIANA puisse avoir lieu.
Dans son allocution, le Président du Conseil Général de Mayotte a regretté que trop souvent, la coopération régionale se limite à des échanges entre partenaires institutionnels. Il a insisté sur le rôle fondamental que doivent jouer les opérateurs privés. Selon lui en effet, « les entrepreneurs et le secteur privé sont des moteurs efficaces du développement des échanges. Il suffit de constater, à juste titre, le succès des formules « B to B) (Business to Business). Je reste ainsi persuadé que c’est en offrant des opportunités aux entreprises, en leur facilitant les échanges économiques que l’on sert au mieux notre objectif d’une intégration régionale renforcée ». Mais il a également souligné toute l’importance que revêt pour lui et ses collaborateurs le développement de la coopération inter-régionale : « Dans un contexte d’urgence sociale et d’appel au développement économique, la coopération régionale est une piste éminente. C’est une voie qui ouvre des perspectives porteuses de nombreux espoirs pour les îles et pays de la zone. Mayotte en a pleinement conscience ».
Et ce ne sont pas que de vaines paroles puisque c’est cette conviction qui est à l’origine de la mobilisation du Conseil général de Mayotte en 2012 qui s’est traduite par le renforcement des échanges culturels, éducatifs, sportifs, économiques, politiques, mais également « en soutenant le partage de savoir-faire entre les hommes et femmes de la région ».
Sur le plan purement économique, Mr Zaïdani a rappelé que sur près de 400 M€ d’importations réalisées à Mayotte en 2011, seuls 18 M€ -soit moins de 5%- sont en provenance des pays de la zone Océan Indien et d’Afrique de l’Est, ce qui l’amène à faire ce constat : « les échanges économiques au sein de notre espace régional ne sont pas à la hauteur de nos ambitions. Ils sont faibles en volume et en valeur bien que notre aire régionale ait un formidable potentiel de développement et de coopération économique ».
Selon lui, le secteur le plus susceptible de développement des échanges dès cette année 2013 entre la DIANA et Mayotte est celui de l’agro-alimentaire. Mayotte en effet n’a qu’une production maraîchère marginale, et quasi inexistante en matière d’élevage bovin. Et Mr Zaïdani de rappeler que « j’ai la certitude que les produits agro-alimentaires malgaches, bruts ou à transformer, sont les bienvenus [à Mayotte]. Il sont même très attendus par les Mahorais. Qu’il s’agisse du riz, le paddy cultivé dans vos rizières, des crustacés ou autres produits. Madagascar est aujourd’hui privée de débouchés économiques qui devraient pourtant vous être offerts au vu de votre compétitivité et de la qualité exceptionnelle de vos produits agricoles ou artisanaux. Et Mayotte se prive d’emplois dans un secteur de transformation de produits agro-alimentaires qui pourrait s’avérer prometteur si nous savons investir et le structurer. Pour cela, nous devons nous concerter et nous mobiliser afin d’établir les meilleures stratégies qui respecteront des logiques gagnant-gagnant ».

Fonds européens, intégration à la COI

Parmi les perspectives de développement intéressantes pour le futur, ont également été évoquées entre autres, dès janvier 2014, l’arrivée à Mayotte des fonds et mesures structurels européens ou encore la mise en place de la fiscalité locale incluant l’octroi de mer.
Mayotte va devenir opérationnellement une Région Ultra-Périphérique de l’Union Européenne (RUP) suite à l’acceptation de sa candidature à ce titre avalisée en juillet 2012. C’est un véritable changement de statut pour Mayotte, dans la continuité de la départementalisation, puisqu’elle sera désormais éligible à l’ensemble des Fonds structurels européens afin de rattraper ses retards en matière de développement économique et social. Le Fonds Européen Développement Régional (FEDER) et le Fonds Social Européen (FSE) restent les dispositifs financiers phares de l’Europe à propos des RUP. Mais il en existe au moins six, notamment le FEADER, le FEP. C’est une manne importante qui peut permettre la réalisation d’équipements d’envergure régionale ou internationale sur le territoire mahorais. A ces aspects économiques et financiers, les mahorais renforcent en l’élargissant leur espace de liberté, de sécurité et de justice. Enfin, bien qu’éloigné du continent européen, Mayotte fait désormais partie de ce grand ensemble constitué de réseaux transeuropéens. Et grâce à la coopération inter-régionale, c’est toute la zone qui va en bénéficier.
Mr Zaïdani a enfin fait état de son souhait de voir Mayotte devenir membre à part entière de la COI, estimant « inconcevable que Mayotte, alors qu’elle sera bientôt ouverte sur Bruxelles, [ne soit] pas encore représentée au sein de la Commission de l’Océan Indien pour penser notre économie, notre environnement, notre société au sein de notre région. Donner un statut et une voix propre à Mayotte au sein de la COI élargira l’espace de discussion et ouvrira de nouvelles perspectives profitables à tous ».

Source: latribune.cyber-diego

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