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Élections : Climat de divergences au sein de la Ceni

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Mardi dernier, alors que la population était en attente (elle l’est toujours) des résultats définitifs, Ahmed Mohamed Djaza, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a tenu un point de presse au cours duquel il a confirmé qu’il y avait bien eu vote à Vouani. Vouani ou la localité de la discorde. La réaction du commissaire en charge de la planification des élections, Ali Toilib Absoir ne s’était pas faite attendre : il a convoqué à son tour un point de presse. La version fournie par le président de l’institution en charge des élections «n’est en rien comparable à ce qui s’est passé», a-t-il tonné. Après Latuf Abdou et Said MzéDafine, qui ont, pendant un long moment, été en conflit ouvert avec le patron de la Ceni, voilà que l’institution est encore secouée par une autre crise. Hail Menkerios, émissaire de Ban Ki Moon, a fait part, dans un communiqué, «de sa préoccupation concernant le fonctionnement des institutions électorales». Vous avez dit cacophonie?

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Dans un point de presse mardi, Ahmed Mohamed Djaza a confirmé la reprise du vote à Vouani. «La Ceni confirme qu’il y a bel et bien eu reprise du vote dans les deux bureaux de Vouani, après une interruption pour cause d’usurpation du matériel électoral par des assesseurs», peut-on lire dans le communiqué. La réaction d’Ali Toilib Absoir, commissaire en charge de la planification des élections, ne s’est pas fait attendre. Il a profité de la présence des journalistes sur les lieux pour donner, à son tour, un autre point de presse.

La Ceni divisée ?
Il s’est étonné que l’organe qui l’a dépêché à Ndzuani pour la supervision des élections n’ait pas tenu compte de son rapport. Il dira par la suite, «n’avoir été au courant qu’il y a eu reprise de vote à Vouani que le lundi, quand les membres de la Ceii étaient en train de procéder à la tabulation des résultats». «En tant que membre de la Ceni, je soutiens l’idée selon laquelle les élections à Vouani sont entachées de fraude», a-t-il dit. Comme si cela ne suffisait pas, Hail Menkerios, émissaire du secrétaire général des Nations Unies a lui aussi, dans un communiqué, fait part «de sa préoccupation concernant le fonctionnement des institutions électorales». «Il existe deux versions différentes des résultats pour le gouverneur d’Anjouan, cela montre qu’il y a un problème», affirme-t-il.

Divergences
Alors divisée la Ceni ? Son président, avec le flegme dont il ne se départ jamais a répondu par la négative. «Nous avons au sein de notre institution, une très grande cohésion entre nos membres, grâce à laquelle nous avons pu organiser les élections et proclamer les résultats provisoires», a-t-il répondu.

Ali Toilib Absoir ne parlera pas non plus de division, mais se gardera bien de parler de «cohésion». Il préfère plutôt le terme «divergences». Il a révélé n’avoir pas été mis au courant du point de presse du président de la Ceni. ‘‘J’en ignorais même le contenu’’, avouera-t-il. «Si j’avais été le patron de cette institution, jamais je n’aurais convoqué la presse à quelques jours de la proclamation définitive des résultats, il nous faut avoir un comportement responsable», a-t-il fustigé.
Des résultats contradictoires
Il est vrai que cette conférence a surpris tout le monde, médias comme opinion publique. Tous les regards étant braqués sur le juge contentieux électoral, ce point de presse est tombé comme un cheveu dans la soupe. «Peut-être eut-il fallu intervenir plus tôt mais il nous fallait absolument expliquer ce qui s’est réellement passé à Anjouan et plus particulièrement à Vouani», a fait savoir Djaza. Il expliquera que ce sera suite à l’entrevue entre la Ceni et Hail Menkerios que lui est venue l’idée d’inviter les journalistes. 
Réponse du berger à la bergère
Cependant, dire que «la divergence» entre Absoir et Djaza est une première dans l’histoire de la Ceni (et de ses démembrements) serait un mensonge éhonté.

On ne se souvient qu’au lendemain de la proclamation des résultats de l’élection du gouverneur de Ndzuani, la Ceii a donné deux résultats différents : le premier donnait Anissi Chamsidine gagnant quand le second plaçait Salami Abdou Salami en tête de ce second tour. Interrogé à ce sujet, Djaza dira : «les résultats qui donnent le docteur Salami vainqueur ont été proclamés sous la pression ; et pour cause ; ils étaient pris en otage par le candidat et son équipe (sic)».Sauf que l’un «des séquestrés» en la personne du secrétaire général de la commission insulaire niera catégoriquement les faits. Auparavant, c’est Said Mze Dafine et Abdou Latuf qui ont eu maille à partir avec le même président. La Ceni, épinglée dans un rapport de la Cour des comptes, les deux commissaires, avec d’autres collègues, ont tenu une assemblée générale.

Ils ont alors décliné ‘‘toute responsabilité relative à la gestion des finances de la Ceni’’en renvoyant la balle aux deux signataires des comptes, c’est-à-dire le président et le Secrétaire général de l’Institution. Réponse du berger à la bergère : Djaza accuse ces commissaires d’être minoritaires et de s’être ‘‘permis d’émettre frauduleusement un communiqué de presse au nom de cette Auguste Assemblée.’’

La bonne nouvelle est, suivez mon regard, cette nouvelle lune de miel entre Said Mze Dafine et Djaza. Les deux hommes s’entendraient actuellement comme larrons en foire. Le principal problème de la Ceni n’est pas qu’il y ait des dissensions en son sein, toute organisation peut en avoir, c’est de tout le temps exposer ses problèmes à la face du monde.

Faïza Soulé Youssouf / Al-watwan

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