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Emergence sans gouvernance n’est que ruine de l’âme !

La Stratégie de Croissance Accélérée de Développement Durable (SCA2D) offre un cadre de développement à moyen terme pour jeter les bases de la réalisation de la vision du gouvernement qui est de « faire des Comores un pays émergent d’ici 2040, respectueux des droits de l’Homme, de l’égalité de genre et promouvant l’Etat de droit ». Cette émergence a été ramenée à 2030 par le Président Azali Assoumani et elle est relatée dans tous les discours du Chef de l’Etat et tous les responsables de ce pays.
 
 
 
Dans son discours  du 6 juillet 2017 prononcé à l’occasion des 42 anniversaires de l’indépendance des Comores au palais présidentiel de Beit-Salam, le Président Azali  Assoumani a affirmé qu’il n’existe pas de définition d’émergence. Et pourtant plusieurs définitions existent.Selon l’encyclopédie Wikipédia,un pays émergent, ou économie émergente, ou encore marché émergent est un «  pays dont lePIB par habitantest inférieur à celui despays développés, mais qui connait unecroissance économiquerapide, et dont leniveau de vieainsi que les structures économiques et sociales converge vers ceux des pays développés avec une ouverture économique au reste du monde, des transformations structurelles et institutionnelles de grande ampleur et un fort potentiel de croissance » .
 
Le Centre D’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales(CEPII, 1996) définit le concept de pays émergent à partir de trois critères suivants:
 
 
 
    un niveau de richesse (revenu moyen par tête en 1996 inférieur de 70% au niveau moyen des pays de l’OCDE) ;
    une participation croissante aux échanges internationaux de produits manufacturés (croissance des exportations de produits manufacturés supérieure de 2% par an à la croissance des échanges mondiaux) ;
    une attraction exercée sur les flux internationaux de capitaux (rôle des places financières).
 
 
 
 Ainsi l’émergence est étroitement liée à la bonne gouvernance et à la     croissance économique. Et  cette croissance économique est conditionnée par  la bonne  gouvernance.
 
L’année 2013 a été déclarée année de la bonne gouvernance par l’ancien président Ikililou Dhoinine. Les six éléments constitutifs de la bonne gouvernance sont entre autres, l’obligation de rendre compte, la transparence, l’efficience, l’efficacité et la réceptivité et la primauté du droit. 5 ans après cette déclaration, le constat est amer : les éléments constitutifs développés de la bonne gouvernance ne guident jamis la gestion du pays. L’administration comorienne demeure lente, archaïque et déconnectée des besoins de la population. Elle est incapable de mettre en œuvre les orientations du Gouvernement et de produire des services de qualité au profit des citoyens. Le Gouvernement demeure sourd aux critiques formulées par la population portant sur les prestations des services sociaux de base. L’assemblée de l’Union ne joue pas suffisamment son rôle de contrôle et de législateur. Le pouvoir judiciaire est inefficace et fait l’objet de critiques acerbes. Une justice qui ne veille pas au respect de la primauté du droit. Depuis plus d’une décennie, l’Etat demeure incapable de mettre en œuvre les reformes de grande envergure touchant notamment l’administration et la justice afin de mettre fin à l’impunité qui règne et bafoue les valeurs fondamentales de la bonne gouvernance et renforce cette corruption insolente qui gangrène la société et accentue cette pauvreté qui touche presque la moitié de la population. Le pouvoir actuel parle plus d’émergence et moins de gouvernance. Il suffit de jeter un coup d’œil sur son plan d; investissment quinquennal 2016 – 2021 dominé par les infrastructures pour constater que la gouvernance n’est pas une priorité.  Le pouvoir actuel est caractérisé par le non-respect les principes qui fondent la bonne gouvernance notamment la primauté du droit. Ainsi plusieurs lois en vigueur ont été constamment contournées, écartées, violées, voire contredites par des normes inferieures. Un décret a abroge une loi. Des institutions sont mise en veilleuse  notamment la Cour Constitutionnelle, des lois adoptées par l’Assemblée de l’Union ne sont pas promulguées dans les 15 jours conformément aux dispositions de la constitution. Ainsi, ceux et celles qui sont censés appliquer et faire respecter la loi, au premier chef le premier magistrat du pays ,  continuent à être les premiers à la piétiner. Cette désinvolture de la loi est l’ennemie de l’émergence.
 
 
 
Un archipel pauvre composé de 10 iles, d’environ 530 000 habitants, disposant d’une forte diaspora, qui avait des indicateurs similaires aux Comores dans les années 90 et qui acquis son indépendance en 1975 ne figure plus dans la liste des pays les moins avancés (PMA) des Nations-Unies depuis 2008: c’est l’archipel du Cap vert. Le miracle économique de cet archipel, réside non pas sur la découverte des richesses naturelles, mais sur l’amélioration de sa gouvernance politique et économique. Le Cap-Vert d’aujourd’hui est bien différent de celui de 1975. Il n’a plus grand chose en commun avec le pays qui a acquis son indépendance en 1975 après 500 ans de colonisation. C’est à présent un pays à revenu intermédiaire. Pendant plus d’une décennie, il a connu l’une des croissances économiques les plus rapides du monde et il figure parmi les économies à plus forte croissance d’Afrique. Il se classe ainsi en 6e position sur les 17 pays d’Afrique sub-saharienne ayant enregistré les plus fortes croissances entre 1995 et 2007, avec un « taux de croissance de 7,2 % pour le PIB réel et de 5,1 % pour le PIB réel par habitant au cours de la période ».
 
 
 
Pendant ce temps,  les Comores continuent de battre les records de la mauvaise gouvernance. Le pays figure ainsi dans la queue de peloton du classement 2017 de l’ONG allemande Transparency International. Un classement qui concerne 176 pays, du plus corrompu au plus vertueux, sur une échelle de 0 à 100. Notre pays est le pays le plus corrompu de la région Océan Indien (153 e), derrière Maurice (47 e), la Tanzanie (116 e) et Madagascar (145e)
 
 
 
Le 9 décembre 2016, le monde a célèbre sans les Comores la journée internationale de lutte contre la Corruption. Le thème de la Journée était  » La corruption: un obstacle aux objectifs de développement durable ». Dans son message publié à l’ occasion de cette journée, l’ancien Secretaire Général des Nations Unies avait affirmé que le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un nouvel instrument mondial ambitieux qui vise à transformer notre monde et à bâtir un avenir meilleur pour tous. Toutefois, alors que nous nous apprêtons à le mettre en œuvre, nous devons faire face à un obstacle de taille : la corruption ». Il a ajouté que «  tous les pays sont concernés par ce problème, et il appartient à chacun d’entre eux d’y mettre fin. La corruption étouffe les peuples, les collectivités et les nations. Elle affaiblit les systèmes d’éducation et de santé, sape les processus électoraux et accroît les injustices en entravant le fonctionnement des systèmes de justice pénale et en compromettant l’état de droit. Le détournement des ressources nationales et étrangères lié à la corruption anéantit les progrès accomplis sur les plans économique et social et accentue la pauvreté. La corruption est préjudiciable à tous, mais ce sont les groupes pauvres et vulnérables qui en souffrent le plus ». L’objectif 16 des objectifs du développement durable prévoit ainsi une réduction nette de la corruption et de la pratique des pots-de-vin et la mise en place d’institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux.
 
 
 
 
La corruption est un phénomène social, politique et économique complexe, qui touche notre pays. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale. Elle s’attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l’État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l’unique fonction réside dans la sollicitation de pots-de-vin. Elle ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements directs à l’étranger et en plaçant les petites entreprises dans l’impossibilité de surmonter les « coûts initiaux » liés à la corruption.
 
 
Ainsi, une émergence aux Comores sans une amélioration de la gouvernance du pays n’est que ruine de l’âme !

Comores droit 

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