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Entre les Comores et Mayotte(comorienne) se rejoue en miniature la tragédie des migrants en Méditerranée

La formule est choc. «C’est une copie carbone de la situation en Méditerranée», affirme la BBC dans un reportage. Comprendre par là que le drame de l’immigration clandestine entre les îles des Comores et le département français de Mayotte, dans l’océan Indien au large du Mozambique, touche cette région du monde depuis des années et cela bien avant l’écho médiatique de la crise migratoire qui touche actuellement la Méditerranée et son bassin.

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Dans l’océan Indien, l’immigration clandestine vers Mayotte, où le niveau de vie est beaucoup plus élevé que sur les îles des Comores, est forte depuis 1995. À cette date, le premier ministre français, Edouard Balladur, avait décidé de rendre l’obtention d’un visa obligatoire pour les Comoriens voulant se rendre à Mayotte. Alors qu’entre 1975 – date à laquelle Mayotte a décidé de rester rattachée à la France contrairement aux autres îles de l’archipel des Comores – et 1995, les habitants des Comores pouvaient voyager librement à Mayotte sans visa (pour une période maximale de trois mois).

Environ 20.000 expulsions en 2014
Conséquence, depuis 20 ans des milliers de Comoriens tentent chaque année de rejoindre, à bord d’embarcations de fortune, l’île française.

«Nous avons la triste réputation d’avoir l’un des plus grands cimetières marins au monde», a confié à la BBC Anissi Chamsidine, gouverneur de l’une des trois îles principales des Comores: Anjouan. Selon lui, plus de 50.000 Comoriens sont morts en mer depuis 1995 et cela, «dans le silence coupable de la communauté internationale et de la France». «C’est de l’indifférence à la souffrance humaine», ajoute t-il.
Pour se rendre compte de l’échelle de l’immigration clandestine entre les Comores et Mayotte, il suffit de regarder les chiffres. En 2014, les autorités françaises ont expulsé environ 20.000 migrants comoriens selon les chiffres dévoilés par la préfecture de Mayotte, et 100.000 demandes de permis de travail sont enregistrées chaque année (pour 18.000 dossiers acceptés). Et l’année 2015 sera sans doute du même acabit. Fin août, près de 12.000 expulsions avaient déjà été ordonnées.

Contrairement aux Syriens ou aux Erythréens qui tentent par tous les moyens de rejoindre l’Europe, les Comoriens ne fuient pas un pays en guerre ou une dictature qui menace leur vie: la principale raison de leur exil est économique. Mais des milliers de Comoriens ont disparu en mers depuis 20 ans, et c’est tout aussi dramatique que les morts en Méditerranée.

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