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Esclavage en Libye : « Il ne faut pas être naïf et faire semblant de tout découvrir », estime Jean-Marc Ayrault

Le président de la « Mission de la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions » prend la parole concernant les récentes révélations de CNN, et défend l’idée d’une Fondation pour la mémoire de l’esclavage, dans un entretien à La1ere.fr.

Premier ministre et ministre des affaires étrangères sous le quinquennat de François Hollande, Jean-Marc Ayrault est depuis quelques mois à la tête de la « Mission de la mémoire pour l’esclavage, des traites et de leurs abolitions ». Le scandale dévoilé par CNN l’a profondément indigné. Toutefois, l’ancien maire de Nantes n’est pas surpris. 
    « Malheureusement il faut savoir que ça existe. Il ne faut pas être naïf et faire semblant de tout découvrir. Les Nations-Unies évaluent les personnes en situation d’esclavage, de travail forcé -sexuel ou non-, à 20-30 millions. Difficile d’avoir un chiffre précis mais ça donne la quantité du problème à l’échelle de l’humanité. On en a pas fini avec l’esclavage ».

A noter que certaines associations et organisations avancent des chiffres bien plus élevés que Jean-Marc Ayrault. Anti-Slavery International évoque par exemple 40,3 millions d’esclaves modernes (victimes de travail forcé, de déshumanisation, de restrictions à la liberté de mouvement).
Faire intervenir le HCR

Peu de solutions ont jusqu’à présent été mises en avant pour remédier au problème de l’esclavage en Libye. Jean-Marc Ayrault préconise une intervention rapide du Haut-Commissariat aux Réfugiés, associée à une augmentation des moyens alloués à l’institution.

    « La Libye n’a pas de véritable Etat depuis la chute de Kadhafi, elle est dans une situation encore pire, ce qui peut amener énormément d’exactions. Il est important que le HCR puisse intervenir partout en Libye, et surtout qu’on le dote de moyens. Si une décision devait être prise au niveau européen, ça pourrait être celle-là. Ce n’est pas la seule chose qu’il faut faire, mais celle-là pourrait être faite vite. »

Le soutien à l’Afrique

Au-delà de la solution à court-terme, Jean-Marc Ayrault évoque également le soutien financier et humain octroyé à l’Afrique. L’enrayement de problèmes comme l’esclavage passe selon lui par une augmentation de ce soutien.
    « Cela passe par des décisions courageuses et des moyens. Je pense en particulier à l’engagement que la France doit encore amplifier et que l’Europe doit également porter qui est celui du soutien à l’Afrique dans son énorme défi de développement. Les sociétés civiles africaines sont considérables, leurs jeunesses ont énormément d’idées. Il faut qu’elles se sentent reconnues et soutenues. Je pense que nous avons un rôle à jouer qui est très important. Nous le jouons déjà mais nous pouvons faire encore mieux. »

La Fondation de la mémoire

Jean-Marc Ayrault a enfin évoqué la « Fondation pour la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions » qu’il souhaite mettre en place. Le projet pourrait se décliner sous forme de lieu de mémoire, de centre de ressources qui pourrait soutenir des initiatives de recherches, d’évènements et de rencontres. Face aux critiques sur le caractère clivant que pourrait avoir une telle initiative, l’ancien Premier ministre a tenu à mettre en avant l’objectif de fédérer les Français autour d’une histoire commune.
    « Pour la jeunesse française, notamment d’origine ultramarine ou africaine, il y a le besoin de connaître ses racines et son histoire. L’occulter c’est affaiblir cette capacité à trouver sa place dans notre société. Il est aussi important que la République n’ignore aucune discrimination ou souffrance, et qu’elle donne en même temps à chacun sa chance. Ce n’est pas pour chercher à culpabiliser ou diviser, mais pour rassembler. Plus nous sommes clairs sur notre histoire et sur nos responsabilités, plus on est forts aussi pour affronter les défis du futur. L’objectif est de réconcilier les mémoires, pas de faire la concurrence des mémoires. »

La France et l’aide publique au développement

A l’heure actuelle, la France est le cinquième contributeur mondial d’aide publique au développement avec 8,1 milliards d’euros donnés chaque année. 45% des aides sont destinées à l’Afrique. La France ne respecte cependant pas la résolution adoptée aux Nations-Unis en 1970, visant à ce que chaque pays économiquement avancé reverse 0,7% de son PIB dans les aides au développement.

La1ere.fr

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