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ETA prêt à négocier en vue de sa dissolution

Le groupe séparatiste basque ETA s’est dit prêt à négocier avec la France et l’Espagne en vue de sa « dissolution », un an après avoir annoncé la fin de quarante ans de lutte armée et alors que l’indépendantisme choisit désormais la voie politique. Dans un communiqué publié dimanche 25 novembre par le journal basque Gara, l’organisation veut discuter des « formules et délais pour ramener à la maison les prisonniers et exilés politiques basques, (des) formules et délais du désarmement, de la dissolution des structures armées et de la démobilisation des militants d’ETA, et (des) étapes et délais pour démilitariser ». Ce processus permettrait, selon elle, de mettre en application « la fin de la confrontation armée » annoncée le 20 octobre 2011.

Jusque-là, toutefois, ETA n’avait promis ni son désarmement ni sa dissolution, réclamés par l’Espagne et la France. Le groupe basque, réduit à quelques dizaines de membres actifs encore en liberté après les arrestations menées ces dernières années, essentiellement par les polices espagnole et française, propose samedi un « agenda de dialogue ». Il assure que les gouvernements des deux pays ont « une connaissance exacte » de sa position et se dit prêt à « écouter et analyser » leurs propositions. Un accord avec eux « mènerait à la fin définitive de la confrontation armée », assure ETA.

L’ESPAGNE « NE NÉGOCIERA PAS »

Placée sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis et l’Union européenne, ETA est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes. Son dernier attentat sur le sol espagnol remonte à août 2009. Elle réclame régulièrement un dialogue avec les gouvernements espagnol et français et entend faire de ses prisonniers, au nombre d’environ 700 dispersés dans des prisons des deux pays, le levier d’une éventuelle négociation.

En novembre 2011, le groupe s’était dit prêt à « prendre des engagements » sur un calendrier de désarmement, en échange d’une amnistie pour tous ses prisonniers, une proposition fermement rejetée par Madrid. L’Espagne « ne négociera pas avec ETA », a encore affirmé récemment le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, juste après le dernier grand coup porté à l’organisation, avec l’arrestation en France d’Izaskun Lesaka, considérée comme l’un des chefs du groupe, et d’un de ses lieutenants, Joseba Iturbide.

PARIS S’EN REMET À L’ESPAGNE POUR CONDUIRE LE PROCESSUS

A Paris dans l’entourage du ministre de l’intérieur, Manuel Valls, on rappelait samedi soir la position de la France, selon laquelle « aucune négociation n’est possible » avant « une dissolution préalable » d’ETA et « un dépôt des armes ». L’entourage du ministre invitait également à prendre cette annonce « avec prudence », en rappelant que la « coopération franco-espagnole a payé et a totalement affaibli ETA, même si des etarras armés sont encore dans la clandestinité ». On ajoutait qu’« il appartient aux Espagnols de conduire le processus jusqu’au bout, notamment en ce qui concerne les prisonniers ».

L’affaiblissement de l’ETA a ouvert la voie à une percée politique de la gauche indépendantiste basque, qui s’est démarquée depuis deux ans de la violence et qui est arrivée deuxième aux élections régionales au Pays basque le 21 octobre, sous la bannière de la coalition EH Bildu.
Cette mouvance, qui est également représentée désormais au Parlement espagnol, n’a cessé de gagner en influence politique ces dernières années et réclame un infléchissement de la politique pénitentiaire du gouvernement envers les détenus de l’ETA.

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