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Etats-Unis: Un policier pointe une arme à feu sur une fillette de 3 ans

Des policiers avaient pointé leur arme sur la petite Davianna Simmons et sa grand-mère tout en brutalisant sa mère après être entrés par erreur dans sa maison. La famille de la petite fille, qui souffre d’un important stress post-traumatique depuis l’incident, a été dédommagée de 2.5 millions de dollars en grande partie pour son traitement médical.

Certains observateurs cherchent à tout prix à justifier les bavures policières contre des Noirs aux Etats-Unis. Lorsque ces derniers ne sont ni coupables d’un crime ni même de la moindre provocation, la faute est renvoyée sur les criminels noirs. Les fautes de ces derniers donnerait une légitimité aux policiers pour aller traiter comme des criminels tous les citoyens leur ressemblant. La police, dans l’obligation d’agir vite face à des individus potentiellement dangereux, serait dans son droit de les brutaliser.

Les Noirs refusant d’accepter ce type de positionnement seraient de vilains communautaristes incapables de dépasser leur dégoûtante vision tribale héritée des gènes de leurs ancêtres africains (sic) au profit de l’universalisme antiraciste de la nation américaine. Pour atteindre ce dernier, une seule solution s’imposerait aux Noirs : dénoncer tous les Noirs criminels comme responsables de l’ensemble des maux de la société, tout en niant constamment l’existence d’un quelconque racisme blanc envers les Noirs, comme si cette approche n’était pas aussi partiale que le tribalisme…

Aux défenseurs de ce type de visions, on aimerait soumettre le cas de la petite Davianna Simmons. En 2013, une unité de police effectuait un raid dans l’appartement où elle résidait dans la ville de Chicago. L’objectif était de saisir de la drogue supposément cachée dans l’appartement et d’arrêter la mère de Davianna Simmons apparentée au criminel.

A cette occasion, des policiers, qui avaient déjà arrêté le dealer sans trouver de drogue ou d’armes à feu chez lui, ont défoncé la porte de la maison des Simmons au lieu de frapper et d’annoncer leur présence. Ils ont brisé tables, des chaises, télévisions et autres objets, pris pour eux 700 dollars en liquide ainsi que des bijoux appartenant à Aretha Simmons, la mère de Davianna.

Mais le plus grand dommage infligé à la famille Simmons ne fut pas matériel. Lors du raid, les policiers pointèrent une arme à feu chargée sur la poitrine de la petite Davianna, une autre sur la tête de sa grand-mère et menottèrent sa mère tout en la brutalisant.

Quelques temps plus tard, Aretha Simmons fut innocentée des accusations la liant à Alonzo McFadden, le dealer incriminé.

A cause de cette erreur et de ces exactions policières toutefois, la petite Davianna Simmons, une petite fille décrite comme joyeuse avant l’incident, souffre depuis cinq ans de réguliers cauchemars la nuit, hurlant en pleurant « Les policiers sont là! » ou « Ils sont là! ».

Le Dr Niranjan Karnik, un pédopsychiatre ayant traité Davianna Simmons après l’incident l’a décrite comme « l’un des pires cas de trouble du stress post-traumatique infantile » auquel il lui ait été donné d’être confronté.

On peut se demander quelle justification trouver à un policier pointant une arme à feu sur la poitrine d’une fillette de trois ans. On a beau chercher, mais on ne trouve pas.

On peut pointer du doigt les comportements criminels des jeunes et moins jeunes Noirs Américains et s’interroger sur le rôle de leur mauvaise éducation dans celle-ci.

Mais une démarche honnête consisterait aussi à s’interroger sur l’influence des violences policières illégitimes ayant eu lieu dans leur jeunesse dans leur environnement immédiat.

Entre 2012 et 2015, 1/10ème des injustices réglées à l’amiable par la ville de Chicago concernait des jeunes de moins de 18 ans. Ce chiffre montre vraisemblablement la partie cachée de l’iceberg.

La famille de Davianna Simmons, elle aussi s’est vu dédommager par la police de Chicago de 2,5 millions de dollars à quelques heures du jugement issu de la plainte déposée par sa mère. 1 de ces 2,5 millions seront reversés à Davianna, principalement pour son traitement. Nombre de victimes au même profil que Davianna Simmons ne disposeront pas d’un tel traitement et ne guériront peut-être pas de leur stress post-traumatique. Celui-là les conduira peut-être à commettre d’autres crimes, comme certains vétérans de guerre sont innocentés de crimes à cause de troubles similaires. Il s’agit là d’une explication en tous cas moins ridicule que celle qui les expliquent par un « gène africain » de la criminalité et de la solidarité tribale…

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media

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