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Faux diplômes: « la guerre doit être sans merci »

Se procurer un faux diplôme, l’idée est devenue une banalité aux Comores. On connait tous ces cadres qui ont des postes enviables et stratégiques mais dont le parcours scolaire et universitaire est parsemé de tricherie, ces médecins tueurs et cupides, ces juges et ces avocats véreux et dont l’authenticité des diplômes est sujette à caution, ces enseignants faux diplômés qui tirent le niveau de leurs élèves vers le bas. Ces secrétaires arrogants et condescendants, solidement protégés par le système mais incapables de rédiger un courrier, d’élaborer un rapport, d’accueillir avec sourire attention. Ces journaliste fayots et complaisants dont les papiers se limitent souvent à relater des faits sans un brin de critique. On se tait parce qu’on les connait, parce qu’on les côtoie tous les jours, parce que le pays est d’une grande proximité sociale qui ouvre la porte à toutes les bêtises, à toutes les énormités. Il y a trois ans ou quatre ans, j’ai été profondément choqué de voir au lycée de Moroni un Monsieur, dont je tais le nom ici, y enseigner le français alors qu’il n’a même le bac. Qui l’avait recruté ? Sur quelle base ? Combien d’élèves a-t-il massacrés ? Combien de bêtises a-t-il racontées à ses « élèves » ? Evidemment avoir un diplôme authentique n’est pas gage de savoir, d’érudition mais tout de même : le pays a presque touché le fond et cela a un nom : le laxisme ordurier et l’incurie généralisée. Après eux le déluge, et ce que deviendront ces masses écrasées et humiliées, courageusement diplômées mais condamnées à errer de bureau en bureau comme une âme en peine, et qui ne connaitront jamais le goût d’un travail, d’un salaire, d’un découvert, leur importe très peu. Ils savent créer le bordel, et cela fait partie de leur identité. Ils s’en délectent même : c’est assez facile de pêcher en eau trouble, d’ailleurs.

COMORES TELECOM, qu’on se le dise, n’est pas l’unique structure étatique qui emploie des faux diplômés. Un vrai et sérieux travail d’authentification des diplômes mettrait à la porte des milliers d’agents du public mais aussi du privé. Beit-salam aurait même les allures d’un château abandonné, hanté.

Trop c’est trop : protéger un faux diplômé, c’est une insulte à l’intelligence et au courage, c’est tuer sans vergogne l’espoir d’une famille qui a dû se saigner aux quatre veines pour financer les études de son enfant. J’ai en tête les souffrances que j’ai endurées pour apprendre, pour valider mes diplômes et j’ai à la fois du dégoût et de l’antipathie envers les tricheurs. Protéger un tricheur, c’est enterrer vivant un avenir professionnel et social, c’est cracher à la figure de ces milliers d’enfants comoriens qui ont dû travailler dur, dans l’honnêteté et la persévérance, pour valider des connaissances, des diplômes mais condamnés à vivre éternellement dans la peur et l’anxiété, réduits au seul rôle d’assister tristement à cette tyrannie de la médiocrité. Protéger un tricheur, c’est condamner la méritocratie à l’ineptie, à l’inertie, aussi. C’est aussi ériger la bassesse et la médiocrité en valeurs sociales.

Il est temps qu’on fasse le ménage, qu’on nettoie les écuries d’Augias. La lutte doit être impitoyable face à ces personnes qui ne cherchent que la facilité. L’État, pour espérer endiguer en partie ce fléau, doit, sans délai, mettre en place une commission d’authentification et d’équivalence des diplômes, avec à sa tête des hommes intègres, et valeureux, qui ont eu à valider en toute honnêteté leurs diplômes, et qui ont le haut sens de la probité et de la morale. Parce que cela parait si idiot de demander à des tricheurs, à des fainéants, à des faussaires d’être justes et scrupuleux, d’être conformes à la morale et du bon sens, d’agir en toute impartialité. Un malfrat restera toujours un malfrat : il créera toujours un climat qui fera le lit de l’injustice et de la prédation.

Mais mettons fin aux mentalités clientélistes, népotiques : la vérification de l’authenticité du diplôme doit se faire avant toute embauche. Cela doit être un préalable inaliénable, donc indiscutable pour enfin valoriser la méritocratie.

Abderemane Ali, enseignant de Français

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7 commentaires sur Faux diplômes: « la guerre doit être sans merci »

  1. tu crois que tu es le seul à avoir du dégoût pour ce qui se passe dans notre pays. Moi, pour ma part, j’ai quitté l’enseignement car on mettait des notes sans mérite et quand je réclame, on me qualifiait d’imposteur. La seule chose que j’aime dans ma vie c’est la concurrence donc, si cela est une réalité ce que fait, le gouvernement de se débarrasser des faux diplômes, j’en courage fortement et chaleureusement l’initiative. Comme cela, nous verrons le développement de notre chair pays que nous aimons tant malgré.

  2. Vous êtes en retard Monsieur. Monnaie courante. Tout le monde est tricheur. À la présidence,je connais un faux bac, qui prend à l’étau les comoriens. C’est la résultante de Anda, Machouhouli. Une culture pour valoriser le banditisme. Ne parlez plus de Azali qui a correctement suivi sa scolarité. Le pauvre se trouve entouré de ces bandits, qu’il ne peut jamais les identifier et on l’accuse de tous nos malheurs. Vous mangez, dansez, dormez avec ces bandits, faux diplômes, menteurs, hypocrytes, changeurs de vestes, etc. Courage!

  3. n’ écrit pas de connerie ou d’ anerie , monsieur l’ enseignant de français, ni l’ un , ni l’ autre , nous savons que depuis l’ Afrique est devenue indépendante de 1960 jusqu’ à nos jours, l’ Afrique est atteinte des maladies de corruptions, ni les présidents ni les autorités, tous, touts,nous savons que l’ affaire de Comores Télécom , ce sont des problemes POLITIQUES ET intimidations . prenons les Annéés du feu AHMED ABDALLAH ABDEREMANE,il y a ce qu’on appelle : UNU NDO WUMWANA WAHATRU, ON l’ offre BAC gratuit et Bourse , pour aller continuer ses études à l’ ex-terieur

  4. bonjour ,votre discours est bien tres bon mais ce que vous demandez ou souhaitez par la suite ne se réalisera jamais si c’est aux comores car ce sont ces tricheurs(ses) et universitaires qui cautionnaient à leurs examens pour leurs diplomes que je connais qui détiennent les postes clefs(procureurs ,juges,avocats ,directeurs,….etc) dans le système comorien et donc ne rateront jamais l’occasion de s’enrichir .je ne vous dis pas d’oublier ce rève mais c’est de l’utopie dans ce pays.

  5. Bonjour,
    Je pose ma candidature auprès des autorités comoriennes aux fins d’examiner très attentivement la validité de prétendus faux diplômes.
    Car manifestement, il y a beaucoup de tricheries dans ce domaine.

  6. Moi,je n’est jamais aimé Azaly et je n’ai jamais embrasse sa politique pour le redressement du pays.Mais cette foi-ci je suis totalement avec lui même je pense qu’il a commencé à revenir à la raison parce que le vraie emergence commence tout d’abord par la valorisation des nos diplômés. degager tous les faux diplômés à nos sociétés d’etat et la fonction public c’est une grande projet pour le redressement de nos pays.

  7. Tu oublies que ceux qui nous gouvernent sont les premiers tricheurs , alors comment espérer du sérieux dans l’autenthicité . Kiki même a des faux diplômes et c’est connu par tout le monde et bcp d’autres dans le gouvernement . Tant que le pays ne se dote pas d’une justice impatiale alors tous ses mesures voueront à l’échec .

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