L’Union Africaine veut sécuriser la contribution statutaire régulière de chaque pays membre pour son budget de fonctionnement. Un budget qui pour l’instant, dépend à plus de 80% de bailleurs internationaux. Une mission technique de l’organisation continentale a séjourné à Moroni du 3 au 7 avril 2018 pour inciter les autorités comoriennes à adopter le nouveau mécanisme. La création d’une taxe de 0,2% sur les produits importés hors Afrique pour prévenir les arriérés.
L’ambassadeur des Comores auprès de l’Union Africaine à Addis-Abeba, Assoumani Youssouf Mondoha a conduit une mission technique de l’UA à Moroni. Une délégation venue faire la promotion du nouveau mécanisme préconisé par Addis-Abeba.
D’emblée le diplomate comorien situe les enjeux. Il reconnaît que les décisions de l’organisation continentale « sont influencées » par les bailleurs internationaux, l’Union Européenne en tête, qui assurent « plus de 80% » du budget. « Il n’y aura pas une véritable indépendance tant qu’on n’aura pas une autonomie financière ».
Alors comment l’UA compte-t-il s’y prendre ?
Un nouveau mécanisme de contribution est né à l’initiative des chefs d’Etats membres de l’organisation. Il consiste à créer dans les pays membres une taxe de 0,2% sur les produits importés dehors de l’Union Africaine.
22 pays ont déjà adopté ce nouveau système en prélevant une taxe sur le sucre au Rwanda par exemple. Les Comores sont à la traîne, Ce qui explique l’assistance technique de la mission. La contribution de l’Union des Comores est de 96 000 dollars par an, et contrairement à d’autres institutions « nous sommes à jour » d’après M.Mondoha.
« Chaque pays détermine une liste de produits sur lesquels, on peut prélever cette taxe. Ici, nous allons, par exemple, taxer les voitures de luxe, alcool ou tabac ». L’argent est prélevé à la source (la douane) pour un compte spécial ouvert à la banque centrale et dédié à l’UA. « Cette taxe ne vient pas rajouter le barème de contribution déjà existant, non. Ça vient aider le pays à se doter d’un mécanisme sûr et une sécurisation de l’argent collecté pour pouvoir payer à temps. Une sorte de garde-fou pour lutter contre les arriérés qui non seulement pénalisent le fonctionnement de l’organisation, mais n’honorent pas les pays concernés ».
En plus de la taxe de 0,2% les pays membres de l’Union Africaine doivent faire face à une contribution supplémentaire appelée « fonds de la paix ». « Nous devons assurer nous-mêmes les opérations de maintien de la paix au lieu de toujours compter sur les autres », justifie l’ambassadeur auprès de l’UA, avant de préciser que les Comores paieront entre 600 et 700 dollars par an.
Une hausse des taxes douanières effectuée lors de la loi de finances rectificative au dernier trimestre de 2017 a fait couler beaucoup d’encre, une nouvelle taxe (même décidée par l’ensemble des pays membres de l’UA) sur un produit quelconque ne risque-t-elle pas de jeter de l’huile sur le feu ?
Toufé Maecha/Masiwa
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