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France : la famille de l’Ivoirien Mahé nie qu’il était un dangereux "coupeur de route"

4 décembre 2012

France : la famille de l’Ivoirien Mahé nie qu’il était un dangereux « coupeur de route »

Me Fabien Ndoumou, avocat de la famille de Firmin Mahé, devant la cour d’assises au palais de justice à Paris, le 27 novembre 2012 ©AFP

PARIS (AFP) – (AFP)

Les
militaires français jugés à Paris pour
l’avoir tué dans son pays n’ont aucun doute, l’Ivoirien
Firmin Mahé était un criminel, un « coupeur de
route », même si des proches de la victime sont
venus d’Abidjan pour affirmer lundi devant la cour d’assises
qu’ils avaient éliminé un innocent.

L’audience s’est achevée lundi soir sur un
rebondissement : trois proches qui étaient bloqués
jusqu’alors à Abidjan par des problèmes
administratifs et assistaient pour la première fois au
procès, ne l’ont pas reconnu sur une photo prise par
les militaires peu avant sa mort.

« Aucune de ces personnes ne reconnaît la personne
dont elle serait le frère, le cousin, la compagne »,
a constaté un avocat de la défense, Jacques
Trémolet de Villers, avant de demander à la cour,
comme ses confrères, de les déclarer irrecevables.

La cour rendra sa décision sur ce point mardi matin.

« Mahé, c’est un parent à moi, il venait faire
des travaux de plomberie chez moi, ce n’est pas un coupeur
de route.C’est un mensonge », a déclaré
Madeleine Monahin, 62 ans, appelée à la barre en
tant que témoin.

Pasteur, elle s’occupe du fils de Firmin Mahé, qui a 8
ans et n’est pas venu parce qu’il est à l’école,
a-t-elle dit.

Quatre militaires français, anciens membres de la force
Licorne en Côte d’Ivoire, sont jugés depuis le 27
novembre pour le meurtre de Firmin Mahé,
étouffé le 13 mai 2005 avec un sac plastique alors
que, blessé à la jambe, il était
transporté dans un véhicule blindé entre
Bangolo et Man, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

C’est du mensonge !


Les quatre accusés sont le colonel Eric
Burgaud, qui a reconnu avoir transmis l’ordre que Mahé
n’arrive pas vivant à destination, l’adjudant-chef Guy
Raugel, qui a étouffé Mahé, le brigadier-chef
Johannes Schnier, qui maintenait la victime, et le brigadier
Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule.

Pour les militaires, Mahé était un chef de bande de
coupeurs de route, dépouillant les voyageurs et semant
la terreur dans la zone tampon, dite « zone de
confiance », instituée entre le nord du pays tenu
par la rébellion et le sud loyaliste.

Selon eux, les autorités de son village auraient
même refusé de récupérer son corps, tant
il avait déshonoré les siens.Autre preuve qu’ils
avaient bien ciblé le « bon » Mahé, les
exactions se sont arrêtées après sa mort.

La famille, elle, estime qu’il y a eu confusion entre Firmin
Mahé et un homonyme, Nestor Mahé, qui se faisait
appeler « Zas » et a été arrêté
à la même époque.

Dire que Mahé est un coupeur de route « est un
mensonge », ont à leur tour déclaré trois
représentants de la famille, parties civiles au
procès : un frère, Jacques Dahou, un neveu, Basile
Gninihon, et la compagne de Mahé, Edith Zahe Die.

A Abidjan, il était plombier et lorsqu’il allait au
village, il cultivait le riz, ont-ils tous affirmé.

Edith Zahe Die était avec lui lorsqu’il avait
été repéré par les militaires
français, marchant au bord d’une route. »Je ne sais
pas pourquoi ils l’ont tué, jusqu’à
présent », a-t-elle dit, avant de s’énerver et
de répéter que « tout ça c’est du mensonge ».

Le témoignage très attendu du général
Henri Poncet, qui commandait la force Licorne en 2005, est
prévu mardi.Eric Burgaud dit avoir tenu de lui l’ordre
implicite de tuer Firmin Mahé, ce que le
général a toujours nié.

L’ancienne ministre française de la Défense
Michèle Alliot-Marie est également attendue comme
témoin mardi.



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