Opinion libre :
« Au moment où les uns et les autres débattent de l’opportunité de participer ou pas aux assises nationales, il est une chose qui m’inquiète et qu’il me semble essentielle de rappeler notamment suite à la scène à laquelle j’ai assisté dimanche dernier à Moroni: l’unité du pays.
Cette inquiétude me vient non pas du gouvernement et des organisateurs des assises mais des opposants à ces assises.
En effet, alors que je me trouvais aux abords du café du port comme souvent aux alentours de 18h, quelle fut ma surprise lorsque je vis apparaître un promeneur particulier et non moins important, le premier magistrat de mon île natale d’Anjouan, le gouverneur Salami.
Celui-ci était accompagné de son directeur de cabinet. La foule s’est donc amassée tout naturellement autour de lui afin d’échanger autour des assises. Il a réitéré devant nous sa volonté de ne pas assister aux assises soupçonnant « le Président Azali de vouloir modifier la constitution et supprimer la tournante ». Jusque-là rien de nouveau dans l’argumentaire, mais c’est la fin de notre conversation qui nous a glacé le sang, lorsqu’il nous demanda de nous (les anjouanais) tenir prêts car « arrive le moment où nous devrons choisir qui est notre ennemi ».
Comment un responsable politique de cette envergure peut-il faire des appels aussi directs à la haine et à la discorde ? Comment une personnalité de premier plan comme le Gouverneur Salami peut-il se laisser aller à la désunion du pays ? Enfin, comment un homme de cette culture et de cette position peut-il considérer chaque citoyen comorien selon son île de naissance ?
En tant que militant Juwa, j’ose espérer que ces propos n’engageaient que lui et non notre parti tout entier.
En tant que militant Juwa et citoyen comorien, je suis contre la suppression de la tournante, car elle est à mon sens le meilleur gage de stabilité que nous ayons.
Je demande donc, j’exhorte, les responsables politiques de Juwa d’arrêter les manoeuvres politiciennes et de se hisser à la hauteur de l’événement que représente les assises. C’est de notre avenir dont il sera question, et je souhaiterais comme d’autres, que ma voix soit entendue.
Cet événement est historique pour notre pays et il est inconcevable qu’une des plus grandes forces politiques du pays en soit absent.
Nous devons défendre nos idées sur le terrain de la démocratie et arrêter les appels à la haine.
C’est par nos idées et nos convictions que nous maintiendrons la tournante et non en mettant le feu aux poudres et en divisant les comoriens.
La discorde ne mènera nulle part de positif, au mieux la séparation des îles, au pire la guerre civile. Et ces deux perspectives sont inacceptables.
Pour terminer et répondre au Gouverneur Salami car ses propos tenus dimanche nous ont tellement stupéfaits que nous n’avions pas pu lui répondre.
Oui nous avons choisi nos ennemis, et ce sont tous ceux qui sont les ennemis des Comores et des comoriens.
Il n’y a ni anjouanais, ni mohélien, ni grand comorien mais simplement des comoriens.
En d’autres termes, l’ennemi des anjouanais est l’ennemi des grands comoriens et des mohéliens. Tournante ou pas, nous sommes et resterons tous comoriens. »
Mohamed AHMED BACAR,
Militant JUWA
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