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Grève des enseignants du public, un métier noble ailleurs peu considéré sur l’archipel 

Les enseignants du public sont en grève illimitée, depuis plus de trois semaines pour des revendications professionnelles. Les majorités présidentielles se succèdent au fil du temps ,mais les conditions de travail des enseignants se dégradent, leurs salaires n’ont jamais augmenté alors que l’inflation des denrées alimentaires de première nécessité ne cesse de croître . Les perspectives de carrière des enseignants du primaire et du secondaire ne sont jamais une priorité des gouvernements successifs.

Les promesses des valorisations des salaires et des titularisations des anciens contractuels doivent être honorées ; mais dans un contexte de rigueur budgétaire, la marge de manœuvre de l’actuel gouvernement est très réduite. Depuis longtemps le métier d’enseignant n’est pas considéré aux Comores , il n’est pas rare d’entendre l’adage récurrent pour tout chercheur d’emploi sur l’archipel ,d’être interpellé sous l’arbre à palabre « est-ce jusqu’à présent ,avez-vous trouvé un emploi ou pas ? même enseigner ? ». Le Comorien lambda ,pense que tout le monde peut enseigner et pratiquer le métier de professeur suppose qu’on a échoué dans l’ ascension sociale. 
Les enseignants aux Comores sont peu estimés et sous-payés par rapport à leurs collègues du continent Africain . La grille salariale des enseignants aux Comores est très pitoyable voire dérisoire à la vie chère sur l’archipel ,et les enseignants du public ont des fins de mois difficile. Au primaire à titre d’exemple , très peu d’instituteurs ne parviennent pas à percevoir 100.000 franc-comorien , l’équivalent de 205 euros et ceux du secondaire qui touchent à peine 150.000 franc-comorien ( = 310 euros ) représentent un pourcentage très infime. 
Les bas-salaires et les dures conditions de travail démotivent les enseignants comoriens compétents et les plongent dans un état de désespoir permanent et accélèrent leur vieillissement prématuré. Au sujet de cette grève des enseignants du public , il y a une lourde responsabilité entre les exécutifs insulaires qui ont la charge des recrutements des enseignants à tout va et l’exécutif de l’union qui paie les enseignants chichement . 
La pratique des recrutements non budgétisés depuis plus deux décennies des enseignants dévoués à former les enfants de la nation comorienne est une faute morale grave commis par les dirigeants comoriens qui ont dirigé ce pays depuis plus quinze ans . les politiques continuent à manier la langue de bois en promettant monts et merveilles aux enseignants en prétendant qui s’occupent d’eux et qu’une fois que ces derniers pratiquent leurs droits de retrait pour réclamer leur dû ,on les accuse des irresponsables en brandissant la menace d’une année blanche pour les élèves en classe d’examen. 

Tout le monde ne peut pas enseigner comme on le prétend aux Comores. Ailleurs Le métier d’enseignant est noble et ne s’improvise pas ; ça s’apprend et demande des connaissances académiques ,au préalable ,didactiques et pédagogiques ensuite et avoir à la fin , la certification de la matière à enseigner . L’avenir d’une nation doit reposer sur un système éducatif performant avec un enseignement de qualité et un personnel bien payé et mieux encadré , or le système éducatif comorien est très galvaudé avec un personnel précarisé et mis à l’abandon par les politiques comoriens .

Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY,  professeur  d’histoire-géographie

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