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Houmed Msaidié : «j’ai l’impression que tous les partis sont à un tournant actuellement»

Dans l’entretien qu’il a accordé à Al-watwan, l’ancien ministre et candidat malheureux à l’élection à la vice-présidence de la République s’est prêté à l’exaltant exercice de balayer toutes les questions politiques et socio-économiques du moment.


Propos recueillis par Mohamed Youssouf

Monsieur le Ministre, l’actualité du moment s’articule autour du rejet du projet portant loi de finances 2017 par les parlementaires. Quelle lecture faites-vous de cette décision ?
C’est une grosse  surprise puisque cette loi, étant appuyée par les députés qui ne sont pas du pouvoir, elle aurait dû être aisément adoptée. La surprise est encore plus grande lorsqu’on constate que le secrétaire général par intérim du parti au pouvoir, mais également les suppléants de deux ministres du gouvernement ne l’ont pas votée non plus. Bien sur, on va nous rétorquer que les députés votent en conscience, mais la conscience c’est voter pour sa majorité. Là, on est face à un échec du gouvernement, à un échec de la majorité qui nous gouverne actuellement et donc à un dysfonctionnement dangereux des institutions. C’est pourquoi chacun doit en ce qui lui concerne prendre ses responsabilités et en tirer toutes les conséquences.

On parle d’un projet de loi unique dans l’histoire du pays eu égard aux perspectives de développement qu’il offrirait. Que vous inspire le fait que les députés dits de la majorité aient rejeté en bloc le projet de loi ?
C’est un rejet aussi bien dans la forme que dans le fond. Certes on parle d’un projet de loi ambitieux, mais concrètement, le ministre des Finances pouvait-il dire autrement ? Puisqu’on parle de plus de 80 milliards de recettes, on est obligé de concéder qu’il s’agit effectivement d’un projet ambitieux. Il faut tout de même marquer un étonnement dans la mesure où, l’année dernière, nous étions à 35 milliards. J’estime que le cadre macroéconomique qui permettrait d’arriver à collecter plus du double des recettes de l’année dernière n’est pas encore créé. Le levier pour cette hausse extraordinaire des recettes n’est autre que la fiscalité. Pourtant, la pression fiscale ne peut s’effectuer que sur un cadre soutenu de croissance. Ce qui est manifestement loin d’être le cas des six derniers mois et n’en parlons plus de l’année prochaine.  Si des efforts sont réalisés, le taux de croissance peut atteindre 1 ou 1,5 % et non pas plus. Ceci étant, j’espère de tout cœur que cette ambition se matérialisera malgré mes doutes légitimes.

Dans votre parti Radhi, aviez-vous donné des consignes de votes à vos élus ?
On était dans un gouvernement où l’année dernière on avait soumis également un budget, adopté par l’ensemble des députés. C’est comme ça que ça fonctionne depuis 2009. Les critiques vis-à-vis du budget se font généralement en commission. C’est pourquoi les députés de nos formations politiques ont voté le projet de loi de finances. Mais bien évidemment nos formations politiques ont leur propre opinion du projet.

Que pensez-vous du plan quinquennal du gouvernement actuel ? Quelles perspectives offre-t-il?
Je voudrais personnellement que cette question soit traitée spécifiquement, mais non dans une interview généraliste. Je suis en train de l’étudier et je ne vous cache pas que je ne le trouve pas adapté ou porteur d’une croissance économique soutenue puisque le levier pour atteindre cette croissance économique n’est pas clairement identifié. J’y vois plutôt un plan qui met l’accent sur la réhabilitation et la modernisation de certaines infrastructures, mais pas un véritable plan de développement socioéconomique. Mais comme c’est un plan quinquennal on va-y revenir secteur par secteur. 

Un de vos élus, Abdoulatuf Said, a déclaré dernièrement à Al-watwan qu’il soutenait l’ancien ministre des Affaires étrangères Abdoulkarim et Abdou Soefo en estimant qu’il est devenu député à cause d’eux. Comment est-il possible qu’il adopte cette position ?
Il est libre de ses propos et ça n’engage pas le parti. On est dans un pays démocratique et ses propos ne nous touchent pas. La fidélité est d’abord dans un parti et non dans un individu. Le député agit en conscience, mais aussi vis-à-vis de ses électeurs et des accords que son parti a tissés pour avoir les élections. 
Il fait allégeance à certains individus, ce qui est en contradiction avec l’esprit de la constitution concernant la liberté. On est fidèle vis-à-vis de ceux qui l’ont élu.

Justement, ces derniers temps, plusieurs spéculations entourent le parti Radhi sur la supposée volonté d’Abdou Soefo de rallier le camp du président Azali Assoumani.
J’ai l’impression que tous les partis sont à un tournant actuellement. Malheureusement les partis ne sont pas sereins. Prenez l’exemple de la Crc où le secrétaire général n’a pas voté en faveur du projet de la loi de finances. J’espère que la loi à venir va stabiliser les partis puisqu’ils sont tous en crise et le mien également. Quant à Abdou Soefo, il est libre et il fait ce que bon lui semble. S’il décide de rejoindre Azali, c’est son droit. On entre et on sort librement dans un parti et on exprime ses intentions. Je ne vais pas polémiquer sur ça.

A l’aube de l’entrée en vigueur de la loi sur l’existence des partis politiques aux Comores, qui va épargner uniquement six formations politiques à en croire le ministre de l’Intérieur, où se situe exactement le parti Radhi dans l’échiquier politique du pays ?
D’abord il faudrait que nous comprenions ! Que le ministre nous explique comment a-t-il procédé pour arriver à la conclusion selon laquelle, six partis seulement seront épargnés par la loi. Le Radhi est parti aux élections avec l’Updc, je me dis que dans les 39% de votes qu’on a récoltés, le Radhi a sa part. Je pense que le Radhi devrait intégrer ce parti, mais je n’affirme rien. Les partis d’opposition sont convenus d’une rencontre le 28 décembre prochain pour s’épancher sur cette question.

Quel est le poids politique de Msaidié et du parti Radhi ? Y a-t-il des risques de scission dans le parti ?
Tant pis pour ceux qui vont militer pour la scission. Déjà en 2017, les partis vont diminuer et on aura un nouveau cadre. Certains vont disparaître d’une certaine façon et d’autres ressusciter sous une autre forme. Donc dans tous les cas nous serons dans un autre parti si on n’est pas dans les six rescapés. 

À quand le congrès ?
On attend que le ministre de l’Intérieur nous reçoive pour connaître les modalités d’existence des partis. Les partis d’opposition vont également se voir, par conséquent, nous attendrons leurs résultats avant d’organiser les congrès. 

À titre individuel, que répondriez-vous à une sollicitation du chef de l’État pour intégrer le gouvernement ?
J’appartiens à une formation politique,  je ne peux pas répondre à des questions individuelles. Laisser ma vie privée tranquille. En cas d’invitation, le parti examinera et répondra en conséquence.

Dans une conférence de presse mardi, les partis qui soutenaient Mohamed Ali Soilihi ont affiché la volonté de créer un seul parti d’opposition. Direz-vous que tous les leaders de cette coalition tirent vers la même direction ?
On est dans une coalition effectivement. Ces formations-là ont soutenu Mohamed Ali Soilih et Mouigni Baraka. Elles ont été battues par conséquent. Elles vont organiser des assises le 28 décembre pour voir comment s’organiser pour l’avenir. 
À partir de ce moment, on saura qui fait quoi et qui est qui. Notre rôle en tant qu’opposition, c’est de voir et apprécier ce que fait le gouvernement et en même temps faire des propositions qui seront prises en compte par ce dernier. Il y a des actions critiquables et d’autres appréciables, mais malheureusement, ces dernières sont teintées d’une violation des lois établies. Nous disons ce que nous pensons par rapport au développement du pays.

Pourquoi un seul grand parti d’opposition alors qu’on parle de deux chefs de l’opposition du moins officiellement ?
Je n’ai pas entendu ça. Il n’y a pas un combat pour être chef. On n’est pas en période électorale que je sache. Il y a un combat pour le développement du pays. Mamadou, Mouigni, Abdoulwahab, Larifou et moi-même sommes exprimés, mais personne n’a parlé d’une lutte de leadership. Certainement on va se doter de structures rapidement à partir d’un programme qui sera établi.

L’autre sujet brulant du moment concerne Comores télécom et Telma-Comores. Quel est votre point de vue et pourquoi avoir apposé votre signature sur la convention d’établissement de Telco ?
J’espère que Comores Télécom s’adaptera rapidement à la concurrence. Mon souhait le plus cher, c’est que Comores Télécom relève le défi. La concurrence est inévitable et je suis convaincu que la société nationale a les ressources pour y faire face. 
Elle doit pour cela, dépasser le stade de la guerre et passer aux idées ingénieuses pour fidéliser les clients. C’est désolant que le syndicat de Comores télécom et ses conseillers aillent jusqu’à douter de la pertinence de la signature du ministre de l’Intérieur dans la convention d’établissement de Telco. Ils devraient s’informer parce qu’il s’agit d’une convention d’établissement qui engage l’État et dont une partie exige la signature du ministre de l’Intérieur. 

Alwatwan 

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3 commentaires sur Houmed Msaidié : «j’ai l’impression que tous les partis sont à un tournant actuellement»

  1. il n’y a pas à dire que nos hommes politiques ont peur d’être tués, ils ont tout simplement raté le virage pour récupérer mayotte d’autant plus qu’il est inimaginable que la france lâche mayotte car ce serait la honte de céder devant les comoriens et ce serait humiliant pour les mahorais et il existent d’autres raisons qui expliquent le fait accompli……..nous autres, nous avons compris et on se casse pas la tête.

    • une fois la fin de cette planète arriva, point de soleil et disparition de la terre, il n’y aura plus d’affaire mayotte car l’humanité n’existe plus ni mahorais, ni comorien, ni français, chacun est allé recevoir ce qu’il a semé de ce monde……..

  2. Il est urgent que nos hommes politiques cessent de rêver,de mentir et de faire croire au peuple comorien à un développement imaginaire.Un pays ne peut pas se construire sans son indépendance,sans sa propre monnaie;conditions indispensables pour son développement.Tous les secteurs de l’économie comorienne sont pris en otage par l’ennemi du développement des comores(Paris).Nos hommes politiques ont peur de le dire car ils vont être tués.Tout le va mourir un jour.

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