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Ibrahim Abdourazak alias Razida Razida : « Un lion peut se reposer mais ne se fatigue jamais »

Dans une interview exclusive accordée à La Gazette des Comores/ Hzk presse, le coordinateur de l’Union de l’Opposition, Ibrahim Abdourazak alias Razida est revenu sur le scrutin du 30 juillet dernier. Dans cet entretien, l’ancien directeur général d’El-Maarouf désapprouve les propos du ministre de l’Intérieur ainsi que ses agissements face à la presse et la liberté d’expression.

Question : La Cour suprême a validé la large victoire du oui. Quel est votre sentiment quand on sait que l’opposition appelait au boycott?

Ibrahim Abdourazak Razida : Cette large victoire annoncée par le pouvoir ne m’étonne pas. Par rapport au scrutin référendaire qui a eu lieu le 30 juillet dernier, s’ils annoncent que le référendum est passé à 200%, c’est tout à fait normal car on s’attendait à quelque chose de ce genre. Mais en réalité, le référendum est passé par rapport aux gens qui se sont présentés dans les urnes et dont vous le savez très bien qu’il s’agit des mêmes personnes qui dirigeaient et mettaient les bulletins dans ces urnes car tout le monde est conscient que la population ne s’est pas présentée dans les bureaux de vote. Cela peut se comprendre aussi car on le sait tous qu’avant le jour du scrutin, personne n’a vu ni les bulletins ni les listes électorales. Tout a été bloqué et dans ce contexte, ils auraient pu remplir les procès-verbaux en montrant que le taux de participation a été considérable. En conclusion, on peut dire que le Oui est passé à 200% par rapport aux urnes pleines mais pas par rapport aux inscrits. Et ce même constat est fait par la communauté internationale présente en tant qu’observateur. Et par rapport à l’abstention, nous considérons cette victoire comme étant celle du peuple et nous tenons à les féliciter car ils ont su montrer leur ras le bol en désavouant complètement le président actuel par le biais de ce scrutin. Les 21% que nous avons annoncés se prouvent car dans tous les partis qui ont contribué à l’élection d’Azali, Juwa seul représentait le plus de pourcentage. Mais les autres partis n’ont rien ramené.

Question : Le ministre de l’Intérieur accuse ouvertement l’opposition d’être le commanditaire de l’attaque sur le sergent Radjabou, le 30 juillet dernier. Comment les partis vivent ces accusations ?

IAR : Le ministre de l’Intérieur reste fidèle à lui-même. Donc cela ne vaut pas la peine d’apporter des éléments de réponse par rapport à ses agissements et à ses propos. Il reste fidèle à lui-même. Il oublie qu’il a des responsabilités d’Etat. Il n’est même pas le ministre de la Justice et au lieu de respecter la justice, la Gendarmerie et la Police sur leurs investigations, il a automatiquement et rapidement accusé des gens en disant que c’était Juwa. Je respecte le ministre de l’Intérieur mais je ne suis pas d’accord avec les propos qu’il a tenus et qui ne correspondent pas à la réalité de ses responsabilités. Quand il accuse l’opposition, je trouve cela absurde et cela ne mérite aucune réponse.

Question : Plusieurs membres de l’opposition sont placés en mandat de dépôt depuis les accusations du Ministre. Quelle sera la ligne de défense de l’opposition sur cette affaire ?

IAR : Non, il ne s’agit pas de la défense de l’opposition mais d’abord des gens qui sont accusés et ceux qui sont arrêtés. Ce n’est pas l’opposition qui est arrêtée mais des gens, membres de l’opposition, qu’on accuse de quelque chose donc je ne peux pas me placer à la place de la justice car je respecte cette justice et j’attends les décisions qu’elle va rendre car l’opposition n’a rien organisé. Nous ne sommes pas là pour accuser l’autre côté ni qui que ce soit ; ce qui est sûr c’est que j’ai confiance en la justice qui est là pour jouer son rôle de même pour les investigations des brigades de recherches, alors laissons les libres d’agir à leur façon et de mener à bien leur travail. J’ai confiance en ces gens-là et je sais très bien que ce n’est pas un complot de l’opposition.

Question : Comment avez-vous vécu l’intervention de Mohamed Ali Soilihi, en tant que membre de l’UPDC ?

IAR : Je tiens tout d’abord à remercier Mohamed Ali Soilihi car il a su montrer qu’il est vraiment la personne qui mérite d’être à la tête de ce pays. Il a montré sa dignité et a fait une déclaration digne d’un futur responsable. Ses propos sont laissés à l’appréciation du peuple comorien. Mais je pense qu’il était nécessaire qu’il s’exprime d’abord pour remercier le peuple comorien, la diaspora qui a toujours été derrière cette cause et tous les partis politiques et les membres de la société civile unis derrière cette cause commune. Et que la lutte continue.

Question : Les événements récents font état d’une liberté de presse mise à mal dans le pays. C’est ainsi que l’on a pu entendre le ministre de l’information s’en prendre ouvertement à la journaliste Faiza Soulé. Comment qualifiez-vous ces agissements ?

IAR : Je ne peux m’aligner ni sur les directives ni sur le comportement. Ce qui est sûr, jamais, jamais et jamais manguier n’a donné des ananas, c’est chose impossible. Un manguier ne donne que des mangues. Donc il ne faut pas s’attendre à quelque chose d’extraordinaire. Mais c’est ce que nous somme en train de défendre car le début d’une dictature c’est ça et c’est contre ça que nous sommes en train de lutter. On nous a emprisonnés tous les jours pour rien et pourtant, on est là. Ils croyaient qu’on allait être fatigué à demander cette liberté mais un lion peut se reposer mais ne se fatigue jamais donc nous sommes là et on restera là. Je suis vraiment désolé que le ministre de l’Intérieur se permette de gifler un journaliste et qu’il n’y ait aucune réaction du gouvernement donc on peut dire que c’est ce gouvernement qui le pousse à réagir ainsi. On peut même dire que le président le cautionne. Et dans ce contexte, nous condamnons haut et fort les pratiques contre la liberté d’expression.

A.O Yazid / LGDC

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