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Ikililou, 5 ans de présidence et un pays en lambeaux

Le Président Ikililou Dhoinine achève son mandat ce 26 mai 2016 en laissant derrière lui un pays exsangue miné par  un disfonctionnement manifeste de ses institutions, une dilapidation flagrante de ses maigres ressources  et une dégradation des biens publics. Les services publics sont dans un piteux état. L’eau et l’électricité sont devenues des luxes, la population à l’exclusion des plus démunis qui n’ont pas le choix, fuit les hôpitaux qui sont devenus des mouroirs et les écoles publiques qui accueillent le plus souvent les délaissés de la Républiques. Les routes sont délabrées et plusieurs zones du pays demeurent inaccessibles… Des villages comme Outsa à Anjouan ne sont toujours pas desservis en route. Conséquence, la population  fuit la partie indépendante de l’archipel pour se réfugier à leur risque et péril, dans la 4e ile de l’ archipel demeurée sous administration française : Mayotte.

Au cours de son mandat, il n’a pas favorisé l’excellence dans les nominations aux postes stratégiques de prise de décision, dans le recrutement dans la fonction publique, dans les établissements publics et les sociétés d’Etat. Ses nominations étaient partisanes et régionalistes. Imbu de lui-même,il s’est enfermé  dans le sectarisme et le népotisme. Il ne s’est pas entouré d’une équipe compétente, honnête et intègre.

Et pourtant, à son élection le 13 janvier 2011, le Président Ikililou avait tous les atouts pour réussir. Il avaitun niveau intellectuel très élevé, il est docteur en pharmacie  et connaissait les rouages administratifs du pays,  en ayant occupé plusieurs postes stratégiques dans les 8 gouvernements nommés par le Président SAMBI depuis le 27 mai 2006.

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Durant son mandat, la masse salariale de la fonction publique a doublé. Il n’a pas eu le courage de prendre les mesures impopulaires qui s’imposent pour moderniser  cette administration pour qu’elle soit au service de la population.

Lors de son discours d’investiture du 26 mai 2011, le Président Ikililou Dhoinine avait souligné « l’importance de mettre en œuvre, une lutte sans merci contre les pratiques du favoritisme et les passe-droits, sources de frustration et de découragement et de mettre en œuvre, une lutte implacable contre la corruption dont les effets contribuent à saper gravement le sens et le goût de l’effort ». Certes, au cours de son mandat, il a mis en place la Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption, mais cette Commission est demeurée une coquille vide sans réel pouvoir. La corruption a pris des proportions inquiétantes. Les révélations sur les détournements des fonds par la presse sont demeurées impunies.

Au cours de son mandat, la pauvreté et la faim ont augmenté.   Ainsi, la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est estimée à 45,6% en 2012.  Cette pauvreté concerne plus de 70% de la population, notamment les jeunes et les femmes en milieu rural.

Dans son communiqué de presse du 23 septembre 2015, le Fonds Monétaire International (FMI) avait déclaré que « la situation économique des Comores demeure difficile. La crise dans le secteur de l’électricité et la mise en œuvre plus lente que prévue du programme d’investissements publics ont nui à l’activité économique et à la mobilisation des recettes fiscales. La non-budgétisation de l’augmentation de la masse salariale et l’épuisement des ressources issues du programme de la citoyenneté économique ont limité les possibilités pour le gouvernement de s’autofinancer… ». Le taux de croissance économique  de ces dernières années était d’environ 1% en 2015, soit un taux nettement inférieur au taux de croissance estimé de la population.

Le secteur privé a été laminé par la crise énergétique qui frappe le pays au cours de ces dernières années. Le programme de privatisation des entreprises publiques a été abandonné. Le Président Ikililou n’a pas réussi à mener à bout le processus de privatisation de la société nationale des télécommunications (Comores-Télécom). Cette privatisation  aurait permis d’améliorer la gouvernance de cette société pour faire face à la concurrence. L’attribution d’une seconde licence d’établissement et d’exploitation d’un réseau de communication électronique  à la société Telma en septembre 2015 risque d’avoir des conséquences négatives sur la santé économique de la société Comores-Télécom.

La situation financière de plusieurs sociétés d’état et établissements publics s’est dégradée. Des recrutements fantaisistes et une gestion hasardeuse ont plombé les comptes de ces établissements. La Centrale d’Achat des Médicament Essentiels en Union des Comores (CAMUC), une association régie par la loi du 30 mai 1986, a été créée par la loi du 28 juin 2012, pour remplacer  un établissement civil d’intérêt public national, à caractère commercial et industriel ( la Pharmacie Nationale Autonome des Comores). Le Président Ikililou Dhoinine, lorsqu’il occupait les fonctions de Vice-Président en charge du Ministère de la santé, sous le régime SAMBI, s’était engagé pourtant   dans la  politique pharmaceutique nationale, validée par le Gouvernement de l’Union en février 2007, à renforcer notamment le stock de la PNAC et élaborer un contrat-plan pour l’approvisionnement des formations sanitaires publiques, en vue d’assurer un approvisionnement régulier et suffisant de toutes les formations sanitaires publiques. Quelques années après, étant pharmacien de formation,  le Président Ikililou a contribué à la liquidation de la première pharmacie nationale autonome des Comores.

 

Enfin, le Président Ikililou Dhoinine n’a pas pu valoriser  les acquis de la conférence de DOHA de mars 2010 qui avait permis de mobiliser une somme de 540 millions de dollars au profit du développement du pays. La Société Nationale de Pêche des Comores, le seul projet visible financé par les fonds de la conférence de DOHA à travers la Commission de la Ligue Arabe pour le développement de l’Union des Comores n’a jamais été inaugurée.

Finalement, le Président Ikililou Dhoinine achève son mandat ce 26 mai 2016 en laissant derrière lui un pays appauvri et en lambeaux.

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4 commentaires sur Ikililou, 5 ans de présidence et un pays en lambeaux

  1. en fait , IKI n’est pas Dieu , il fait ce qu’il a pu faire , chose sûre , il a reçu mettre fin le Paludisme , tout le monde en bonne santé , surtout les ennemis . imaginez vous , pour traité le palu , il faut au moins 35000 fr par tête. faites
    les calculs , une population 800 000 habitants , chacun tombe malade , combien des millions . IKI a reçu de sauver les ménages face à cette terrible maladie qui tue. il n’est pas Dieu

  2. Tu dis que des conneries. Durant son mandat, le president Dhoinine a eu des finances publiques. Les Comores ont respecté les plans du FMI. Des routes et des écoles ont été construites. Les intempéries et catastrophes naturelles n’ont pas aidé. Mais globalement, le pays a fait front. En fait, il a réparé les erreurs des présidents précédents, arriéré de salaire et dette. Dont a été responsable Azali et compagnie. Il aurait pu mettre en avant Moheli mais il a été trop union des îles pour le bien du pays.

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