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«Il n’y aura pas de 2021, ça c’est clair»

Pour le maire de la commune de Mutsamudu, Zarouki Bouchrane, une élection en 2021 serait une utopie. Il appelle l’opposition à cesser de mentir à la population, ferme sur cette question, le maire a fait un point sur les défis, les difficultés et son plan d’action à la tête de cette ville qu’il veut en faire « la vitrine des Comores ». Interview.

Question : Quel est votre plan d’action à la tête de la commune de Mutsamudu ?

Zarouki Bouchrane : Je vous remercie de m’avoir invité et de me permettre de relater le programme que j’aurais aimé mettre en place. La première des choses, c’est que pour pouvoir diriger une commune comme Mutsamudu, il faut d’abord mettre de l’ordre dans la mairie elle-même, remettre en question toute l’administration de la mairie, remettre de l’ordre au niveau de l’état civil qui est le cœur de notre institution, le rationnaliser et sécuriser les finances. Notre priorité actuelle, c’est la propreté de la ville. Vous savez bien que Mutsamudu était considéré précédemment comme la poubelle des Comores donc là nous avons un défi à relever au niveau de l’assainissement, au niveau de l’organisation même de ramassage des ordures, les points de collecte et les sites de décharge. C’est un défi énorme que nous allons relever mutuellement. A l’arrivée de la période de pluie (Ndlr : Kashikazi en décembre), nous faisons en sorte que les caniveaux soient débouchés de façon à faciliter l’évacuation de l’eau de pluie dans des conditions optimum. Deuxième ville des Comores, nous voulons faire de Mutsamudu une vitrine de l’archipel.

Question : Dans ce que vous appelez assainissement et gestion des ordures, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Z.B : Déjà, le premier problème c’est que nous n’avons aucun camion ici à la mairie. Donc vous savez que pour ramasser des ordures, il faut un moyen de transport. On n’a rien ! Nous sommes obligés de louer un camion à hauteur de 650.000 francs par mois plus évidemment un chargeur qu’il va falloir payer aussi. Donc, cela fait un budget quand même assez important mais jusqu’à présent nous avons pu relever le défi.

Question : Pour économiser ces sommes colossales, est-ce que l’administration de la mairie à penser à un investissement pour acheter des camions ?

Z.B : Ecoutez, nous avons fait un budget annuel donc les moyens sont très limités pour acheter un camion. Nous comptons énormément sur des dons soit extérieur ou des dons de la diaspora ou peut-être même de l’Etat. Nous sommes là et on attend que le bon Dieu nous vienne en aide.

Question : Vous parlez de budget restreint. Que faites-vous de l’argent des taxes ?

Z.B : Déjà pour l’instant nous n’avons pas mis en place aucune taxe. Il y a des taxes d’ordures et éventuellement des taxes d’habitations, et tout cela on ne les a pas mis en application. Nous comptons sur les petites locations des places au marché et pour répondre à la question, je vous rappelle que nous avons une masse salariale qui s’élève environ à 4 millions et là il va falloir déjà payer le personnel car nous avons hérité beaucoup de mois d’arriérés de salaire et j’ai pris l’engagement de régler tout ça et mettre un peu d’argent de côté pour lancer un programme quelconque.

Question : Avez-vous d’autres défis à relever durant votre mandature ?

Z.B : Mon premier défi, c’est la propreté de la ville. C’est pour moi la première des choses. La deuxième chose, c’est d’instaurer la discipline dans la ville. La population doit savoir que la discipline est un facteur important pour un bon vivre ensemble. Et aujourd’hui, il est déplorable que cela n’existe pas chez nous, chacun fait ce qu’il veut donc il va falloir mettre de l’ordre là-dessus.

Question : Proche du régime, que pensez-vous de ceux qui réclament des élections en 2021 ?

Z.B : Moi je pense qu’il ne faut pas mentir au peuple, c’est la première des choses. Si l’opposition, en tant que telle, voulait suivre cette logique de 2021, il leur aurait fallu boycotter tout ce qui a été mis en place depuis le début, c’est-à-dire le référendum, les élections présidentielles, des gouverneurs, des députés et des maires. Au lieu de cela, il faut rappeler qu’il y a eu une forte participation des partis d’opposition. Je ne vois pas l’intérêt d’organiser des élections en 2021 puisque tout a été fait. Il n’y aura pas de 2021, ça c’est clair.

Question : Vous dites qu’il y a eu élections et pourtant l’opposition continue de dénoncer des irrégularités dans ces processus…

Z.B : Delà, il faut s’adresser à ceux qui remettent en question les élections qui ont eu lieu. Mais moi personnellement je peux dire que le constat est là et je peux dire que tout a été mis en place : la nouvelle constitution, le mandat présidentiel, la forme de la tournante, toutes les élections ont eu lieu et là je pense qu’il va falloir travailler pour rehausse le niveau de vie de notre pays.

Question : Les anjouanais semblent silencieux face à cette situation malgré que le tour devrait en principe leur revenir en 2021…

Z.B : Effectivement qu’il y a des tractations mais est-ce que ces mouvements pourront mettre en place un changement ? Là-dessus je ne crois pas. Le système qui est mis en place actuellement, je crois qu’il va dans le bon sens. Donc aucune raison de semer la zizanie.

Question : Dans la lutte contre le chômage et la création d’emploi, le gouvernement n’a-t-il pas échoué ?

Z.B : Je pense qu’il faut faire un constat sur ce qui existe puis crée des moyens pour pouvoir embaucher parce qu’on ne peut pas embaucher pour le plaisir d’embaucher mais il faut le faire pour que le pays puisse se développer dans les différents secteurs. L’exemple avec la commune, j’ai créé de l’emploie en créant la police municipale qui n’a jamais existé.

Question : Et dans le privé et l’accompagnement de l’entreprenariat ?

Z.B : Le secteur privé fonctionne et je sais qu’il y a quelques sociétés d’Etat et quelques sociétés privées qui fonctionnent et qui embauchent mais je pense que l’Etat doit les accompagner et leur donner les moyens pour pouvoir embaucher de manière à ce que les entreprises puissent travailler dans des bonnes conditions.

Propos recueillis par A.O Yazid / LGDC

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