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Immigration : Idrisse Mbechedzi raconte son calvaire en Libye

Alors qu’il voulait se rendre en France, Idrisse Mbechezi, jeune comorien de 26 ans, s’est retrouvé piégé en Libye depuis 2017. Il s’est confié à nos confrères de Hayba FM.

« J’irai en France avec un visa. Sans visa, non ». Sans doute traumatisé par les atrocités qu’il a subies ou auxquelles il a assisté, Idrisse ne reprendra plus la route clandestine pour tenter de se rendre à l’« eldorado ». Sur les antennes de nos confrères de HaYba FM, celui qui est aujourd’hui âgé de 26 ans raconte son aventure qui l’a mené en Libye en passant par l’Égypte puis la Syrie.

Nous sommes en 2016 quand la grande-sœur expatriée de ce soudeur de formation lui a sifflé l’idée de partir en France. A plusieurs, ils pourront subvenir aux besoins de la famille. Les préparatifs n’ont pas tardé à commencer. Idrisse est parti avec sa petite sœur à Dar-es-Salam où ils ont fait un mois avant de rejoindre l’Égypte puis le Soudan cinq jours plus tard. Dans le pays de Bachar Al-Assad déchiré par les conflits, les deux candidats ont dû passer un mois. C’était un mois de ramadan qui correspondait, en 2017, au mois de juin (26 mai au 24 juin).

« Du Soudan, ils ont rallié la Libye. Le trajet a duré huit jours dans le désert. Un trajet difficile. Ils ont souffert du manque de nourriture, du soleil ardent. Ils étaient assis dans des camions qui n’étaient pas couverts, sans manger, frappés par le soleil du désert. Certains mourraient en chemin par la faim et la soif », rapporte HaYba dans sa page Facebook. Idrisse Mbechezi a été témoin de ces décès où on compte des Comoriens.

Lors de la traversée vers la Libye, il y avait un camion qui transportait des personnes de différentes nationalités. Un Comorien surnommé DJ Jean François et « une cinquantaine de Nigériens » n’ont pas survécu. « Les passeurs étaient obligés de transporter les cadavres jusqu’en Libye pour les enterrer », poursuit nos confrères. Quand on lui a annoncé qu’ils sont arrivés à destination, la Libye, Idrisse a changé son fusil d’épaule. Il veut rentrer car il ne se sent pas prêt à poursuivre l’aventure, ce qu’il a annoncé à sa famille. Mais sa grande-cœur basée en France ne l’entend pas de cette oreille.

Six mois sont écoulés dans ce pays déchiré par les guerres des clans depuis la chute de Kadhafi. Idrisse et ses compagnons d’infortune sont jetés dans un cachot à Tripoli par des hommes armés qui les tortureront tout leur séjour durant. Quant à sa sœur, elle est envoyée dans un village du pays. « J’étais tombé gravement malade que même mes gencives s’étaient mises à saigner. J’ai vécu tous ces calvaires jusqu’au jour où j’ai eu mon laissez-passer pour revenir aux Comores », se souviens celui qui apprendra non sans surprise que c’est plutôt l’Union Européenne qui l’a sauvé et non son pays les Comores.

Avant de quitter la prison, un Malien a proposé à Idriss de lui trouver une voie pour la France. A bout de force, Idrisse a refusé. Sa sœur en a saisi l’occasion et réussi à entrer en France. Aux Comores, Idrisse a repris son activité de chauffeur de taxi. Il ne doit pas manquer d’histoire pour distraire ses passagers. « J’irai en France mais avec un visa. Sans visa, non », a-t-il conclu. Nos confrères n’ont pas précisé la date de retour de l’ex-candidat à l’immigration économique.

Andjouza Abouheir / LGDC

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