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« Je n’ai aucun souvenir de n’avoir jamais peint »

A travers son exposition « La Femme Tiroir », Wedia, peintre d’origine congolaise, nous livre sa vision corporelle de l’émotion. Actrice, écrivain, peintre… Africa N°1 a rencontré pour vous cette artiste au génie éclectique.

Wedia en quelques mots, c’est qui ?

C’est toujours très compliqué de parler de moi car le but avec la peinture, c’est qu’on ne me voit pas. Mon travail artistique passe avant ce que je suis moi. Quand je joue la comédie, les gens me voient ; quand je danse, le public m’observe ; quand j’écris, je commence à disparaître ; et quand je peints encore plus ! Et puis finalement, mes tableaux racontent déjà beaucoup de choses sur moi…

Depuis quand peignez-vous ?

Je n’ai aucun souvenir de n’avoir jamais peint. Ça a commencé par quelques bonshommes à la maternelle et depuis je ne me suis jamais arrêtée. En revanche j’ai commencé à peindre des silhouettes et des têtards vers 14 ans. J’en ai plein les marges de mon classeur ! Avec le temps, la peinture a pris de plus en plus de place dans mon existence.

Des silhouettes, des têtards… Quel est le concept de cette exposition ?

Un des avantages du têtard c’est que tout y est. Avant la grenouille, tout est déjà possible, mais on ne sait pas encore ce que ça va devenir. Le têtard n’a ni âge, ni sexe, ni couleur de peau ! Avec cette exposition, je cherche à aller à l’essentiel, au plus pur, pour finalement arriver au plus petit dénominateur commun émotionnel. Quelle que soit notre origine, il y a des choses qui sont universelles. On pleure, on rit, on souffre… Je crois que certaines positions physiques expriment ces différentes émotions.

La femme tiroir, pourquoi ce nom ?

Cette exposition est inspirée d’un lointain tableau de Dali que j’ai vu quand j’étais adolescente. C’était une esquisse d’une femme allongée. Elle avait des tiroirs entre l’estomac et la poitrine ! Selon moi, ce tableau représente la complexité des femmes et de leurs nombreuses facettes. Evidemment, ce nom évoque aussi ce qu’on a au fond de nos propres tiroirs. Les choses qu’on cherche à oublier ou à cacher…

Poème, écriture, peinture… Avec votre livre « La Femme Tiroir », vous touchez à tout ?

Le support peut varier mais c’est toujours le même travail de recherche. Les éditions Dagan se sont vite rendu compte que, comme moi, plusieurs de leurs écrivains étaient aussi peintres, sculpteurs ou plasticiens. Le but était donc de lancer une collection où l’on pouvait à la fois retrouver le travail littéraire mais aussi le travail pictural d’un même artiste. Depuis mars dernier, mes textes sont même mis en scène !

Quels sont vos futurs projets artistiques ?

J’écris en ce moment même un second recueil : Hotel Rooms. Pour chaque nouvelle il y aura une peinture ! Une prochaine exposition de « La Femme Tiroir » devrait se faire au Japon. Vous savez, c’est intéressant de faire voyager le travail… Ça m’intéressait de savoir, si, comme je le prétends, les émotions sont communes à tous. Est-ce que si je change de pays et de culture, mes tableaux seront ressentis de la même manière ?

Segolen Blancho

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