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« Je ne suis pas de ceux qui disent qu’en 2021 je vais faire revenir le tour d’Anjouan »

Candidat aux élections présidentielles, Said Larifou s’engage à mettre tous les moyens pour lutter contre la pauvreté et montre qu’il n’est pas de ceux qui promettent d’attribuer la tournante à Anjouan en 2021. L’avocat natif de Foumbouni pointe du doigt la présence du président suppléant et du ministre en charge des élections dans les meetings des candidats de la mouvance présidentielle.

Question : Quelles sont les priorités de votre programme ?

Said Larifou : Mon programme se veut révolutionnaire et ambitieux. Très ambitieux, puisque l’évènement que nous vivons actuellement est exceptionnel vu qu’il s’agit d’une élection présidentielle anticipée et que cette anticipation elle-même est exceptionnelle. Nous sommes un des rares pays à prendre l’initiative, dans des conditions contestées par certains mais admis par d’autres, d’écourter un mandat en cours pour aller vers une nouvelle compétition électorale. Je pense que nous avons cette culture de banaliser les choses, que même les plus exceptionnelles nous les banalisons. Je replace le contexte car c’est un évènement exceptionnel, approches exceptionnels et donc des mesures exceptionnelles sinon ces élections n’auraient rien servi pour les Comores. Ainsi je suis convaincu que mon programme correspond aux aspirations de ceux qui sont à l’origine de ce processus. Je pense qu’il était temps de remodeler voire même de supprimer cette tournante et ça a toujours été mon ambition. Je n’ai jamais caché ma conviction.

Questions : Quelles seront donc vos priorités ?

S.L : Ma priorité c’est la jeunesse. Mon projet a comme idée pharelamise en place d’un plan Marshall pour la jeunesse comorienne. J’entends mobiliser sur un cycle de cinq ans 24000 jeunes sur des formations dans les secteurs stratégiques comme le tourisme, l’agriculture, les nouvelles technologies, la culture, la santé, le bâtiment et l’administration. Une fois que ces secteurs seront occupés par des jeunes hautement qualifiés, nous pouvons dire que nous disposons de la matière grise pour accompagner le développement du pays. Pour un plan stratégique du premier quinquennat, nous aurons alors 24000 emplois. C’est un défi et pour se faire, nous mobiliserons 117 milliards kmf pour ce projet tous les cinq ans. Nous avons aussi des mesures immédiates pour les jeunes. Nous voulons faire en sorte qu’il n’y ait pas de frais d’inscription ni de frais pour passer les examens. La scolarité sera gratuite pour tout le monde du primaire à l’Université et ceux qui souhaiteraient partir à l’extérieur, ne paieront pas de passeports. Notre plan serait de lutter contre la pauvreté, la parité au niveau des postes ministériels entre les hommes et les femmes avec un ministre premier qui sera chargée de l’éducation nationale, de la culture et du sport. Nous voulons faire des Comores un pays attractif. Et pour cela nous aurons à inculquer la culture de servir et de non de se servir

Question : Certains candidats disent que leur principal objectif est de rétablir l’ordre constitutionnel et redonner le tour à Anjouan en 2021. Etes-vous de cet avis ?

S.L : Je ne peux pas être démagogue. Tout le monde est d’accord que les expériences du premier format de la tournante restent un échec pour tous les comoriens. Donc il faut sortir de cette démagogie de la tournante qui est là pour servir une poignée de gens et faciliter l’enrichissement illicite de certaines personnes. Anjouan, Mohéli et Ngazidja se sont appauvries davantage. Et c’est pour cette raison qu’il faudrait faire revenir les comoriens autour d’une table pour rediscuter. On ne peut pas vivre en faisant marche arrière, c’est fini tout cela. Maintenant, il faudrait entrer dans une nouvelle dynamique.

Il faut que les comoriens des deux autres îles refusent ce discours démagogique car c’est complètement faux. Ce dont les comoriens ont besoin, c’est de voir comment nous sortir de cette pauvreté et c’est ce discours dont nous avons besoin dans cette campagne. On ne peut pas être candidat aux présidentielles et tenir un tel discours. Le tour d’Anjouan reviendra soit dans la configuration actuelle ou dans une autre configuration mais vous ne pouvez pas lier l’avenir d’un pays par rapport à un cycle électoral qui a été complètement un échec. L’avenir d’un pays ne dépend pas d’une personne mais d’une vision, d’un engagement pour son développement, pour mettre en place des dispositifs qui permettraient à ce pays de décoller.

Bien sûr qu’il faut revenir sur l’autonomie des iles puisque l’avenir des Comores viendra des régions. Je suis de ceux qui militent pour que les régions soient structurées. Les richesses des Comores c’est dans les régions et non pas à Moroni. L’émergence des Comores c’est de voir ce qui se fait dans ces régions, en tirer profit et développer. C’est pourquoi je dis dans mon slogan que ‘’La force des Comores, c’est la conviction, l’engagement constant’’.

Question : Que diriez-vous de la présence du président suppléant et du ministre en charge des élections dans les meetings du candidat Azali ?

S.L : C’est un scandale et nous n’allons pas laisser faire. Nous ne sommes pas dans une République bananière. Nous ne pourrons pas accepter que des individus, parce qu’elles détiennent une parcelle de pouvoir de nous emballer dans ce qui ne se fait pas. Nous sommes au 21ème siècle, nous ne sommes pas aux années 60 et ce pays est bourré d’hommes intelligents et déterminés, qui aiment leur pays. Moi personnellement, je ne peux pas accepter de participer à des élections exceptionnelles parce qu’il s’agit bien de ça, voir une telle mascarade. Nous ne pouvons pas accepter cette mascarade. C’est fini, nous allons lutter et nous ferons la révolution s’ils le veulent.

Il y’aura une marée humaine à Moroni dans les prochains jours, nous allons faire appel à tous les comoriens qui veulent vraiment du changement, qui veulent des élections libres et transparentes pour dire non parce qu’on ne veut pas rater notre histoire. Nous n’accepterons pas que le ministre qui assure l’intérim marche sur les textes. Et le ministre chargé des élections, s’il veut assister à des meetings alors il démissionne. Il est le ministre chargé des élections, il doit observer une neutralité absolue.

Si la constitution parle de congé, c’est pour que celui qui assure son intérim garde la neutralité absolue et s’il n’est pas capable de le faire alors la Cour Suprême et toutes les autres instances compétentes seront saisies et ça sera à elles de tirer les conclusions. Il se permet même de dire qu’il n’est pas le président mais Azali et appelle les gens à voter pour lui. Nous ne pouvons pas accepter cela. Est-ce qu’il y’avait une opportunité de sortir un décret la veille de son départ qui intercepte les communications ? Qu’est-ce qu’on nous réserve là ? Ce n’est pas en contrôlant les communications qu’ils vont arrêter la révolution. Ils peuvent prendre toute sorte de mesures mais pas arrêter la révolution.

Question : Que proposeriez-vous pour la sécurisation des élections ?

S.L : D’abord, il faut suspendre le processus, le temps de vérifier si tous les paramètres sont réunies et sinon, exiger leur mise en place. Vous savez, il y’a un problème au niveau du fichier électoral. Il y’a aussi le ministre en charge des élections qui a sorti un arrêt qui est complètement contradictoire avec les dispositions du code électoral. On ne sait pas quel est le texte qui s’applique. C’est une marche forcée. On ne peut pas jouer sur la tricherie. Non ! On ne développe pas un pays si on est un tricheur et puis nous voulons qu’ils respectent les institutions. Ils ont choisi les membres de la Cour Suprême mais ce ne sont pas leurs enfants, pas même leurs subordonnées, ceux sont des hauts magistrats de ce pays qui doivent être respectés.

Question : En êtes-vous convaincus que celles-ci seront transparentes ?

S.L : Elles ne sont pas transparentes puisque le président n’a pas pris congé. Elles ne le sont pas non plus parce que celui qui assure l’intérim assiste à l’investiture du bureau de campagne et aux meetings du président candidat. Elles ne le sont pas non plus parce qu’à moins d’un mois avant le départ en congé, il y’a eu une dizaine de décrets de nomination. Elles ne le sont pas parce qu’il y’a eu autant d’embauches clientélistes ces derniers temps. Je ne peux pas voir cela et laisser. C’est de l’injustice. J’espère que tous les candidats seront d’accord qu’on demande à la justice de geler les engagements pris par l’ancien pouvoir. Elles ne sont pas transparentes parce qu’ils font des inaugurations, complètement bidons, juste pour montrer qu’ils font des réalisations à quelques semaines des élections, c’est du jamais vu au monde. Et c’est ça qui révolte les gens.

Entretien réalisé par A.O Yazid / LGDC

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3 commentaires sur « Je ne suis pas de ceux qui disent qu’en 2021 je vais faire revenir le tour d’Anjouan »

  1. Dans un soucis d’équité et d’apaisement, il serait souhaitable que le candidat grand-comorien qui serait élu termine le mandat commencé par Azali, ensuite laisser la place à Anjouan puis Mohéli afin d’en finir avec la tournate. Et d’ici 12 ans les comoriens seront mûrs politiquement pour élaborer une nouvelle constitution réellement démocratique et choisiront un président comorien (son origine importe peu).
    Cdlmt

  2. Mr S.L regardez un peu comment étaient les îles Comores avant la tournante et après la tournante; et Vous verrez la différence. Contrairement à ce que vous avancez, je pense que la tournante a joué un rôle primordiale pour la construction de notre pays. la plus part des comoriens pensent seulement le bien être de son île natale et peu de gens pensent sur le bien être de l’ensemble des îles. Cette dernière est une haine envers les autres îles mais qui fait reculer le développement du pays. L’île de Mohéli est l’île la plus touristique des îles Comores et cette île n’a pas de port ni d’hydrocarbure etc. pendant le regime de IKILILOU, on avait commencer l’hydrocarbure et quand Azali est venu au pouvoir il a bloqué ce projet. Les conséquences de cet arrêt sont nombreux; on est obligé de transporter le carburant par le bateau BIMA. Si BIMA est en panne donc pas de carburant à Mohéli, pas d’électricité, pas de circulation de taxi, pas de bureau qui fonctionne, il y’a une monté exponentielle de marché NOIR et de fraude…… Bref c’est l’économie de notre pays qui recule pas seulement l’économie de Mohéli seulement. Donc Mr S.L. vous croyez qu’avec le même rythme, il y’aura un jour un port, un hydrocarbure, ou un bon aéroport, des bons hôtels, de l’arriver des touristes, et plein d’autre chose à Mohéli ? Si vous le croyez moi je ne le crois pas tant que je ne l’aurai pas vu.

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