« Je suis une des victimes de la dictature qui règne au pays »

Témoignage: Je pleure pour mon pays, mon père et mon amie.

Je m’appelle Nakkiat Tadjiddine jeune comorienne de 25 ans vivant à l’extérieur.
Fille de Mahmoud et Mariame Tadjiddine, je suis une des victimes de la dictature qui règne au pays.
En effet, Depuis le mercredi 3 Avril 2019, nous sommes sans nouvelle de mon père. Mon papa a été enlevé chez moi par la gendarmerie pour un «interrogatoire » qui ne finit jamais. Aucun membre de la ma famille ne sait où il est ou comment il est. Seul signe de vie, les gendarmes qui nous martèlent sans répit que « il ne passe rien de grave » en ajoutant la fameuse expression « La situation est sous contrôle ».

Sachez que Said Mahamoud Tadjiddine, un homme honnête sans histoire, n’est pas la seule personne arrêtée et séquestré par les milices du régime en place. Chaque jour, des dizaines de personnes sont raflées. Leur seul crime d’avoir soutenu un candidat autre que celui du pouvoir. Si aujourd’hui on perd sa liberté à un niveau où soutenir un autre candidat que celui que « le gouvernement veut » (et là je pèse mes mots) nous est interdit, c’est que à mon humble avis au lieu d’aller de l’avant, notre pays régresse de plus en plus. Yambwa ouka « Hena mdrou yetso kouwa opvwa mwawawo » bahi narsane rido echelezizana oukaya pvala wandrou djouwa ouka wema pvoitsina ouka wandrou wakena fikira Ndzima. Yakaoudja na mwichiliyano tsi mdjinga wala nayido fassiriwa eheli yalazimou.

Je rappelle à tous que l’Union des Comores se définit par Unité, Solidarité et Développement et non Séparatisme, Dictature et Tuerie. Rappelons-nous de la place, qu’on a perdu, parmi l’un des pays d’Afrique prônant la paix et la stabilité.

Ma douleur est d’autant grave quand je m’aperçoit que parmi ses personnes enlevées par les militaires, se trouve Nazra Said Hassani. La vingtaine avancée, cette jeune militante est une amie et ancienne camarade de classe.
Etant loin du pays, dans cette situation critique, je ne peux que prier pour mon père et pour toutes ces personnes arrêtées gratuitement et illégalement. Mes prières vont aussi à nos familles sur place et à l’extérieur obligées de se taire et attendre que Dieu fasse grâce inchallah taa’la.

Ce texte ne sera sûrement pas approuver de tous, mais rester là à attendre je n’y arrive pas. Agir par la force ou la violence ne sert à rien mais je pense que faire comprendre ce qu’on ressent est un bon début.

Nakkiat Tadjiddine