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Kenya : au moins 39 morts dans de nouvelles violences tribales dans le sud-est

21 décembre 2012

Kenya : au moins 39 morts dans de nouvelles violences tribales dans le sud-est

Un Kenyan blessé lors d’un attaque sur son village est soigné à l’hôpital du district de Malindi, le 21 décembre 2012 ©AFP

NAIROBI (AFP) – (AFP)

 Trente-neuf personnes ont
été tuées et des dizaines très
grièvement blessées vendredi à l’aube dans
l’attaque d’un village de la région de la rivière
Tana, dans le sud-est du Kenya, où des tueries tribales
avaient déjà fait plus de 100 morts en août
et septembre.

« Je peux confirmer que 39 personnes ont été
tuées ce (vendredi) matin, au cours d’affrontements
tribaux entre Orma et Pokomo », deux communautés
traditionnellement rivales, installées le long de la
rivière Tana, une région rurale et isolée, a
déclaré à la presse le chef de la police dans
la province de la Côte, Aggrey Adoli.

« Sur ces 39, treize sont des enfants, six des femmes et
onze des hommes tous de la communauté orma.Les neuf
autres sont des miliciens pokomo », a-t-il ajouté.

Entre mi-août et mi-septembre, plus de 100 personnes
avaient été tuées au cours d’un cycle de
violences aux contours flous, succession d’attaques de
villages et d’opérations de représailles entre
Orma – essentiellement des éleveurs – et Pokomo –
majoritairement des agriculteurs.

Selon Antony
Kamitu, chef des GSU (forces spéciales de la police)
dans la zone, où elles sont déployées depuis
mi-septembre, le village de Kipao a été
attaqué vendredi vers 03H00 du matin (00H00 GMT).

Kipao, village orma selon un policier sur le terrain, est
situé dans la zone reculée de Tarassa, à
environ 400 km au sud-est de Nairobi.Une zone où,
mi-août, au moins 52 villageois orma avaient
été tués à coups de machettes ou
brûlés vifs par des Pokomo qui avaient
attaqué plusieurs hameaux.

Rivalités ancestrales et approche des élections

Les responsables de la police n’ont pas expliqué dans
l’immédiat ce qui a déclenché l’attaque de vendredi.

Si le climat restait explosif dans la région, le calme
était revenu depuis la mi-septembre avec le
déploiement d’un millier d’hommes des GSU, qui seul
avait permis de rétablir l’ordre alors que la police
locale était débordée et incapable de mettre
fin aux violences.

Selon un policier présent sur le terrain, les tensions
entre les communautés orma et pokomo avaient ressurgi
ces derniers jours sur fond d’opération de
désarmement consécutive aux tueries de l’été.

« Il y a eu des tensions ces deux derniers jours, à
propos d’un ordre fait aux communautés de rendre leurs
armes, certains avaient le sentiment que le gouvernement
était plus tolérant d’un côté » que
de l’autre, a expliqué ce policier à l’AFP.

Les rivalités sont ancestrales et parfois sanglantes
autour des pâturages ou des points d’eau entre Orma et
Pokomo.Mais les observateurs et les habitants de la
région estiment que les violences de l’été,
inédites par leur ampleur et leur intensité,
n’avaient rien à voir avec les anciens différends.

Des
témoins avaient fait état d’attaques de villages
méthodiquement organisées, menés par des
miliciens entraînés, pour certains étrangers
à la région et visant femmes et enfants.

Les raisons exactes des violences de l’été restent
peu claires, mais pourraient s’expliquer, selon certains
observateurs, par l’approche des élections
générales de 2013, le redécoupage
électoral et la démographie ayant modifié les
rapports de force politico-ethniques dans la zone.

Le 4 mars, outre un successeur au chef de l’Etat Mwai Kibaki
– qui ne se représente pas – et de nouveaux
députés, les Kényans éliront pour la
première fois des sénateurs, des gouverneurs et
certains responsables locaux.

Un vice-ministre kényan, député de la
région, avait été inculpé en septembre
d’incitation à ces violences et limogé.

Selon la Croix-Rouge kényane, plus de 30 personnes ont
été très grièvement blessées dans
l’attaque de vendredi et plus de 45 maisons ont
été incendiées.



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