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Kustsu yengwa bure zidjuwe (on ne déteste pas pour rien, sache le) »

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Il a été lancé en politique par le premier Président du Conseil du gouvernement des Comores, le Docteur Saïd Mohamed Cheikh, en 1967 avant de se retourner contre lui et de créer le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Comorien) en 1969.

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Il est devenu par la suite l’un des protégés du Prince Saïd Ibrahim qui  succédé au Docteur Saïd Mohamed Cheikh à sa mort en 1970 avant de lui planter un poignard dans le dos le 12 juin 1972. Ce jour là, le député Mouzaoir Abdallah corrompit les députés de la majorité avec l’argent du sénateur Ahmed Abdallah Abderemane, et s’allia avec le parti de ce dernier pour censurer le gouvernement du Prince Saïd Ibrahim. Il se dit qu’une partie de l’argent de la corruption a servi à agrandir la demeure de Mouzaoir à Moroni.

Les partis de Mouzaoir et d’Ahmed Abdallah fusionnèrent par la suite pour constituer l’UDZIMA. Mouzaoir Abdallah ne tarda pas à rompre avec ce parti et à trahir notamment ses anciens compagnons de route du RDPC, les Omar Tamou, Ali Mroudjaé, Saïd Ali Mohamed et autres Abderemane Mohamed et Ahmed Abdou. Le Président Ali Soilihi le nomma ministre des Affaires Etrangères.

L’ancien Ambassadeur de France aux Comores de 1983 à 1987, Alain Deschamps résume parfaitement le portrait du personnage dans son livre « Les Comores d’Ahmed Abdallah : mercenaires, révolutionnaires et coelacanthe » Edition, Karthala, 2005.  Voici ce qu’il en dit : « Mouzaoir Abadallah, ancien Président de la Chambre des Députés, passait pour le Comorien politicien le plus subtil de tout l’Archipel. Il est vrai qu’il avait trahi Saïd Ibrahim puis Ahmed Abdallah et que, Ministre des Affaires Etrangères d’Ali Soilihi, il avait, aux Nations Unies, défendu si  mollement la cause de ce dernier qu’on avait pu le croire, sans doute à tort, stipendié par les services français ».

Il rentra de mission aux Comores quelques jours après le coup d’Etat du 13 mai 1978 fomenté par Ahmed Abdallah. Tous les dignitaires du régime d’Ali Soilihi furent jetés en prison sauf lui et le Premier Ministre Abdillah Mohamed. Ce dernier fut d’ailleurs membre du Directoire politico-militaire qui succéda au gouvernement d’Ali Soilihi. Mouzaoir Abdallah, quant à lui, attendait patiemment, en vertu du marché conclu, qu’Ahmed Abdallah le nomme Premier Ministre. Malin, malin et demi. Ahmed Abdallah plus rusé nomma plutôt des fidèles à la tête du gouvernement : Salim ben Ali puis Ali Mroudjaé. Floué, Mouzaoir endossa alors le costume d’opposant à Ahmed Abdallah.

A la mort de ce dernier en 1989, il soutint son beau-frère Abbas à l’élection présidentielle. Eliminé dès le  premier tour, Abbas apporta son soutien au candidat Taki mais Mouzaoir se rabattit sur Djohar dont il pressentit la « victoire ». Elu Président, ce dernier le nomma Conseiller Spécial avant de le renvoyer quelques mois plus tard. Entre 1991 et le renversement de Djohar en septembre 1995, Mouzaoir multiplia les allers et retours entre le pouvoir et l’opposition que Moustoifa Saïd Cheikh déclara : « ngayandzo mdru yadjuhe ntrasi eka mdru ngwandzo yadjuwe yiho Mouzaoir yaliyo » (il faut se lever de bon matin pour situer Mouzaoir sur l’échiquier politique).

L’homme reçut la pire des humiliations aux élections présidentielles de 1996. Il fut classé 10ème sur 15 candidats avec un score minable de 3%. Comprenant que la victoire de Taki était inéluctable, il lui apporta ses maigres voix au  détriment de son beau-frère Abbas. Taki le nomma ministre de l’Education Nationale.

L’homme semblait avoir abandonné la politique depuis l’avènement de la tournante. Mais voilà qu’il est de retour avec le Front Patriotique Soilihiste. Aux dernières nouvelles, ce nouveau parti politique l’aurait renvoyé pour trahison. Le Front Patriotique Soilihiste est un fervent défenseur de la tenue des Assises Nationales avant l’élection présidentielle et ne soutient aucun candidat mais son président Mouzaoir a cru bon d’aller apporter son soutien au Colonel Azali (relisez la Tribune intitulée : Cet homme est très dangereux). Les intérêts personnels ont été encore plus forts que le respect de la ligne du parti. Il s’agissait de placer ses gendres dans le premier cercle du Colonel au cas où… Mouzaoir a imposé à la candidature pour la vice-présidence de Ngazidja le mari de sa nièce, un excellent juriste mais qui ne dispose d’aucune envergure politique, et à la direction de campagne le mari de sa fille.

Il est, à raison, l’homme politique le plus détesté de l’Archipel des Comores. Un chanteur de Vanamboini lui dédia une chanson au titre très évocateur : « Kutsu yengwa bure zidjuwe » (on ne déteste pas pour rien, sache le). Je me rappelle de quelques passages de cette chanson culte : « roho yaho ngiyo sumu koyadjwanza yahuwone. Uzisa udjuwe. Ure aadhabu yamgu » (ton cœur est un poison, personne ne veut te voir. Renseigne toi pour savoir. Crains le châtiment d’Allah).

Malgré ses déboires et son impopularité, Mouzaoir rêve toujours de Beit-Salam. Comment est-ce possible pour un homme qui fait 3% et qui est toujours l’homme le plus haï des Comores. Un Chef d’Etat doit rassembler or Mouzaoir n’aime personne en dehors de sa famille. A-t-il un plan secret avec Azali ? En tout cas ces deux là sont faits pour s’entendre.

Hadji Anouar
Montélimar (France)

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