11 novembre 2012
La Belgique suspend sa coopération militaire avec le Rwanda
Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, le 12 septembre 2012 à Bruxelles ©AFP
BRUXELLES (AFP) – (AFP)
La Belgique a
suspendu sa coopération militaire avec le Rwanda
après sa mise en cause par l’ONU pour son soutien
à une rébellion active dans l’est de la
République démocratique du Congo (RDC), a
annoncé dimanche le chef de la diplomatie belge Didier Reynders.
« La Belgique suspend sa coopération militaire avec
Kigali », a annoncé M. Reynders dans un message sur
son compte Twitter.
« On ne va pas former des militaires qui pourraient
contribuer à la déstabilisation » de la
République Démocratique du Congo, a-t-il
expliqué à l’agence Belga.
Le chef de la diplomatie belge a précisé que la
prochaine réunion des ministres des Affaires
étrangères de l’UE le 19 novembre examinerait la
question de sanctions contre Kigali.
L’Union européenne a déjà suspendu fin
septembre ses projets d’aide au gouvernement rwandais.
Le gouvernement belge a multiplié les prises de position
pour signifier sa défiance à l’égard de
Kigali devant la multiplication des informations sur le
soutien du Rwanda au Mouvement du 23 mars (M23).
La Belgique s’est ainsi abstenue lors de l’élection du
Rwanda au Conseil de sécurité de l’ONU pour la
période 2013-2014.
« Nous nous sommes abstenus pour marquer le coup »,
avait expliqué Didier Reynders.
« Voir un pays impliqué dans un dossier de ce point
de vue siéger au Conseil de sécurité
n’était évidement pas notre priorité »,
avait-il précisé.
Le programme de partenariat militaire conclu en 2004 entre la
Belgique et le Rwanda portait principalement sur la
formation de militaires rwandais, la recherche et la santé.
Deux militaires belges ont ainsi été envoyés
en mai dernier à l’hôpital militaire de Kigali
pour une durée de deux mois afin d’y assister les
spécialistes en médecine tropicale, a
précisé l’agence de presse Belga.
La suspension de ce lien avec Kigali fait suite à la
mise en cause du Rwanda pour son soutien au Mouvement du 23
mars (M23), groupe composé d’ex-rebelles de RDC
intégrés en 2009 à l’armée nationale et
qui se sont mutinés depuis mai.
Selon des experts de l’ONU, le M23 est soutenu par le Rwanda
et l’Ouganda voisins, qui démentent ces accusations.
Les dernières formations qui devaient encore être
dispensées en Belgique en 2012 dans le domaine
médical ont été supprimées et aucune
nouvelle activité avec le Rwanda n’a été
planifiée pour l’année 2013, a précisé
Belga, citant le ministre de la Défense Peter De Crem.
La Belgique a également des liens de coopération
militaire avec la RDC et ses instructeurs ont formé
deux bataillons de l’armée congolaise
déployés dans la province du Nord-Kivu (est).
La RDC souhaite qu’un embargo sur les minerais soit
décrété contre le Rwanda.Des groupes
rebelles, des milices locales et des militaires sont
régulièrement accusés d’exploiter les
minerais dont regorgent les provinces des Nord et Sud-Kivu,
et le Maniema (est) — riches en cassitérite et en
coltan (largement utilisés en électronique), ainsi
qu’en gisements d’or.
La région du Kivu, dans l’est de la République
démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), constitue
le principal foyer de conflits du pays et de tensions dans
la région des Grands Lacs africains.
Frontalier de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi et de la
Tanzanie, le Kivu s’est trouvé au coeur des
tragédies de la région : rivalités
communautaires et politiques, conflits fonciers, exodes
massifs des réfugiés rwandais en 1994 – près
d’un million -, présence de milices tribales, de
miliciens rwandais hutu et de rebelles burundais et ougandais.
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